Après plus d’une décennie de Ryû ga Gotoku (Yakuza en Occident), le Yakuza Studio revient avec un nouveau jeu d’aventure du nom de Judges Eyes. Sortant demain au Japon, celui qu’il conviendra désormais d’appeler Judgment dans nos contrées s’est révélé assez largement au public japonais avec la mise en ligne de deux démos sur le PlayStation Store dont une il y a de cela quelques jours. Voici nos impressions après avoir bouclé le premier chapitre du jeu.

Après nous avoir pondu six Yakuza et quelques spin-off en 13 ans, il était temps pour le Yakuza Studio de se renouveler avec une nouvelle licence. L’équipe à Toshiro Nagoshi avait certes tenté en 2013 de s’aventurer vers de nouveaux horizons avec Binary Domain, mais son accueil critique et commercial décevant n’avait pas permis au studio de poursuivre plus loin l’aventure avec cette licence. Cinq ans plus tard et après avoir enfin bouclé les aventures de Kiryû Kazuma avec un superbe Yakuza 6, celui qui fût également Directeur sur Super Monkey Ball en 2001 revient avec Judge Eyes, ou plutôt Judgment comme il conviendra désormais de l’appeler en Occident, un jeu d’aventure vous mettant dans la peau de Takayuki Yagami, un détective privé cherchant à résoudre une affaire de meurtres en série qui frappe Kamurochô.

Oui, vous avez bien lu, Kamurochô, l’éternel ersatz du quartier de Kabukichô dans lequel se déroule depuis 2005 la majorité des Yakuza. Les deux licences partagent en effet le même univers et on se retrouve donc à déambuler une nouvelle fois dans les même rues, à faire les courses dans les même supérettes, à parler à des visages plus ou moins connus. Le risque était donc grand d’avoir la sensation d’avoir à faire à un simple spin-off d’un Yakuza avec seulement quelques gimmicks de gameplay supplémentaires et un nouveau personnage principal incarné par Takuya Kimura, figure emblématique de la J-pop. Après un peu plus de cinq heures au compteur sur Judgment, le constat est cependant très positif même si on est incontestablement plus en face d’une (belle) évolution que d’une révolution de la formule.

Bien que reprenant le squelette des Yakuza, Judgment bénéficie en effet d’une multitude d’ajouts lui permettant de se démarquer de son aîné avec notamment un accent tout particulier sur l’aspect enquête et une dose de subtilité en plus. Le joueur incarnant cette fois un avocat reconverti en détective privé après avoir acquitté un tueur en série qu’il croyait innocent, plus question cette fois d’y aller à la bourrin sous prétexte d’être un mafieux pour qui le respect de l’ordre public n’est pas la première des priorités. Pour atteindre sa cible, Takayuki Yagami va devoir ainsi l’épier, que ce soit en le filant en cachette ou par l’usage d’un drone, avant de s’infiltrer discrètement par une porte dérobée ou en se déguisant. Une fois à l’intérieur du bâtiment, pas question de traverser les étages en courant à fond les ballons en se souciant uniquement du nombre de mâchoires qu’il y aura à décoller. La progression est ainsi régulièrement entravée par des portes impossible à passer et le salut viendra d’une clé trouvée au fond d’un bureau ou d’une petite manipulation permettant de crocheter la serrure. Concrètement, tout cela rend le jeu plus posé qu’un Yakuza mais s’intègre parfaitement bien dans le déroulement du jeu en nous mettant véritablement dans la peau d’un détective en pleine enquête.

Développé sur le Dragon Engine, le moteur maison de Sega ayant flatté de nombreuses rétines avec Yakuza 6 et Yakuza Kiwami 2, Judgment en met également plein les yeux avec un sens de la mise en scène dont Toshiro Nagoshi a l’habitude de nous proposer. Toujours fortement influencé par le cinéma, le réalisateur a une nouvelle fois appelé à de grands noms avec notamment un Pierre Taki visiblement au cœur de l’intrigue principale du jeu. Concernant le personnage principal, passer après Takaya Kuroda n’était pas une mince affaire compte tenu du charisme impressionnant qui ressort de son timbre vocal. Takuya Kimura se révèle toutefois plutôt convaincant dans son costume de détective privé et arrive à rendre le personnage attachant assez rapidement.

judges eyes judgment infiltration

Fin limier, l’ancienne gloire des SMAP a plus d’une corde à son arc en étant également un combattant hors pair. Sans révolutionner les affrontements auxquels nous sommes habitués dans les Yakuza, Judgment améliore la formule en offrant au joueur des combats plus dynamiques et plus fluides, avec en prime la possibilité de changer à la volée entre deux styles de combat. Une formule héritée de Yakuza 0 et de Yakuza Kiwami 2 et permettant de s’adapter à des affrontements en groupe ou en duel. Les deux style ne nous a cependant pas semblé apporter des différences flagrantes en terme de gameplay et il faudra attendre de se lancer dans le jeu complet afin d’en percevoir toutes les subtilités après quelques coups de level-up. Mais quoi qu’il en soit, Judgment semble bien parti pour être un titre qu’il ne faudra absolument pas rater à l’occasion de sa sortie en Occident durant l’été 2019.