Quatre ans après un passage raté à l’open-world, Dynasty Warriors 9 est de retour en ce début d’année avec une déclinaison au format « Empires », sous-série mêlant des éléments de stratégie/gestion à la bonne vieille formule du Musô. Bien que reprenant les fondations du 9, la série signée Omega Force/Koei Tecmo a-t-elle trouvé un nouveau souffle avec ce nouvel opus ?

Ce test de Dynasty Warriors 9 Empires a été réalisé sur une version PS4 (par la suite mise à jour pour une version PS5) fournie par l’éditeur.

Née en 2004 avec Dynasty Warriors 4 Empires, la sous-série des Empires a cela de particulier qu’elle reprend à son compte la formule traditionnelle des Musô en y ajoutant une couche de gestion/stratégie. Suivant à chaque fois de quelques années la sortie d’un opus canonique, la voila donc déclinant Dynasty Warriors 9, peut-être l’opus le plus décrié depuis les débuts de la licence en 1997. Alors que les musô sont réputés pour leurs combats à grande échelle et ultra-dynamiques, le dernier opus en date avait fait le choix, osé mais raté, du monde ouvert. En résultait un jeu au rythme mollasson, souffrant de nombreux passages à vide, sachant qu’une technique défaillante et des choix de gameplay incompréhensibles venaient compléter le tableau.

Techniquement compliqué, même sur « next-gen »

Quatre ans plus tard, voilà donc Dynasty Warriors 9 Empires. Malgré tout ce temps passé et la sortie de ce qu’on appelait il y a encore à peine plus d’un an les consoles de « nouvelles génération », le jeu reste pour autant techniquement très en deçà de la ligne de flottaison. Tournant sur le même moteur que son grand-frère, on retrouve sans surprise ces même tares qui étaient déjà difficilement excusable il y a déjà plusieurs années. Malgré la pauvreté en détails des environnement, un terrible effet de poping est toujours de la partie, faisant que des éléments du décors n’apparaissent qu’au dernier moment. Les animations sont également d’une grande rigidité au point qu’on éprouve par moments l’étrange sensation de voir un jeu PlayStation 2 lifté. Difficile dans ces conditions de voir en Dynasty Warriors 9 Empires un titre de 2022 et seul le nombre de fps distingue vraiment les versions PS5/Xbox Series de celles tournant sur leurs grandes sœurs.

Symbolique du manque d’attention porté aux finitions, les voix chinoises sont cette fois mystérieusement absentes. Pourtant bien présentes dans Dynasty Warriors 9, elles contribuaient pourtant à développer un appréciable sentiment d’immersion dans cette Chine des Trois Royaumes. Si cet « oubli » n’est pas gravissime en soit, il reste cependant surprenant et ne laisse comme seule possibilité que de jouer en japonais sous-titré français. Bref, pour faire simple, niveau enrobage on se retrouve face au même produit qu’en 2018, celui-ci étant de surcroit amputé des doublages en chinois. Difficilement excusable.

Un gameplay plutôt addictif mais qui manque de profondeur

Une fois lancé Dynasty Warriors 9 Empires, seuls deux choix s’offrent au joueur. Le mode Edition, qui permet de créer un officier de toute pièce, et le mode Conquête, qui propose de revivre sept campagnes de l’époques des Trois Royaumes. Si jouer avec un personnage historique permet de lancer l’aventure en étant de base rattaché à un territoire, incarner un avatar personnalisé fera de vous un guerrier sans royaume ni compagnons et qui devra bâtir son empire de zéro. Le but de chacune des sept campagnes disponibles ? Gérer et développer son royaume, affronter ceux qui nous entourent et, in fine, se retrouver à la tête d’une Chine unifiée. Si chacune des campagnes propose sa propre trame scénaristique, difficile pour autant de trouver la motivation de les enchainer tant celles-ci se ressemblent. Mis de côté les cinématiques, le manque de scénarisation, l’absence de variété des environnement et le manque de profondeur du gameplay font que rien ne distingue réellement une campagne d’une autre.

Alors que Koei Tecmo et Omega Force nous ont de nouveau prouvé il y a peu de temps tout leur savoir-faire avec l’excellent Samurai Warriors 5, Dynasty Warriors 9 Empires effectue un difficile bond qualitatif en arrière. Si des tares ont bien été corrigées avec l’abandon de l’open-world et une utilisation du grapin mieux encadrée, le fond reste cependant très décevant. Avec ses cartes minuscules aux décors identiques (on retrouve en fait uniquement des variantes d’une unique carte avec un château à prendre et des petits camps autours) ainsi que ses objectifs ne variant pas d’un iota, le jeu souffre d’un fort sentiment de redondance. Conséquence, quel que soit le personnage choisi ou l’histoire suivie, rien ne distingue véritablement une partie d’une autre sur le champs de bataille. Difficile dans ces conditions de déclencher l’enthousiasme même si, dans l’absolu, cela reste relativement grisant.

Côté gestion/stratégie, le constat est cependant un peu plus reluisant. Même si les campagnes se ressemblent terriblement, ces phases tactiques permettent à Dynasty Warriors 9 Empires de ne pas se résumer à un banal Musô plus que moyen. Créer des alliances, revigorer ses troupes, les positionner à des endroits stratégiques, développer son économie, nommer des subordonnées ou encore faire causette avec eux (action possible au sein d’un open-world sans intérêt, relique de Dynasty Wariors 9, ou par de simples menus), les choix offerts sont nombreux et en apparence complexe, notamment car le joueur est lancé sans véritables explications. Pour autant, une fois la mécanique intégrée, la découverte de la « bonne méthode » rend tout d’un coup le jeu bien plus facile. Dans ce cas, un passage du côté des options pour ajuster la difficulté saura relancer le challenge pour un moment.

Sans se révéler aussi tactiques qu’un Total War par exemple (et même loin de là), la gestion administrative du royaume a ce petit quelque chose de grisant qui fait qu’on ne décroche finalement pas malgré les diverses tares énumérées auparavant. Ceux ayant fait le choix de débuter tout en bas de l’échelle éprouveront en effet une certaine satisfaction à voir leur protagoniste gravir les échelons et unifier les terres de Chine au gré des alliances, des trahisons et des invasions. Aller directement au casse-pipe en envoyant ses troupes au combat sans une bonne préparation préalable est le meilleur chemin d’aboutir à un échec, le nombre de soldats composant les armées ayant une incidence conséquente sur l’issue des affrontements, tandis qu’être trop attentiste verra les territoires voisins tenter de vous envahir, quand ce ne sont pas vos subordonnées qui se feront la malle.