Quand Voice of Cards: The Isle Dragon Roars est sorti de nul part à l’automne 2021, le jeu de Square-Enix fût accueilli assez chaleureusement en raison de son concept original et de sa délicieuse direction artistique. Moins d’un an plus tard, voilà déjà qu’un troisième opus vient de faire son apparition alors qu’on n’aurait même pas imaginé voir une suite sortir en si peu de temps. Au risque de frôler l’indigestion ?

Ce test de Voice of Cards: The Beasts of Burden a été réalisé sur une version Switch fournie par l’éditeur.

Véritable coup de cœur de l’année 2021, Voice of Cards: The Isle Dragon Roars faisait partie de ces jeux qui apportent une bouffée d’air frais salutaire dans une industrie qui a parfois tendance à nous refourguer les même jeux sans oser prendre de risque. Porté par les grands noms derrière la série NieR avec Yosoku Saito à la production, Keiichi Okabe à la musique, Kimihiko Fujisaka aux illustrations, et Yoko Taro à la direction artistique ainsi qu’au scénario, ce jeu sorti de nul part avait charmé grâce à sa délicieuse direction artistique, son ambiance mélancolique sublimée par une superbe bande-son, et (surtout ?) par son concept original où l’intégralité de la narration et du gameplay est basée sur les cartes. Une expérience unique qui avait fait mouche au point de faire oublier que dans ses mécaniques de J-RPG, le titre de Square-Enix restait a contrario bien conservateur.

En somme, charme de la nouveauté aidant, Voice of Cards: The Isle Dragon Roars était le cocktail parfait pour un titre one-shot, une expérience unique ne nécessitant pas forcément de lendemain. Un peu comme ces amours d’un été auxquels on repense dix ans plus tard avec une touchante nostalgie car on n’a eu le temps d’en connaitre que le meilleur. Sauf qu’avec Voice of Cards: The Beasts of Burden, nous sommes désormais face au troisième opus en moins d’un an.

Une direction artistique envoutante, mais qui sent le réchauffé

Pourquoi s’embarquer dans de longs discours quand il est possible de dire les choses simplement. Dans l’absolu, presque rien ne distingue Voice of Cards: The Beasts of Burden de ses prédécesseurs. Dans le fond ou dans la forme, pour le meilleur ou le moins bon. Sans aller jusqu’à remettre en cause le concept d’être basé sur des cartes, on aurait en effet pu imaginer qu’il tente le pari d’adopter une autre orientation pour sa direction artistique ou a minima de modifier son interface. Comme, en fait, les autres séries de J-RPG qui opèrent des modifications esthétiques plus ou moins majeures au fil des opus sans pour autant trahir une orientation globale.

Dans le cas présent, nous avons face aux yeux strictement le même gameplay, le même style artistique, la même interface, les mêmes assets. A l’identique. Alors oui c’est toujours aussi envoutant, mais hormis les personnages principaux, strictement rien ne distingue cet opus des deux qui l’ont précédé. Si l’on les faisait tous tourner en même temps, le joueur non-averti ne pourrait décemment pas deviner que l’on a affaire à trois jeux différents tant tout se ressemble quasiment au détail près. Si quatrième épisode il y a, on espère que Square-Enix osera, tout en gardant le même concept, s’aventurer vers une autre orientation artistique, sous peine de définitivement lasser même les plus accrocs.

Un gameplay quasiment inchangé

Constat identique concernant le fond. Système de combat, équipement, montée en niveau ou gestion des gemmes, on retrouve fondamentalement les mêmes éléments sur lesquels se basaient le gameplay des précédents jeux. Même la progression n’a pas évolué d’un pouce, la même formule « recherche d’un village – découverte d’un ennemi à terrasser – recherche du donjon – donjon à explorer – boss au bout du donjon » étant une nouvelle fois présente à chaque chapitre. Soit sept fois la même boucle de gameplay à réaliser avant de voir l’épilogue après une petite dizaine d’heures. Même la lourdeur de l’interface est restée en l’état, les changements d’onglets ou de pages étant une nouvelle fois loin d’être immédiats après sélection.

Seule nouveauté notable, le système de monstres à récupérer en fin de combat (ou à acheter) et que l’on peut utiliser par la suite dans son deck de cartes. Mais dans la pratique, rien ne distingue ces simili-invocations aux « simples » attaques spéciales que l’on a connu jusqu’à présent. Alors, oui, dans la pratique, le système de jeu de Voice of Cards: The Beasts of Burden reste grandement plaisant à jouer. Mais n’espérez pas voir votre expérience transcendé avec cette nouvelle itération.

Voice of Cards The Beasts of Burden
Voice of Cards: The Beasts of Burden
Note des lecteurs0 Note0
Les plus
La direction artistique toujours aussi envoûtante
La bande-son, encore et toujours
Les moins
Trois opus en un an, le risque d'overdose est là
Ca manque de nouveauté
7
Bon
En deux mots
Après deux épisodes globalement similaires, la série Voice of Cards ne se retrouve pas métamorphosé avec The Beasts of Burden. Que ce soit dans le fond ou dans la forme, le jeu reprend en l'état les bases, certes très réussies, de ses aînés pour seulement ajouter un concept de capture de monstres ne changeant finalement pas grand-chose à l'expérience. Sans changement notable, le constat reste donc le même. Comme ses prédécesseurs, Voice of Cards: The Beasts of Burden est un titre au charme fou et dont l'ambiance fait oublier les limites de son gameplay. Pour qui découvrirait la série avec cet opus, le charme de la découverte sera incontestablement là. Mais la lassitude risque de toucher ceux qui se seront infusés tous les opus en moins d'un an.