Mélange étonnant entre football et Battle Royal, Blue Lock est une des sorties majeures de ce mois de juin qui voit par ailleurs débuter l’Euro 2020 de football. Un titre au concept à la fois original et réussi qui prend un malin plaisir à balayer les habituels codes du genre.
Coupe du monde 2018, l’équipe de football du Japon est éliminéeen huitièmes de fifinale… Ce nouvel échec incite l’Union japonaise defootball à fonder le “Blue Lock” : un centre de formation révolutionnaire rassemblant les 300 meilleurs attttaquants lycéens du pays. L’objectif du coach du Blue Lock, Jinpachi Ego, est clair : détecter l’unique attttaquant qui écrasera tous ses rivaux par son talent et son hyper-individualisme ! Pour Yoichi Isagi, joueur bouillonnant encore inconnu, il n’y a pas d’alternative… S’il veut survivre au programme hautement sélectif qui l’attend, il devra abandonner le jeu collectif et se transcender pour devenir l’attaquant ultime !
Blue Lock est édité chez Pika Edition et est vendu au prix de 7,20€.
Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.
Quand on pense manga sur le football, et plus généralement sur les sports collectifs, les choses sont généralement plutôt claires. Si il existe bien évidemment – et heureusement – des différences entre les œuvres, les structures restent fondamentalement les même. A savoir un héros surdoué, une équipe au collectif soudé, et une dimension nekketsu forte où tout ce beau monde apprend de ses défaites pour se surpasser et avancer vers les sommets. Difficile pour autant de jeter la pierre aux auteurs, les sports d’équipes étant parfaitement calibrés pour engendrer de récits promouvant les valeurs de dépassement de soi et de collectif. Avec l’arrivée de l’Euro 2021 de football, beaucoup pourraient être tentés de se procurer Blue Lock à la seule vue de sa couverture dans l’espoir de tomber sur une nouvelle histoire dans le droite lignée de ce pouvait proposer un manga comme Captain Tsubasa. Se serait pourtant sauter à pieds joints dans un récit prenant totalement à contrepied les conventions du genre.
Blue Lock n’est en effet pas un manga de football traditionnel. En mélangeant sport et battle royal, le titre met totalement de côté les valeurs traditionnellement véhiculées par le football au profit d’autres beaucoup plus individualistes. Réunis en un lieu, 300 attaquants vont devoir prouver qu’ils sont le meilleur du pays en suivant un programme de formation intensif où il est fortement recommandé d’écraser les autres candidats sans aucune forme de considération. Coups bas, manipulation, trahison, tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins sachant que les 299 recalés pourront dire adieu à leurs espoirs de carrière professionnelle. Contexte sportif oblige, il n’est évidemment pas question de mort physique mais de annihilation de tout espoir de faire carrière dans le football. Mais tous les codes du battle royale sont là, sauf que les armes ont été remplacées par des ballons.
Passé ce contexte original et pour le coup bien trouvé, le scénario de Blue Lock n’est pas non plus d’une originalité folle. Un travers dû notamment à des matchs au déroulé convenu et à des personnages pour le moment assez fades et génériques. La présence d’un grand nombre de protagonistes n’aide évidemment pas à développer correctement la personnalité de chacun, mais ceux sur lesquels se focalisent pour l’instant le récit sont encore trop caricaturaux pour vraiment s’y attacher. Pour autant, la sauce arrive à prendre sans soucis. L’ambiance survivaliste est omniprésente, l’univers démesuré et loufoque, et la patte graphique du mangaka donne au récit un cachet évident en sublimant son côté grandiloquant. Il ne reste plus qu’à voir comment les prochains tomes vont améliorer cette recette aux bases très prometteuses.