Sorti il y a deux ans sur PlayStation 4, Judgment profite de la récente apparition des consoles de nouvelle génération pour se refaire une (légère) beauté. A l’époque salué par la critique malgré une formule reprise quasiment en l’état des Yakuza, le jeu mérite-t-il de repasser à la caisse ?
Ce test de Judgment a été réalisé sur une version PlayStation 5 fournie par l’éditeur.
Alors que le Smart Delivery permet aux joueurs Xbox d’acheter leurs jeux une seule fois pour y jouer sur les différentes itérations de la console et qu’il n’est pas rare de voir des mises à jour gratuites de jeux PS4 vers la version PS5, le choix de SEGA a de quoi faire grincer quelques dents. En ne proposant pas aux possesseurs du jeu d’origine une mise à jour sans frais vers la version PS5, l’éditeur impose ainsi aux joueurs de la première heure de repasser une nouvelle fois à la caisse et de se délester de 39€ environ pour découvrir Judgment sur la dernière console de Sony tout en bénéficiant d’avancées graphiques. Un choix commercialement intéressant pour Sega, qui évite ainsi de voir des gens se ruer sur l’occasion pour bénéficier de cette update à moindre frais, mais tout de même plus que discutable sur le plan moral vu les apports de cette version. Quand aux joueurs Xbox, la question ne se pose pas dans ces termes étant donné qu’il s’agit de la première incursion du titre sur la console de Microsoft.
Il faut dire que le jeu assure le minimum syndical à l’occasion du passage à la nouvelle génération. Déjà sublime à l’époque, le jeu tourne désormais en 4K et bénéficie d’une animation à 60 images par seconde. Un confort visuel certain et même les possesseurs de simples écrans HD apprécieront la fluidité de l’animation. Pour autant, le jeu ne s’en retrouve pas transcendé visuellement et il ne faut pas espérer de « whaou effect » en pensant sauter à pied joint dans le gaming « nouvelle génération ». Les possesseurs de la version PS4 pourront également être décontenancé des changements d’ordre purement esthétiques avec une modification assez flagrante de la gestion des contrastes faisant perdre à Judgment son aspect « film noir » assez caractéristique. Le jeu gagne ainsi en réalisme, au détriment cependant d’un cachet qui faisait une partie de son charme.
Passé ces questions d’ordre purement technique, Judgment reste fidèle à ce qu’il était était déjà deux ans plus tôt. Un excellent jeu dérivé des Yakuza canoniques auxquels il emprunte presque tout hormis ses protagonistes principaux. Bien que salué par la critique à l’époque, le jeu avait cependant été pointé du doigt car reprenant telle quelle une formule déjà bien rodée. Une critique légitime à l’époque en sortant pas vraiment longtemps après Yakuza 6, mais qui apparait désormais presque comme une qualité. Car entre temps, la série des Yakuza s’est aventurée du côté du J-RPG, un virage audacieux et plutôt réussi mais qui laisse orphelin toute une frange de joueurs allergiques à ce style de gameplay. Désormais seul héritier de la formule d’origine, Judgment apparait plus comme la suite spirituelle espérée par les nostalgiques des aventures de Kiryû Kazuma.
Histoire prenante (et intégralement sous-titrée dans notre langue) et excellement rythmé, système de combat accessible mais très dynamique et jouissif, multitude de quêtes annexes barrées et d’activités accessoires, Judgment coche en effet toutes les cases du Yakuza réussi. Kimura Takuya est par ailleurs excellent dans le rôle de Yagami, avocat devenu détective privé, héros bien plus intéressant à suivre que Ichiban Kasuga, le nouveau héros de la série canonique introduit dans Yakuza: Like a Dragon. Dommage cependant que le jeu s’entête à s’enfermer dans les boulevards de Kamurochô alors que Yakuza offrait régulièrement la possibilité au joueurs de s’évader hors de Tokyo. Un travers qui aurait pu être corrigé dans cette version avec, par exemple, un scénario additionnel. Quitte à payer plein pot, la mise à jour, ça n’aurait pas été de refus.