Compilation des épisodes Sins of an Empire et Flames of Rebellion parus respectivement sur Playstation 4 et PS Vita en 2017, Fallen Legion : Rise to Glory pose enfin ses valises sur Nintendo Switch après avoir fait escale sur Steam en début d’année sous le nom de Fallen Legion+. L’occasion de se (re)plonger dans ce titre aux liens avec le Japon plus profonds qu’il n’y parait.
Ce test Fallen Legion : Rise to Glory a été réalisé sur une version fournie par l’éditeur.
Il en l’apparence, il en a le goût, et pourtant Fallen Legion : Rise to Glory n’est pas un jeu japonais. Mais pourquoi diantre en parler sur JapanPop.fr si le jeu n’a aucun lien avec le Japon ? Si la question peut sembler légitime au premier abord, les nombreux liens que tisse le jeu avec le pays du Soleil-Levant nous ont convaincu de la pertinence de nous pencher sur son cas. Car Fallen Legion transpire l’amour de son créateur, Spencer Yip, pour le J-RPG et les jeux de combats. Même si le tout est loin d’être parfait.
« Basique, simple, simple, basique »
Si le studio YummyYummyTummy aime à présenter Fallen Legion : Rise to Glory comme un action-RPG, on éprouve quand même du mal à trouver d’où vient la partie RPG censée être présente dans le jeu. Pas de point d’expérience, pas de possibilité de faire évoluer son équipement, aucun déplacement… Seuls un background assez fouillé et la possibilité de customiser a minima ses personnages avec des « Gemstones » semble justifier cette dénomination que l’on pourra trouver logiquement un peu usurpée. Car concrètement, le jeu se résume à traverser des niveaux de gauche à droite sans même avoir à contrôler les déplacements du personnage, un peu à la manière de ces runners que l’on retrouve sur smartphone, tout en mettant en pièce chacun des ennemis traversant le champ de vision de notre avatar. Assez basique, le système de combat consiste simplement à faire attaquer vos trois « Exemplars », des guerriers magiques obéissant à vos ordres par simple pression d’un des trois boutons désignés, le dernier étant réservé à votre avatar pour envoyer au choix une attaque magique, un sort de soin, ou un autre permettant de ressusciter un allié tombés au combat.
Pas question toutefois de marteler sa manette sans réfléchir. Chaque personnage dispose en effet d’une jauge d’action se réduisant d’un tiers à chaque attaque, sachant que celle-ci remonte automatiquement et permet d’envoyer une attaque spéciale si l’on est prêt d’en sacrifier la totalité en une seule fois. Toute la finesse de ces affrontements en temps réel consiste ainsi à alterner intelligemment entre les personnages pour réussir à remplir une seconde jauge, de combo cette fois, permettant d’envoyer in fine des attaques surpuissantes. Et c’est tout. Hormis vous déplacer sur la carte du monde, et encore le mot est grand étant donné que cela se limite à suivre un chemin en ligne droite, jamais vous n’aurez à effectuer une autre action dans Fallen Legion : Rise to Glory, rendant le tout assez rapidement redondant, voir rébarbatif durant les premières heures. Le risque est ainsi fort de voir les moins persévérants lâcher rapidement l’affaire avant même de s’être fait au système de combat, terriblement frustrant durant les premières parties pour finalement s’avérer bien plus plaisant une fois maîtrisé. Car rapidement, la clé des affrontements va se résider dans votre capacité à bloquer les attaques par la simple pression du bouton L1, permettant à la fois de vous protéger mais également de renvoyer les projectiles à son expéditeur en cas de timing réussi.
Un joli brouillon
Entre les nombreux d’ennemis à l’écran, l’enchaînement rapide des attaques et l’afflux d’informations visuelles, Fallen Legion : Rise to Glory rend souvent l’image d’un jeu brouillon et il est rarement facile d’arriver à distinguer quand un ennemi est prêt à vous porter un coup. Le timing des attaques étant également très difficile à discerner, il faudra se prendre plusieurs coups en pleine poire avant d’arriver à comprendre les patterns ennemies et ainsi arriver à les bloquer. Assez gênant pour un jeu basé, entre autre, sur son système de parade. La réalisation de combos se révèle également complexe dans ces conditions vu qu’au moindre coup encaissé la jauge correspondante redescend irrémédiablement à zéro. Si cela n’est pas réellement gênant durant les premiers niveaux, ce manque de lisibilité pourra être rapidement fatal dès que la difficulté monte d’un cran.
Au fil des affrontements, vous serez régulièrement amenés à faire des choix aboutissant à l’obtention d’un bonus de combat mais ayant également des conséquences sur le destin de votre pays. Opterez-vous pour ressusciter un de vos combattants et assassiner un traître au Royaume ? Ou plutôt pour récupérer un item et accorder à ce même traître un procès en bonne et due forme ? Un élément de gameplay intéressant sur le papier mais qui trouve quasiment immédiatement ses limites vu qu’il est impossible de prédire quel sera l’impact de ces décisions sur le déroulement de l’aventure. Dans la majorité des cas, les choix qui vous seront posés sembleront sortir de nul part faisant qu’il est généralement impossible d’en déceler les éventuelles conséquences. Résultat, on se retrouve globalement à déterminer ses choix qu’en fonction des bénéfices obtenus pour le combat. Un travers symptomatique également d’une narration globalement ratée et marquée par un manque de mise en contexte impactant grandement la compréhension des événements se déroulant devant nos yeux. Conséquence malheureuse, on décroche rapidement des malheurs de nos deux protagonistes pour se concentrer uniquement sur les combats.
L’amour du jeu vidéo japonais
Même si Fallen Legion : Rise to Glory n’est pas un jeu « Made in Japan », cela n’empêche toutefois pas le titre de puiser pleinement ses origines dans le jeu vidéo nippon. Le déplacement à l’horizontal dans un univers en 2D ? Tout droit venu de Valkyrie Profile. Le système de multi-hit combo ? Spencer Yip a expliqué s’être inspiré des combats du fantastique Xenogears. La possibilité d’invoquer des soldats combattant à nos côtés ? Encore une fois Valkyrie Profile. La folie ambiante qui règne dans les combats ? Le développeur a affirmé avoir été influencé par les combats de Marvel vs Capcom. L’amour de Spencer Yip pour les jeux de combat japonais trouve même sa concrétisation dans le chara-design du jeu, un des personnages ayant pris forme sous les coups de crayon d’Akiman, le character-designer historique de la série des Street Fighter. Sur le plan graphique, difficile également de ne pas immédiatement penser à une création Vanillaware même si le risque est grand de résumer au final Fallen Legion : Rise to Glory à une sorte d’ersatz de Odin Sphere. Preuve en est des nombreux articles faisant à référence à Vanillaware quand il s’agit de parler du jeu de YummyYummyTummy. Dommage, cependant, que les décors se résument à une poignée d’environnements, eux même présentant très peu de variantes au fur et à mesure qu’on les traverse. Un constat que l’on peut également appliquer sur la bande sonore du jeu qui propose à la fois des compositions superbes mais en quantité bien trop limitée, donnant l’impression d’écouter en boucle une mini-ost promotionnelle composée des meilleures pistes du jeu.