Pour son grand retour sur le créneau des créations originales, les éditions Ki-oon ont marqué un grand coup l’année dernière en sortant des titres de haute volée comme Beyond the Clouds, Noise, ou encore Lost Children. Premier manga original de l’éditeur à sortir en 2019, « Histoires sans fin » sera-t-il à la hauteur de ses aînés ?


histoires sans fin couverture

Synopsis

Marie est une jeune fille fantasque et exubérante qui n’a pas sa langue dans sa poche. Lancée à la poursuite de son chat fugueur, elle se retrouve aspirée dans les pages d’un étrange magazine de bandes dessinées ! Elle se réveille aux côtés du rédacteur en chef, lui aussi coincé dans le désert des histoires sans fin du Nomad Comics. Il attend depuis des lustres la venue d’un élu doté du pouvoir de relancer la dynamique de ces récits en suspens… et Marie semble répondre à tous les critères ! Pour retourner dans le monde réel, elle va tout chambouler à sa manière. Première étape, un univers d’heroic fantasy en perdition, où la demoiselle se retrouve dans le camp… des démons !

Histoires sans fin est édité chez Ki-oon et est vendu au prix de 9,65€.

Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.


Il y a tout juste un an, les éditions Ki-oon annonçaient le grand retour de ses créations maisons développées directement avec les auteurs. Des mangas originaux jamais sortis au Japon et permettant à des mangakas étant passés sous le radars des éditeurs japonais de faire leurs débuts dans notre beau pays. En résulta un catalogue riche de 5 titres aussi réussis que variés, allant de la fantasy avec Beyond the Clouds au thriller avec Noise, en passant par le récit pour enfant avec Momo et le messager du Soleil. Pour inaugurer son cru 2019, Ki-oon a fait le choix de l’originalité avec Histoires sans fin, un titre signé Geco Hirasawa, une illustratrice pour qui il s’agit de la première oeuvre à être publiée.

Original, le manga l’est en effet sur plusieurs points. Tout en couleur, publié dans le sens de lecture occidental, Histoires sans fin n’adopte finalement que très peu des codes du manga et même son style graphique, au demeurant très réussi, fait plus penser à bande-dessinée venue d’occident plutôt qu’à un titre issu des terres nippones. Une direction artistique qui ne doit rien du hasard, Geco Hirasawa ayant un visiblement un attrait pour l’Europe, une région qui la fait « rêver » comme elle le dit dans le préface, au point de faire de Marie, l’héroïne du manga, une collégienne française.

histoires sans fin extrait

Original, Histoires sans fin l’est également dans son récit en plongeant une jeune fille dans les pages d’un magazine de bandes dessinées dans lesquelles elle devra permettre aux histoires, laissées à l’abandon, de trouver une fin sous peine de ne jamais pouvoir retourner chez elle. Pas question donc de suivre une seule et unique aventure qui s’étalerait sur la totalité des 3 tomes prévues à l’heure actuelle. En consacrant à chaque tome une « histoire à conclure » qui lui est propre, l’auteur offre au lecteur une variété de courts récits aux thématiques variées avec, par exemple, de l’heroic fantasy au menu de ce premier tome ou une histoire de meurtre pour le prochain.

Le revers de la médaille de ce concept original, c’est que l’histoire racontée manque finalement de consistance. Tenant sur seulement 144 pages, dont un bon quart consacré à introduire son univers, les événements racontés dans Histoires sans fin se déroulent bien trop rapidement et à peine a-t-on le temps de rentrer dans l’histoire que celle-ci arrive à son terme. Certes sympathique à parcourir, avec sa dose d’humour et de rebondissements, la bande-dessinée que Marie doit amener à son terme est bien générique et se contente d’accumuler la plupart des codes du genre. Certes, l’intérêt n’est pas vraiment là mais plutôt dans la manière dans laquelle notre jeune héroïne va arrive à trouver une conclusion à cette histoire laissée à l’abandon depuis bien trop longtemps. Mais on n’aurait pas été contre un récit sortant des sentiers battus car, derrière la trame de fond originale et pour le coup bien trouvée, c’est bien ce récit inachevé qui constitue le gros du volume. En résulte un sentiment mitigé, mais tout de même globalement positif, qui nous amène à attendre avec intérêt le second tome pour se faire un avis définitif sur Histoires sans fin.