Sorti à une époque où les fans de Shenmue réclamaient déjà une suite à leur jeu fétiche, Sega avait surpris son monde avec Yakuza (Ryu ga gotoku au Japon), un jeu qualifié alors plus ou moins judicieusement de GTA japonais. Plus de 10 ans après sa sortie, Sega a décidé de remettre son jeu au goût du jour en lui faisant subir le fameux lifting HD tant à la mode actuellement. Mais la formule marche-t-elle toujours avec ce Yakuza Kiwami ?

yakuza kiwami kazuma kiryuOrphelin recueillit par un parrain de la mafia japonaise, Kiryu Kazuma est devenu au fil des années l’un des plus célèbres hommes de main de la famille Dojima, le groupe le plus puissant au sein du clan mafieux Tojo. Son destin va basculer par une nuit orageuse de 1995 quand son meilleur ami, Akira Nishikiyama, va assassiner le parrain de la famille Dojima alors que celui-ci tentait d’abuser sexuellement de son amie d’enfance Yumi. Endossant pleinement la responsabilité de ce crime pour sauver son ami, Kiryu va passer les dix années suivante derrière les barreaux et finir rejeté par ses anciens camarades. A sa sortie, le Japon a changé. Les clans également. Nishikiyama est désormais un parrain puissant et semble avoir basculé du côté obscure. Exclu de toute organisation, Kiryu va se mettre enquêter sur la disparition de Yumi avant de se retrouver mêlé par la force des choses à une histoire de vol de 10 milliards de yens. Une fois passé cette introduction, on peut enfin mettre les mains sur la manette et commencer à déambuler dans Kamurocho, cette reproduction miniature du quartier tokyoïte de Kabukicho.

Ni vraiment Shenmue, ni vraiment GTA

yakuza kiwami kabukichoRapidement, le choc culturel – et temporel – se fait sentir. Très dirigiste, le jeu ne laisse jamais le joueur se perdre à l’aide d’indications montrant au joueur le chemin à suivre. Un parfait ambassadeur de l’école japonaise, celle qui offre au joueur un semblant de liberté tout en le guidant afin de faire avancer l’histoire. Sur son chemin, notre héros se fera régulièrement appréhender par tout un tas de personnes ne lui cherchant pas vraiment du bien. Salarymans ivres, petites frappes ou encore yakuza rivaux, le chemin de Kiryu sera semé de combats avant d’arriver finalement à destination et d’assister à une cinématique faisant avancer le scénario. Et ce ainsi de suite. Répétitif ? Yakuza Kiwami l’est clairement. Et on sera honnête, ce n’est pas pour son gameplay que l’on reste accroché au jeu. Si dans certains jeux la trame scénaristique et le cadre du jeu ne sont là que pour enrober un gameplay fort, Yakuza Kiwami fait clairement le choix inverse. L’école Shenmue serait-on tenté de dire. Mais est-ce une surprise quand seulement quatre années séparent le premier Yakuza de Shenmue II ? Pour les amateurs de mondes ouverts à l’occidental, le choc risque d’être rude. Le quartier de Kamurocho semble ridiculement petit par rapport à ce que peu offrir un GTA et il serait facile de penser que celui-ci soit tristement vide. Cruelle erreur. Yakuza Kiwami est un jeu qui se livre à ceux qui s’en donnent la peine et il faudra gratter pour découvrir toute la richesse que peut proposer le jeu.

Fils pas vraiment assumé de Shenmue, Yakuza Kiwami propose une multitude d’activités annexes plus ou moins inspirées de son illustre aîné. Jeu de fléchette, bowling, billard, tout sera bon à notre héros pour se détendre entre deux cranes éclatés à l’aide de panneaux publicitaires. Les fameux bars à hôtesses, ceux ayant tant fait parler d’eux à la sortie du jeu d’origine et désormais mis en avant à chaque épisodes, sont également là pour permettre à Kiryu de prendre un peu de bon temps. A vous donc les joies de la « drague » en flattant la belle et en lui disant ce qu’elle veux entendre. Au passage, une petite bouteille de whisky dont le prix dépasse les cinq chiffres permettra de gagner un peu plus facilement son « affection » et espérer un rendez-vous hors des murs du bar. Des quêtes annexes sont également présentes pour qui prend le temps de flâner et de parler aux passants. Si celles-ci se résument généralement à trouver un objet ou à casser la figure à quelques malfrats, elles offrent quelques bonus agréables et cassent la monotonie qui peut poindre durant l’aventure principale. Qu’on se le dise, Yakuza Kiwami ne livre son vrai potentiel qu’à ceux qui aiment chercher ce qu’il a à offrir et faire le jeu en se contentant de suivre la trame principale vous fera passer à côté de tout ce qui fait sa saveur. Si les passionnés du Japon underground et des films de mafieux asiatiques seront aux anges, le risque de voir la manette tomber des mains est tout de même bien présent pour qui est totalement étranger à cet univers.

Fist of the Kamurocho

Yakuza Kiwami baston

Élément central du gameplay de Yakuza Kiwami, le système de combat est particulièrement jouissif malgré sa répétitivité. Coups de savate dans la mâchoire, attaque à l’arme blanche ou coup de poubelle sur la tête, tout sera bon pour venir à bon de ces lascars ne vous laissant pas profiter des rues illuminées de néons de Kamurocho. Si les combats sont généralement faciles à expédier, les boss offriront quelques sueurs pour pouvoir en venir à bout et ils sera de bon ton de maîtriser les différents styles mis à disposition pour pouvoir les vaincre. Avec quatre styles de combat que l’on peut changer à la volée, un système repris de Yakuza 0, il faudra bien analyser les forces et faiblesses de l’adversaire sous peine de finir allongé sur le sol en peu de temps. Cela n’empêche cependant pas le système d’être relativement basique et l’on se retrouve souvent à effectuer les même enchaînements de coups une fois trouvé le style adéquat. Mais le tout est si puissant, dynamique et bien mis en scène que l’on passe outre tellement les combats en deviennent jouissifs.

Un lifting qui sublime le jeu

Qui dit remaster dit également refonte technique et le moteur graphique de Yakuza 0 offre une seconde vie à un titre sorti tout de même en 2005 sur Playstation 2. Que ce soit au niveau des décors, des personnages ou des cinématiques, le travail opéré est de qualité et retranscrit encore plus fidèlement l’ambiance tout particulière du quartier de Kabukicho. Le jeu ayant été développé conjointement sur Playstation 3, cela a forcément un impact sur le niveau de détails et le jeu prend un coup de vieux quand on le compare au récent Yakuza 6 et à son Dragon Engine. Mais le tout est tellement propre et fluide que le tout apparaît terriblement vivant. Question localisation, le jeu garde évidemment les voix japonaises. Mais aurait-il pu en être autrement pour un tel jeu ? Seule petite ombre au tableau, il faudra se contenter de sous-titres exclusivement en anglais. Mais ce serait une terrible erreur de passer à côté de ce jeu uniquement pour cette raison.