Nouvelle entrée de la collection « Life » de Kana, « & – and –  » aborde le thème de la condition des femmes en milieu professionnel par le prisme de Kaoru Aoki, une jeune secrétaire médicale souhaitant lancer en parallèle de son emploi un salon de manucure. Un retour pas totalement gagnant pour Mari Okazaki dont aucune de ses œuvres n’a été publié chez nous depuis près d’une décennie.


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Une employée administrative dans un hôpital décide d’accomplir son rêve et de démarrer une activité professionnelle parallèle. Elle veut ouvrir un salon de manucure qui n’ouvre que le soir, pour les femmes actives qui veulent rester coquettes. Mais se lancer comme indépendante n’est pas une mince affaire, surtout quand les autres, et surtout les hommes, tentent de vous décourager jugeant l’entreprise trop compliquée pour “une petite femme inexpérimentée”. Pourtant, elle va s’accrocher et, petit à petit, trouver sa place dans ce monde fort différent de l’univers des employés de bureau.

& – and – est édité chez Kana et est vendu au prix de 7,45€.

Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.


Pourtant prépublié au Japon entre 2010 et 2014 dans Feel Young, un magazine à destination des jeunes femmes adultes, & – and – n’avait jusqu’à présent pas connu les joies d’une publication en France. Tenant sur huit tomes, ce manga signé Mari Okazaki a finalement réussi à trouver le chemin de nos librairies grâce à Kana (et non pas Akata/Delcourt qui éditait la dessinatrice en France auparavant), marquant par la même occasion le retour de la mangaka sur le devant d’une scène qui l’a vu absente depuis près de dix ans. Un titre qui intègre « Life », une collection ayant pour objectif de toucher un public qui s’est potentiellement écartés des mangas au fil des années en offrant des récits plus ancrés dans le quotidien des gens. Bien qu’ayant pour vocation d’être universelle et de toucher un public aussi bien masculin que féminin, cette collection a depuis ses débuts en 2020 proposé de nombreux récits traitant de la condition féminine sur l’archipel, comme Corps solitaires, sur l’abstinence sexuelle dans le couple, First job, new Life, une plongée dans le quotidien d’une jeune employée du bureau, ou encore l’excellent Just Not Married qui dépeint le quotidien d’un couple de jeunes trentenaires vivant en concubinage en alternant les points de vus entre les deux protagonistes. Un thématique dans laquelle s’inscrit pleinement & – and – en nous invitant à suivre le quotidien de Kaoru Aoki, jeune secrétaire médicale décidant de réaliser son rêve : ouvrir un salon de manucure. Tout en gardant son emploi à côté.

Contrairement aux autres titres de la collection qui mettent en avant un moment précis de la vie ou des situations concrètes du quotidien, & – and – ne propose pas ce « petit quelque chose » qui pourrait le démarquer de n’importe quel autre manga. Bien qu’ancrée dans une sorte de quotidien en nous offrant un aperçu des difficultés subies par les jeunes femmes japonaises, que ce soit les remarques concernant le mariage ou les difficultés rencontrées en milieu professionnel, l’histoire n’a pas pour vocation à offrir un témoignage sur la société japonaise actuelle et se contente de quelque chose de très romancé, et somme toute assez classique, tournant autour d’une sorte de triangle amoureux.

Plutôt agréable à suivre, l’histoire bénéficie énormément du talent de mise en scène de Kaoru Aoki. Les pages sont ainsi fortement destructurées, avec des cases qui se chevauchent, tout en étant parfois de travers, et desquelles les dessins débordent. Un choix artistique qui donne un véritable cachet ainsi qu’une bonne dose de dynamisme tout en n’entravant aucunement la compréhension de l’histoire. Esthétiquement convaincant, essentiellement grâce à sa mise en scène, le titre bénéficie également d’un dessin globalement réussi et capable d’offrir des instants de véritable grâce. Pour autant, le traitement très moyen réservé aux visages (et plus particulièrement aux regards) entache quelque peu ce tableau, de nombreuses cases donnant l’impression d’observer des grenouilles victimes de strabisme sévère.