Méconnue en occident, la licence Culdcept fêtera le mois prochain les 20 ans de son premier épisode sorti sur Sega Saturn. Un an après sa commercialisation au Japon, Culdcept Revolt va enfin débarquer dans nos 3DS occidentales grâce à NIS America. On vous livre notre avis.
Les passionnés de jeux vidéo japonais peuvent vraiment allumer un cierge chaque matin à la gloire de NIS America. Grâce à la branche américaine de Nippon Ichi Software, nombre sont les jeux de niches à traverser le globe pour arriver dans nos consoles trop longtemps délaissées par les productions japonaises « un poil » originales. Dernier opus en date d’une série aussi ancienne que méconnue, Culdcept Revolt est le premier de la franchise à débarquer en Europe.
Dans ce jeu de stratégie à base de carte, vous incarnez un Cepter, une personne capable de maîtriser le pouvoir des cartes et de combattre avec. Amnésique, notre jeune héros va rejoindre un groupe de rebelles ayant pour objectif de renverser le maléfique comte Kraniss, le tout évidemment à coup de batailles de cartes. On ne s’étendra pas plus sur le background, véritablement secondaire et simple prétexte pour nous inciter à croiser le fer, afin de nous concentrer sur le plus important : le système de jeu.
SORTEZ LE DOLLIPRANE
S’adressant théoriquement à un public aussi bien expert que novice, Culdcept Revolt n’en reste pas moins franchement aride pour qui lance le jeu pour la première fois. La dose d’information à ingérer et l’abondance d’indications à l’écran pourront rapidement faire fuir ceux n’ayant pas un moral d’acier. Le jeu reste cependant relativement lisible, même si la navigation entre les menus n’est pas forcément des plus intuitives. Un tutoriel d’une poignée de combats est également prévu en début d’aventure pour permettre aux nouveaux venus d’intégrer les bases du gameplay, mais il faudra de nombreuses parties afin d’en maîtriser toutes les subtilités.
Dans Culdcept Revolt, l’alpha et l’omega sont les points de magie (G). A la fois outil et objectif à atteindre, ces derniers sont à gérer avec précaution sous peine de voir sa partie totalement réduite à néant à l’occasion d’un choix mal négocié. Toutes les actions coûtent des points de magie et il faudra en faire bon usage de ceux « offerts » en début de partie pour être le premier à atteindre un nombre de G prédéterminé et ainsi remporter la manche.
Le déroulé d’une partie est relativement simple. Vous commencez avec un stock de cartes et en tirez une nouvelle à chaque nouveau tour. Si vous avez des cartes magies en main, vous avez la possibilité d’en utiliser une avant de lancer les dés, permettant par exemple d’augmenter les caractéristiques de vos cases ou de pénaliser l’adversaire. Si vous tombez sur une case libre une fois les dés lancés, vous pouvez vous l’approprier en y déposant un monstre, et toute personne faisant halte dessus devra vous affronter en combat sous peine de payer un droit de péage.
Une fois la bataille lancée, les combats suivent un schéma relativement simple. Chaque monstre possède ses HP (points de vie) et ST (points d’attaque), et le joueur à l’initiative du combat attaque en premier. Pour déterminer le vainqueur, le jeu fait appel à un calcul mathématique hautement complexe (Si HP-ST>0 la défenseur gagne) pour déterminer le vainqueur. Il est évidemment possible d’utiliser des items avant le début du combat afin d’augmenter les caractéristiques de ses cartes. Et histoire de rajouter une dose de complexité, chacune sera accompagné de compétences parfois positives parfois négatives (par exemple une invincibilité ou faiblesse contre une carte de telle couleur). A vous de voir si vous préférez vous lancer dans un combat et tenter de récupérer la case , ou bien de payer le péage et en profiter pour modifier les caractéristiques de vos cases déjà possédées. Il sera possible soit d’en augmenter le niveau, permettant d’augmenter les droits de péage, ou de modifier la couleur des cases donnant ainsi des ST/HP bonus à vos monstres et permettant de créer des chaînes. Chaque case du plateau est en effet associée à une couleur et plus vous aurez de monstres déposées sur les même couleurs et plus la chaîne s’agrandira. Un point à ne pas absolument négliger, surtout quand on sait qu’une case pourra rapporter jusqu’à ¼ du nombre de G réclamés si elle est bien optimisée.
A l’issue du combat, les monstres survivants voient leurs G se restaurer progressivement à chaque fois que le joueur passe par l’un des check-points disséminés sur la carte. Si le combat est remporté par l’assaillant, la case sera à lui et gardera le bénéfice des améliorations déjà faites. Si le défenseur gagne, rien ne change et mais celui-ci reçoit son droit de péage . Les check-points sont également une précieuse source de G, la quantité reçue augmentant en fonction du nombre de cases possédées et de chaînes de couleurs effectuées.
IMPARFAIT MAIS ADDICTIF
Une fois votre combat terminé, vous serez gratifié d’une récompense permettant d’acheter de nouveaux decks de cartes en magasin. Avec 50 cartes disponibles au maximum dans votre livre, il vous faudra trouver le bon équilibre entre monstres, items et magies pour ne pas vous retrouver dans des situations inextricables assez rapidement. A noter qu’il est également possible de créer différents livres de cartes, permettant ainsi d’adapter votre stratégie en fonction des combats.
Cette gestion des cartes est primordial tant le jeu peut se révéler cruellement punitif. Avec des combats pouvant facilement frôler l’heure de jeu, chaque erreur pourra vous être fatale et un mauvais deck de cartes pourra signer votre arrêt de mort dès les premiers tours. Les problèmes de lisibilité et la gestion des menus pourront également être sources d’erreurs pour les moins attentifs, et voir sa partie foutue en l’air sur une bête erreur après 30 minutes de combat intense risquera de faire voler votre 3DS à travers la fenêtre. Un des autres travers du jeu tiens au rythme. Si il est normal de visualiser les tours des adversaires afin de comprendre leurs actions, le temps entre deux tours pourra sembler cruellement long quand on affronte plus d’un adversaire. Un petit effort sur la vitesse d’action de l’IA aurait été le bienvenu. Concernant la localisation celle-ci est sans surprise en langue anglaise. Si l’on comprend que la traduction en français d’un jeu de niche comme Culdcept Revolt soit difficile à envisager d’un point de vue financier, l’anglais risque de poser quelques problèmes à certains pour la compréhension des règles ou des caractéristiques des cartes. Certes rien de véritablement insurmontable mais les plus anglophobes des joueurs risquent d’avoir des sueurs froides lors des premières parties.
Ce serait toutefois dommage tant le jeu se révèle addictif une fois le système de jeu intégré. Passé les premières parties pouvant devenir assez rageantes à cause d’un livre de cartes mal équilibré ou de méconnaissance des règles, on se retrouve devant un jeu terriblement captivant et à l’emballage plutôt soigné. Le chara-design de Kinu Nishimura (Street Fighter) est efficace, bien que classique, et les musiques sont globalement réussies et mettent bien dans l’ambiance. Au-delà du mode histoire, il est possible de lancer des matchs libres et d’affronter des adversaires bien humain en local ou via internet. Un bon moyen de prolonger l’expérience quand bien la même la durée de vie de base est plus qu’honorable.