Entre tradition et modernité. Une maxime généralement attribuée au Japon mais qui va comme un gant à Dynasty Warriors 9, fruit de la rencontre entre une série au gameplay tournant en rond depuis longtemps et un open-world « so 2018 ». Un pari audacieux qui ne nous avait toutefois pas vraiment convaincu lors de la Paris Games Week 2017 en raison notamment de faiblesses techniques datant d’un autre âge. Après avoir défouraillé les Trois Royaumes durant de nombreuses heures, le constat est finalement moins sombre que prévu, même si tout est loin d’être parfait.
Ce test de Dynasty Warriors 9 a été réalisé sur une version fournie par l’éditeur.
On sentait pointer la catastrophe. Et pour parler franchement, il s’en est fallu de peu pour que Dynasty Warriors 9 ne soit un de ces jeux que l’on prend un plaisir sadique à descendre tant la version présentée durant la Paris Games Week laissait entrevoir le pire. Avec son champ de bataille gigantesque mais résolument vide et ses lacunes techniques dignes d’un jeu mal optimisé d’une décennie en arrière, notre première rencontre avec le jeu de Koei Tecmo et Omega Force n’incitait clairement pas à l’optimisme. Trois mois plus tard, la catastrophe a été évitée et on prend même un certain plaisir à traverser les plaines de Chine sur son cheval à la recherche de hordes de soldats à découper. Mais s’il est certes rempli de bonnes intentions, Dynasty Warriors 9 semble finalement plus proche d’un brouillon du futur dixième opus tant il est noyé dans un amas de défaillances en tout genre.
Dynasty Ninja
Oubliez les environnements confinés. Dynasty Warriors 9 fait le pari de l’open-world en lâchant le joueur sur une map immense où les Trois Royaumes forment désormais un tout cohérent avec ses fronts de batailles évoluant en temps réel. Conséquence directe, le jeu est totalement déstructuré comparé aux précédents opus et aller directement au charbon sans prendre soin d’évaluer les forces en présence est l’assurance, en théorie, d’une défaite quasi-assurée. Le joueur est ainsi grandement invité à se concentrer dans un premier temps à la prise de bases stratégiques permettant de faire baisser le niveau de la forteresse à envahir et emmagasiner au passage de précieux points d’expériences permettant d’augmenter vos caractéristiques. Un aspect tactique que l’on retrouve lors des phases d’assaut où le joueur aura recours à de béliers ou autres artifices afin d’ouvrir des accès et permettre aux troupes alliées de vous prêter main forte. Cumulé à ses armureries, ses multiples quêtes annexes, son système de gemmes et d’équipement à améliorer, Dynasty Warriors 9 affiche un petit côté RPG bienvenue qui propose pour une fois de faire travailler un peu son cerveau.
Plus classique dans ses phases de combats, Dynasty Warriors 9 garde ses fondamentaux de Musô à base de martèlement des touches carré et triangle pour effectuer des combos. Les habitués de la série trouveront rapidement leurs marques et prendront toujours un plaisir fou à remplir leur jauge Musô afin de lancer une attaque dévastatrice mettant tous les ennemis à l’écran au tapis. Deux nouveautés font toutefois leur apparition : les « Reactive Attack » et les « Trigger Attacks ». Tandis que la première fera apparaître la touche triangle au dessus de vos ennemis afin de lancer une attaque généralement fatale, la seconde permet de lancer des combos surpuissants en effectuant des combinaisons avec la touche R1. Rien qui ne change fondamentalement une mécanique de jeu bien huilée depuis des années mais c’est toujours bon à prendre pour rajouter une dose de dynamisme au titre.
Mais, il y a un couac. Et il est de taille car mettant totalement en l’air l’aspect stratégique décrit plus haut et, plus grave, l’intérêt des combats. Armé de votre grappin de la muerte, il vous est possible d’escalader n’importe quel bâtiment quelle que soit la hauteur de celui-ci. Vous sentez les possibilités d’abus venir ? Pourquoi s’embêter à attaquer une forteresse étape par étapes quand il suffit de cavaler à toute vitesse jusqu’à celle-ci, l’escalader d’un coup tel un ninja grâce à une seule petite pression du bouton R et ignorer tout ce qui se passe autour soi pour foncer directement vers le maître des lieux et mettre une dérouillé ? A peu près aucun, en effet. Sachant qu’une fois battu, toutes les autres troupes déclarent forfait comme par magie même si vous étiez au bord de la déroute.
Un principe totalement pété que l’on retrouve également à plus petite échelle. Pas la peine d’éliminer chaque ennemi se présentant devant vous, un bon coup d’épée dans le plexus d’un capitaine suffisant à faire décamper tout son bataillon illico presto. Au final, on passe une bonne partie de son temps à rechercher les leaders ennemis dans l’amas de jauges de vies présentent à l’écran afin de mettre rapidement un terme aux affrontements. De toute façon, l’immensité du terrain de jeu avait déjà fait éclater les hordes d’ennemis, d’ordinaire si impressionnantes, en une multitude de micro-groupes qu’il vous aurait fallu affronter un par un. Plus que dommage pour un jeu basé avant tout sur ses bastons de grandes ampleurs.
Une technique d’un autre âge
Du côté de la réalisation, la catastrophe entrevue à l’occasion de la Paris Games Week a été échappée de peu. De très peu. Même si le jeu semble avoir bénéficié de quelques images/secondes supplémentaires et d’un aliasing un (tout petit) peu moins prononcé, le titre d’Omega Force est d’une faiblesse technique qui aurait déjà eu du mal à passer en début de génération précédente. Déjà pauvre graphiquement, Dynasty Warriors 9 souffre d’un terrible effet de poping indigne d’un jeu sortant en 2018 avec des textures s’affichant au dernier moment et des décors au loin disparaissant à chaque mouvement de caméra. Les animations semblent quant à elles tout droit tirées d’un jeu Playstation 2 et il suffit de voir son canasson au galop ou les mouvements de cape affichés en trois étapes pour avoir la terrible impression de jouer à une première version alpha du jeu. L’optimisation est également aux abonnés absents, avec des scripts mettant plusieurs secondes pour se lancer, notamment quand vous allez plus vite que la musique et que le jeu vous fait patienter un long moment, sans rien pouvoir faire, en attendant que la mission puisse enfin se mettre à jour.
Finalement, difficile de ne pas voir en Dynasty Warriors 9 une sorte de brouillon de ce que pourra donner la série si elle décide de continuer dans son aventure open-world. Incroyablement vaste et invitant à l’exploration, le terrain de jeu aurait gagné à être plus vivant et à ne pas se limiter à des variations de décors oscillant entre plaine, monts et rivages. Le monde est certes rempli de villages, de forteresses et de bases à conquérir, mais l’immensité de la carte fait que tout se trouve dilué et on se retrouve à galoper pendant de longues minutes à travers le néant afin de se rendre à destination. Deux solutions s’offrent alors au joueur : la course automatique, n’enlevant finalement rien à l’ennui, ou la téléportation. Un outil bien pratique mais l’aspect exploration en prend un coup. Histoire d’égayer vos pérégrinations, Dynasty Warriors 9 propose un nombre faramineux de quêtes annexes ou de challenges aussi passionnant que la chasse au gibier ou l’escalade de tours façon Assassin’s Creed/Breath of the Wild qui, cumulés avec une aventure principale composée d’une douzaine de chapitres, assurent une durée de vie colossale. Mais cette richesse ne saura s’ouvrir qu’aux élus arrivant à passer outre les nombreuses tares que comprend le titre.