Remake du tout premier opus sorti sur PlayStation 2 en 2002, Utawarerumono: Prelude to the Fallen est l’occasion pour le public occidental de découvrir pour la première fois l’épisode fondateur de cette série alliant Visual Novel et T-RPG.
Ce test de Utawarerumono: Prelude to the Fallen a été réalisé sur une version fournie par l’éditeur.
Le procédé n’a rien de vraiment exceptionnel au Japon mais a de quoi surprendre le public occidental ayant pris la série en cours de route. Sorti sur PC en 2002, Utawarerumono est à l’origine un jeu alliant Visual Novel et Tactical RPG mais est également ce que les japonais appellent un eroge (contraction des mots « erotic » et « game »), soit un jeu comprenant des scènes explicitement sexuelles. Exclusif au Japon, le jeu avait été porté en 2006 sur PlayStation 2 puis trois ans plus tard sur PSP dans des versions expurgées de tout contenu érotique mais sans connaitre pour autant de distribution à l’international. Une genèse qui rappelle fortement celle de Fate/stay night, Visual Novel érotique sorti sur PC au début des années 2000 avant de connaitre une version « soft » sur console et le succès mondial qui s’en est suivi. Près de 20 ans plus tard, et alors que ses suites ont connu des distributions à l’international sur PS4 et PS Vita (Mask of Truth et Mask of Deception), l’opus fondateur de la série fait son retour sur le devant de la scène avec Utawarerumono: Prelude to the Fallen, un remake basé sur la version « Safe for work » du jeu qui fait par la même occasion ses débuts en dehors de ses terres nippones natales.
Pour ceux qui découvriraient donc la série aujourd’hui, Utawarerumono: Prelude to the Fallen se présente comme un mélange entre Visual Novel et Tactical RPG. Le terme « se présente » est ici particulièrement important car dans les faits, le titre développé par Aquaplus est très clairement déséquilibré et les phases de lecture pure représentent clairement 95% du temps que l’on passe dessus. Il est donc important de savoir où l’on met les pieds avant de se lancer dedans et toute personne s’attendant à trouver un équilibre harmonieux entre « blabla » et « action » risque d’être fortement déçue. Il faut ainsi compter plusieurs longues heures avant de voir enfin le premier combat se déclencher et, hormis quelques rares passages où deux/trois phases de Tactical vont s’enchaîner rapidement, il n’est pas rare de devoir patienter une bonne heure avant de voir le combat suivant arriver. Et encore, à condition d’avoir des yeux bioniques et de zapper les dialogues à la vitesse de l’éclair. Bref, vous êtes prévenus.
Un Visual Novel avec une touche de combats tactiques
Une fois accepté ce postulat, on se retrouve face à un Visual Novel dont la plus grande force est clairement sa direction artistique générale. Si la 3D des phases de combat est désuète pour de la PlayStation 4, Utawarerumono: Prelude to the Fallen n’en reste pas moins très agréable à l’œil avec de superbes illustrations et un character design bien senti. Non content de procurer un plaisir à nos rétines, le jeu est également une véritable douceur pour nos tympans grâce à sa superbe bande son. Un point fort récurant de la série, même quand on se trouve face à un titre médiocre comme Utawarerumono ZAN. Malgré d’énormes passages à vide où des dialogues sans intérêt vont s’enchaîner sans fin, la partie Visual Novel du titre n’en reste pas moins globalement plaisante à suivre de manière générale même si le passé eroge du jeu se fait régulièrement sentir. Si rien n’est montré, certains passages transpirent en effet la scène érotique censurée puis remodelée, laissant par moment une sensation de malaise assez notable.
Concernant la partie T-RPG, n’espérez pas trouver dans Utawarerumono: Prelude to the Fallen une nouvelle référence du genre. Basiques et assez superficiels, les combats n’ont clairement pas pour vocation à charmer les habitués du genre mais à offrir des coupures ludiques au milieu du torrent de textes qui inonde le joueur. Et il le fait pour le coup assez bien. Rythmés, dynamiques, les combats ne s’embêtent pas de mécaniques compliqués et vont droit au but. Un point qui devrait ravir les joueurs occasionnels qui préfèrent se concentrer sur l’histoire. On se déplace ainsi sur des cases à tour de rôle, on attaque (avec une préférence pour les attaques de dos ou de côtés pour maximiser les dégâts), et seul un système de combo basé sur des QTE simplistes est là pour apporter un poil d’originalité. Il n’y a pas de système d’avantage entre les classes des combattants et, par exemple, un magicien ne sera pas désavantagé face à un archer. A la place, chacun des protagonistes se voit attribuer un élément (eau, feu, etc…) et ce sont eux qui vont octroyer des bonus/malus. Concernant les caractéristiques des combattants, des « BP » sont accumulés au fil des batailles et sont utilisables pour augmenter au choix l’Attaque, la Défense ou la Défense magique de ces derniers. Un nombre de caractéristique restreint qui n’autorise pas de grande folies tout comme les équipements dont le nombre est limité à un par personnage. Autant de points qui font de Utawarerumono: Prelude to the Fallen un titre qu’il ne faut pas aborder en ayant en tête de prendre son pied principalement sur la partie T-RPG. Mais pour qui y va en connaissance de cause, la grosse vingtaine d’heure qu’il faut pour le boucler peut être réellement plaisante.