Proposant jusqu’à présent un mélange entre Visual Novel et Tactical-RPG, la série Utawarerumono fait son retour avec un spin-off reprenant l’histoire de Mask of Deception mais sous la forme d’un Musô. Pourquoi pas après tout. Mais quand on découvre que le studio qui se trouve derrière Utawarerumono : ZAN est le même que celui ayant engendré Gintama Rumble, la prudence est toutefois de mise.
Ce test de Utawarerumono : ZAN a été réalisé sur une version fournie par l’éditeur.
Prenant ses racines sur PC en 2002 avant de connaitre deux opus en 2015 puis en 2016 sur PlayStation 3, PlayStation 4 et PS Vita, Utawarerumono est à l’origine une série de jeux typiquement nippons prenant la forme d’un Visual Novel entrecoupé de sessions de Tactical-RPG. Une mécanique bien huilé que Utawarerumono : ZAN est venu perturber l’année dernière lors de sa sortie au Japon en succombant à la mode du Musô tout en se contentant de reprendre le scénario narré dans Mask of Deception, l’opus sorti en 2015. Un choix plutôt surprenant, ce genre de spin-off faisant d’habitude le choix du scénario original, et surtout très minimaliste, afin de se concentrer uniquement sur l’action pure, ce qui reste quand même le principal attrait d’un jeu à la Dynasty Warrior. Mais si sortir des sentiers battus est un effort louable en soi, encore faut-il savoir être à la hauteur de la licence que l’on a entre les mains. Et à ce petit jeu, Aquaplus, l’éditeur du jeu au Japon, n’a pas vraiment misé sur le bon cheval.
Comme un air de déjà-vu…
Le choix a en effet été porté sur Tamsoft pour développer Utawarerumono : Zan, un nom qui ne dira peut-être pas grand chose à beaucoup de monde mais qu’on retrouve derrière la série des Senran Kagura et qui a marqué les débuts de la toute première PlayStation avec Battle Arena Toshinden. Plus récemment, la société basée à Tokyo a également été choisie par Bandai Namco pour réaliser Gintama Rumble, un Musô pour PlayStation 4 reprenant l’histoire du manga de Hideaki Sorachi. Franchement décevant en raison d’une technique dépassée et d’un gameplay tristement creux, le jeu aurait au moins pu trouver une utilité en servant de base de travail afin de permettre à Utawarerumono : Zan de faire un bond qualitatif en avant. Il n’en est malheureusement rien.
Avec sa 3D très colorée au style très anime tout droit tirée de Gintama Rumble, ce n’est pas vraiment du côté purement esthétique que pèche Utawarerumono : ZAN. Enfin, on pense surtout aux personnages, dont la modélisation ne fait pas déshonneur au character-design plutôt sympa, car la technique plus que faiblarde du jeu est à l’origine de décors d’un vide saisissant, aux textures dégoulinantes et qui plus est d’une répétitivité maladive. Pour rester dans l’enrobage générale, il convient également de noter que les musiques sont globalement de bonne facture et l’éditeur semble en avoir eu pleinement conscience en incluant une mini-soundtrack dans la Unmasked Edition proposée à la sortie du jeu. Surement le seul véritable point fort du jeu…
Narration bâclée, combats peu inspirés
Premier choc, la partie narrative du jeu s’avère être particulièrement bâclée. Un comble pour ce qui est tout de même à l’origine un Visual Novel. Entre les passages tronqués et ceux tout simplement mis de côté, l’histoire de Utawarerumono : ZAN est difficilement compréhensible pour les nouveaux venus découvrant la licence avec cet opus. Certes, le jeu semble principalement destiné aux possesseurs des précédents volets et donc à des personnes connaissant normalement les rouages scénaristiques du jeu, mais ce n’est pas pour autant une raison de traiter cet aspect par dessus la jambe. Tout est expédié, rien n’est introduit, ou bien trop rapidement, faisant que le néophyte risque de ne pas comprendre grand chose à ce qu’il se passe devant ses yeux en raison d’un manque de compréhension du background. Tout cela n’empêche cependant pas le jeu d’être paradoxalement bavard entre ses combats, donnant l’étrange sensation que les personnages parlent pour ne rien dire. Frustrant, pour ne pas dire énervant.
Bon, l’important dans un Musô ne se trouvant pas forcément là, et les fans connaissant déjà l’histoire (au diable les nouveaux venus !), il est toujours envisageable de couper ces séquences narratives pour foncer directement au combat et ENFIN commencer les choses sérieuses. Enfin, c’est ce qu’on aurait aimé. Certes, on n’attend pas d’un Musô qu’il nous propose un système de combat particulièrement technique, mais faut-il encore qu’il soit jouissif à jouer et donne une impression de puissance qui éclabousse l’écran. En digne héritier de Gintama Rumble, difficile cependant de trouver de l’excitation dans les affrontements de Utawarerumono : ZAN. Le fait de devoir se friter avec une équipe de quatre combattants, parmi douze disponibles, avec la possibilité de basculer à la volée entre chacun d’entre eux permet certes de varier la manière d’aborder les ennemis tout en apportant une dose de dynamisme, mais l’absence totale de challenge dû à des ennemis d’une totale passivité fait qu’on se contente au final de combattre avec un seul et unique personnage tout en matraquant les boutons de sa manette sans se soucier des combos qui vont en sortir. La composition d’équipe, et avec elle la gestion des caractéristique, en devient par conséquent quasiment accessoire. De toute façon, la très courte durée de vie du jeu (18 chapitres pour un total de 5h de jeu environ) empêche toute volonté de développer stratégiquement les compétences des personnages. Bref, on a beau retourner Utawarerumono : ZAN dans tous les sens, difficile de lui trouver un véritable intérêt.