Sega a beau avoir tiré un trait sur certaines de ses gloires passées, cela ne l’empêche pas de prêter ses licences à l’occasion, généralement à des studios occidentaux, afin que ces derniers puissent proposer soit des suites, soit des remakes de vieux opus. C’est ainsi qu’il fût possible pour Yu Suzuki de développer Shenmue III ou qu’un remake de Wonder Boy III: The Dragon’s Trap a pu voir le jour en 2017 grâce à Lizardcube et DotEmu. En ce début d’automne, c’est à un jeu de tir emblématique de la Saturn de bénéficier d’une remise au goût du jour hors du giron de Sega. Développé par MegaPixel Studio et édité par Forever Entertainment S.A., Panzer Dragon Remake fait-il faire honneur à son illustre ancêtre ?

Ce test de Panzer Dragoon Remake a été réalisé sur une version fournie par l’éditeur.

Remake du célèbre jeu de shoot sur rails paru sur Sega Saturn en 1995, Panzer Dragoon Remake avait surpris tout le monde lors de annonce tant la série semblait morte et enterrée depuis Panzer Dragoon Orta, sorti en 2002 sur Xbox première du nom. Sorti dans un premier temps sur Switch en mars dernier et jusqu’à présent exclusif à la transportable de Nintendo, ce jeu développé par MegaPixel Studio a fait récemment son apparition sur PC pour ce qui devrait être la « superior version », cette mouture bénéficiant de tous les patchs sortis jusqu’à ce jour ainsi que de plus de puissance pour afficher de meilleurs graphismes. L’occasion pour nous de se plonger dans un jeu extrêmement respectueux de son modèle, voir même légèrement trop.

Simple remaster, comme Shenmue I&II, qui se contente d’adapter les jeux d’antan aux écrans d’aujourd’hui, remakes comme Yakuza Kiwami ou Shadow of the Colossus qui bénéficient d’un tout nouveau moteur, ou véritable réécriture à la Final Fantasy VII Remake, le champs des possibles est large quand il est question de remettre au goût du jour une vieille gloire passée. Dans le cas de Panzer Dragoon Remake, on se situe clairement dans la seconde catégorie. Adieux donc la vieille 3D pixelisée (mais sublime à l’époque) de la Saturn. Bien qu’étant loin, très loin, très très loin des standards de 2020, les graphismes de Panzer Dragoon Remake ont été intégralement refait pour un résultat très réussi esthétiquement parlant. MegaPixel Studio ne s’est en effet pas contenté de rendre le Panzer Dragoon d’origine simplement plus beau mais a carrément magnifié la direction artistique de celui-ci. Le premier niveau est à ce point de vue une belle vitrine du travail réalisé par le studio, celui-ci bénéficiant de décors bien plus riches et donnant l’impression d’avoir enfin devant les yeux ce qu’aurait dû être le titre à sa sortie en 1995.

Du côté de la musique, les excellentes compositions d’origine signées Yoshitaka Azuma sont toujours de la partie mais MegaPixel Studio a fait appel à Saori Kobayashi, une compositrice ayant travaillé sur Panzer Dragoon Saga et Panzer Dragoon Orta, pour offrir une toute nouvelle bande-originale au jeu. Entre tradition et modernité, l’enrobage de Panzer Dragoon Remake a tout pour titiller la corde sensible des vieux fans. Si tout n’est certes pas parfait, comme on va le voir par la suite, il est en tout cas impossible de nier le grand respect qu’ont eu les développeurs pour le matériau d’origine.

Quand la frontière entre fidélité et flemmardise se fait floue

Respectueux, Panzer Dragoon Remake l’est cependant à l’extrême au point de que la frontière entre fidélité et flemmardise paraisse par moment bien floue. Tout est en effet identique au jeu sorti sur Saturn, que ce soit au niveau de la présence d’un unique mode de jeu, des niveaux, et même des cinématiques qui ont été certes retravaillées visuellement mais reprennent au centimètre près les angles de caméras de l’époque. La gameplay n’a également pas évolué d’un iota et on se retrouve à seulement pouvoir bouger notre dragon pour éviter les projectiles tandis que sa progression se fait automatiquement sur des rails avec la possibilité de regarder tout autour de soi. Petite nouveauté toutefois, il est désormais possible de contrôler indépendamment les mouvements et la visée de tirs, chose autrefois impossible. Mais on sent que le jeu n’a pas été pensé pour être joué de cette manière et ce qui semblait être à première vue plus de confort pour le joueur n’est au final qu’un ajout anecdotique.

Si les nostalgiques seront immédiatement en terrain connu et retrouveront les sensations d’antan, rien n’a donc été fait pour améliorer une durée de vie déjà bien courte dans les années 90. Pas de nouveaux niveaux, ceux-ci restant donc au nombre de sept, ni de nouveaux modes de jeu, comme par exemple un Time Attack pour les boss, tout est resté dans le jus de l’époque, à l’identique. Il ne faut donc pas plus d’une bonne heure pour boucler les sept niveaux sans autre replay value que l’amélioration de ses scores vu qu’il n’existe pas par exemple de système d’embranchements.