Pour sa première création originale de 2021, Ki-oon nous propose Outsiders, un manga qui se démarque des précédents titres de l’éditeur en faisant le pari du shôjo fantastique. Mais également en étant moins convaincant.
Ema est une lycéenne pleine d’énergie et de ressources. Quand sa grande sœur ne donne plus de nouvelles, elle se lance sur sa piste au beau milieu de la nuit… pour la retrouver évanouie dans les bras d’un vampire en plein combat contre un loup-garou ! Repérée, elle est assommée et emportée par le suceur de sang. Mais son kidnappeur n’est autre que Tamaki, un collaborateur de sa sœur ! Plus étonnant encore, celui qu’il affrontait est à la fois son employé et son protégé, Taiga… Les deux créatures surnaturelles cohabitent dans la clandestinité, alors même que leur nature les destine à se détruire mutuellement. Comment peuvent-elles bien vivre ensemble ? Depuis des siècles, le vampire se sert de son pouvoir d’amnésie pour cacher leur identité et se fondre dans la société humaine. Étrangement, sa technique ne fonctionne pas sur la jeune fille… Elle accepte de garder leur secret, mais est bien décidée à les tenir à l’œil !
Outsiders est édité chez Ki-oon et est vendu au prix de 7,90€.
Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.
Jusqu’à présent, Ki-oon nous avait habitué à des mets de choix avec ses créations originales. Depuis 2018, l’éditeur avait en effet eu le nez (très) fin concernant ces œuvres crées directement avec des auteurs japonais (et donc jamais publiées au Japon) et nous avait gratifié de titres aussi variés que qualitatifs comme Noise, Beyond the Clouds ou encore Lost Children, pour ne citer qu’eux. Une qualité telle que plusieurs de ces créations ont connu des publications à l’international avec notamment une distribution au Japon pour Lost Children dans le magazine Bessatsu Shonen Champion. Une belle consécration pour son auteur pour qui il s’agissait de sa première création. Un chemin qu’on n’imagine, à l’heure actuelle, pas forcément suivre Outsiders, nouvelle œuvre de Akira Kanou, une artiste inconnue chez nous mais dont un autre manga du nom de Zangetsu, kageyoko tawaru atari est en cours de publication chez Kadokawa au japon.
Outsiders s’inscrit dans la droite lignée des récits bit-lit, genre dérivé de la fantasy apparu dans les années 2000 et mettant en scène une héroïne se retrouvant confrontée à des événements surnaturels au sein de sa vie quotidienne. Un genre souvent mélangé à d’autres éléments mais régulièrement associé à la romance depuis le succès des romans Twilight. Une image d’Épinal toutefois pleinement adapté au cas qui nous intéresse aujourd’hui, le manga de Akira Kanou prenant la forme d’un shôjo nous faisant suivre les péripéties d’une jeune femme se retrouvant coincée avec un loup-garou et un vampire, comme souvent, beaucoup plus raffiné.
Vu et revu, ce triptyque reprend les mythes classiques du genre de récits sans pour autant les réinventer. Bien que relativement équilibré sur son versant shôjo en évitant de tomber dans la niaiserie ainsi que dans les romances forcées et sans grande subtilité, l’histoire de Outsiders pêche toutefois fortement sur son aspect fantasy avec notamment une première moitié de tome assez fade et brouillonne en raisons de motivations particulièrement floues de la part des protagonistes. Un constat qui s’améliore cependant au fil des pages et notamment à l’arrivée du premier « arc » narratif en seconde partie de tome qui offre enfin un peu de consistance au récit avec la définition de véritables enjeux. Joliment dessiné avec des personnages aux traits fins, le manga devrait pouvoir satisfaire les amateurs de romance paranormale en manque de biscuit. Mais difficile de l’imaginer conquérir un public plus large, ou un poil exigeant.
