Annoncé au cours du Nintendo Direct du 9 février 2022, Front Mission 1st: Remake est enfin disponible après un développement aussi chaotique qu’entouré de mystères, entre reports et absence totale de communication pendant de bien trop longs mois. Edité par Forever Entertainment, une société qui s’est spécialisé depuis quelques temps dans la résurrection d’illustres licences d’antan, ce remake permettra-t-il à la série de de faire son retour à la grande porte après presque 20 ans d’absence ?

Ce test de Front Mission 1st: Remake a été réalisé sur une version fournie par l’éditeur.

Globalement inconnu au bataillon depuis sa création en 2010, Forever Entertainment s’est fait connaitre ces dernières années en tentant de remettre au goût du jour d’anciennes licences oubliées par Sega. Tout d’abord avec Panzer Dragoon Remake, puis The House of the Dead: Remake, pour un résultat résultat à chaque fois mitigé malgré de bonnes intentions évidentes. Un travail qui a malgré tout visiblement plu à Square-Enix qui a décidé de confier à l’éditeur polonais (et à MegaPixel Studio) le développement des remakes des trois premiers Front Mission. L’occasion pour la série de réaliser un come-back inespéré, celle-ci n’ayant connu aucun opus canonique depuis Front Mission 5: Scars of the War (2005, PS2) et dont le dernier spin-off en date, Left Alive (2019) a connu un accueil glacial aussi bien critique que commercial.

Un classique du T-RPG qui sort enfin des frontières nippones

Sorti en 1995 sur Super Famicom et développé à l’époque par Squaresoft, Front Mission nous plonge en 2090 dans un conflit opposant deux grandes puissances militaires. Regroupant chacun plusieurs pays, ces deux blocs se disputent notamment une frontière située sur l’île d’Huffman, théâtre des évènements du jeu. Incarnant Lloyd Royd, un militaire de l’OCU, le joueur se retrouve plongé malgré ce contexte brûlant dans une mission d’espionnage en territoire hostile. Mais cette dernière va tourner au drame quand le groupe tombe dans une embuscade et se fait attaque de toutes parts.

Pris en 2022, le scénario de Front Mission n’a à première vue rien d’incroyable. Mais en 1995, Squaresoft était surtout connu, et réputé, pour ses RPG aux univers féériques, médiéval-fantastique, avec des histoires certes dramatiques mais également rempli d’une certaine naïveté. Voir ainsi l’éditeur lancer une nouvelle série prenant place dans un univers futuriste et thématiques bien plus sensibles changeait grandement la donne. Preuve de l’ambition placée dans le titre, le chara-design avait été confié à Yoshitaka Amano, à l’époque en charge des personnages des Final Fantasy, tandis que la bande-son fut confiée à Noriko Matsueda et Yoko Shimomura (Street Fighter II, Live A Live). Pour autant, il aura fallu attendre Front Mission 3 pour voir la série sortir enfin de ses terres natales nippones. Jusqu’alors inédit chez nous, Front Mission premier du nom s’offre enfin au public occidental avec ce remake, qui plus est intégralement traduit en français.

Un remake intéressant mais qui manque de moyens

A l’image des autres titres remis au goût du jour par Forever Entertainment, Front Mission 1st: Remake est une copie carbone de l’original, excepté évidemment l’enrobage visuel. Que ce soit les menus ou le champ de bataille, tout est représenté à l’identique, mais modélisé en 3D. Il est même possible de jouer « comme avant », avec un caméra reprenant la vue isométrique de l’époque. Malgré un manque de moyens évident, le résultat s’avère finalement plutôt réussi esthétiquement et on évite le côté franchement cheap que pouvait dégager The House of the Dead: Remake. Du côté des musiques, si on saluera l’effort de les réorchestrer pour l’occasion, elles peinent à s’élever au niveau des compositions d’origine qu’on aura vite fait de remettre via un passage dans le menu Options.

Elément central du gameplay, les wanzers sont des sortes d’énormes robots avec lesquels le joueur combat sur le champ de bataille. Chaque wanzer est divisé en quatre parties (corps, bras droit et gauche, jambes), chacune remplissant un rôle précis et bénéficiant de leur barre de vie propre. Si le corps perd tous ses HP, l’unité est mise au repos forcé. Si cela touche un autre membre, il ne sera plus possible, suivant les cas, de se déplacer ou de perdre l’usage d’une des armes en notre possession. A noter qu’il est impossible de viser particulièrement telle ou telle partie du robot, laissant planer une pression constante quand bien même l’ennemi serait sur le point de voir son corps lâcher.

Mais pas question de partir au combat la fleur au fusil. D’une importance cruciale sous peine de voir rapidement l’écran Game Over pointer son nez, l’équipement des wanzers nécessite un temps de préparation quasiment aussi important que les combats eux-mêmes tant le moindre détail peut avoir son importance. Entre les armes et les parties du corps à personnaliser pour toute l’escouade, la personnalisation des robots peut devenir un gouffre à temps afin de trouver le bon équilibre et avoir un bataillon opérationnel dans n’importe quelle configuration de combat. Sachant qu’une limite de poids impose de ne pas empiler bêtement les armes les plus puissantes et de les choisir avec parcimonie, en fonction de sa stratégie et des caractéristiques propres des pilotes.

Malgré tout, tous les travers du jeu d’origine n’ont pas été résolus. Les combats souffrent encore d’un équilibrage bancal et sont globalement assez punitifs, avec des pics de difficulté à la clé et ce dès les premières missions. Heureusement, il est possible de moduler la difficulté afin de passer outre ces passages. Les menus sont également toujours anti-ergonomiques au possible, point particulièrement décevant quand on sait le temps passé dans ces derniers à paramétrer nos wanzers. Sachant qu’en plus le jeu reste « à l’ancienne » et ne prend jamais la main pour expliquer au joueur comment ces derniers fonctionnent, la customisation des machines ressemble à un véritable casse-tête lors des premières heures. Enfin, la maniabilité s’avère régulièrement frustrante, avec un curseur qui ne va pas toujours où on attend qu’il aille quand bien même on alterne les angles de caméra. Tout autant de points que l’on espère voir corrigé dans Front Mission 2: Remake, prévu l’année prochaine.