Lors de son annonce lors du Nintendo Direct de septembre dernier, Voice of Cards: The Isle Dragon Roars avait piqué la curiosité avec son concept original (un J-RPG prenant la forme d’un jeu de cartes) et la présence de Yoko Taro, le créateur de la série NieR, aux manettes. Mais derrière la proposition aguichante, se trouve-t-il un jeu véritablement intéressant ?

Ce test de Voice of Cards: The Isle Dragon Roars a été réalisé sur une version Switch fournie par l’éditeur.

Visage désormais incontournable du jeu vidéo depuis le succès planétaire de NieR Automata en 2017, Yoko Taro était revenu sur le devant de la scène en début d’année avec la sortie du remake de Nier Replicant. L’occasion pour beaucoup de découvrir l’épisode fondateur de la licence même si celle-ci est à l’origine un dérivé de la série Drakengard. Mais alors qu’on pensait le créateur enfermé pour un moment dans l’univers de NieR, le Nintendo Direct de septembre dernier est venu rebattre les cartes avec l’annonce de Voice of Cards: The Isle Dragon Roars. Entouré de Yosoku Saito à la production, de Keiichi Okabe à la musique, et de Kimihiko Fujisaka aux illustrations, Yoko Taro a en effet réunis les cerveaux derrière NieR pour ce tout nouveau J-RPG aussi original que bien plus confidentiel où l’intégralité de la narration et du gameplay se fait à base de cartes.

Un jeu à base de cartes, mais pas un jeu de cartes

Quand on parle de cartes, le premier réflexe serait, à raison, de penser que l’on se trouverait face à un jeu avec un dock à créer et des cartes à acquérir, à échanger, et que tout le sel du gameplay serait basé sur la bonne utilisation de ces dernières. Un peu à la manière de Culdcept Revolt, le petit bijou d’Omiya Software sorti sur 3DS en 2017. Que nenni ! Dans Voice of Cards: The Isle Dragon Roars, les cartes ne sont en fait là uniquement pour représenter des mécaniques totalement classiques issues du J-RPG au tour par tour. Vos personnages ? Des cartes. La carte ? Des cartes. Les décors ? Des cartes. L’équipement ? Dans le mille : des cartes. Dans le fond, rien ne distingue le jeu d’un autre titre du genre. Seule sa représentation visuelle diffère avec des cartes remplaçant les pixels 2D ou les polygones en 3D. Attention donc si vous pensiez vous plonger dans un véritable jeu de cartes, car au final le jeu est bien plus proche d’un vieux Final Fantasy ou Dragon Quest qu’autre chose.

Mis de côté l’originalité de sa représentation graphique, Voice of Cards: The Isle Dragon Roars s’avère ainsi être un J-RPG des plus classiques. Que ce soit dans sa progression, son système de combat ou bien d’équipement, le jeu propose une expérience que l’on trouverait presque aride dans le cas d’un titre « normal » et seul un système de force/faiblesse très classique et de gemmes apporte un poil de subtilité aux affrontements. Concrètement, vous aurez à composer une équipe de trois combattants chacun disposant de quatre compétences (attaque, soin, amélioration de stats, etc), chacune nécessitant des gemmes pour être lancées. Chaque combat faisant débuter avec deux gemmes, et le nombre de ceux-ci augmentant d’un par tour, l’idée est donc de gérer astucieusement ce stock afin d’enchainer les petites attaques où d’accumuler des ressources pour sortir un coup destructeur. Intéressant, mais tout de même bien léger surtout que les combats manquent de difficulté hormis dans la toute dernière ligne droite.

Pas vraiment excitant, les combats sont également assez lourds, chaque animation de carte mettant un temps non négligeable pour se dérouler et celles-ci étant impossible à accélérer. Un travers que l’on retrouve de manière dans l’interface générale, les changements d’onglets ou de pages étant loin d’être d’une folle réactivité, tout du moins sur Switch.

Quand l’ambiance fait tout

Pourtant, malgré les faiblesses du gameplay évoquées ci-dessus, il y a dans Voice of Cards: The Isle Dragon Roars quelque chose d’envoutant et la superbe direction artistique ainsi que les compositions de Keiichi Okabe y contribuent énormément. Pour peu que l’on ne soit pas allergique aux cartes, l’esthétique du jeu fonctionne à merveille et nous fait replonger quelques décennies en arrière quand la simplicité des graphismes imposait aux joueurs d’imaginer ce que ces quelques pixels se déplaçant à l’écran donneraient « en vrai ».

De manière plus générale, c’est l’ambiance au sens large qui est la grande force de Voice of Cards: The Isle Dragon Roars. Bien que dépourvu de cutscenes animées et de dialogues doublées, la narration captive grâce à la présence d’un narrateur faisant office de Maître du jeu qui fait avancer à lui seul l’intrigue en commentant chacun des faits et gestes du joueur. Un narrateur maniant parfaitement l’humour pince-sans-rire et l’ironie qui accompagne superbement une histoire certes pas bien originale mais qui aime se jouer régulièrement du joueur.

Si pour vous J-RPG rime avec gameplay à concept, il serait probablement prudent de lancer une démo du jeu avant d’en faire l’acquisition. Mais pour qui cherchent avant tout une histoire à vivre et une ambiance dans laquelle plonger, Voice of Cards: The Isle Dragon Roars mérite clairement votre attention, surtout qu’il est traduit intégralement en français.