Premier épisode canonique de la série à sortir en six ans, Disgaea 6: Defiance of Destiny a soufflé le chaud et le froid lors de son annonce en raison notamment du passage à un moteur 3D. Quelques mois après être sorti au Japon sur Switch et PlayStation 4, le voilà enfin débarquer chez nous mais uniquement sur la transportable de Nintendo. Une première pour une série historiquement liée aux consoles Sony. L’occasion de plonger dans cet opus porteur de quelques nouveautés mais pour autant toujours autant ancré dans ses fondamentaux. Pour notre plus grand plaisir.

Ce test de Disgaea 6: Defiance of Destiny a été réalisé sur une version fournie par l’éditeur.

Série phare de Nippon Ichi Software avec près de cinq millions de jeux vendus depuis ses débuts sur PlayStation 2 en 2003, Disgaea a fait son retour cette année après six ans sans véritable nouveau opus. Certes, le développeur basé à Gifu a bien sorti des versions « Complete » des précédentes itérations durant ces années, mais aucun nouvel épisode numéroté n’avait pointé son nez durant tout ce temps. Une éternité pour une série plutôt habituée à offrir un nouvel opus tous les trois ans en moyenne, même si les remasters ont permis de rassasier temporairement l’appétit des fans de la licence en manque de nouveauté. L’annonce de Disgaea 6: Defiance of Destiny lors du Nintendo Direct Mini de septembre 2020 a ainsi été accueilli avec beaucoup d’excitation, mais également une pointe d’appréhension. La faute notamment au passage à un moteur 3D dont le rendu semblait peu convaincant.

Rendez-nous la belle 2D

Disgaea n’est pas une série habituée à se révolutionner à chaque épisode et abandonner la belle 2D des versions « Complete » pour passer à la 3D était un mouvement aussi audacieux que périlleux. Malheureusement, cette transition à la trois dimension, outre d’être discutable sur le plan esthétique, n’apporte rien en terme de gameplay et, surtout, impacte significativement le plaisir de jeu en raison de problèmes techniques. La version PlayStation 4 restant une exclusivité nippone, le seul moyen de s’adonner au jeu est de faire l’acquisition d’une version Switch et la console de Nintendo a bien du mal à faire tourner ça proprement. Les ralentissements sont ainsi légion dès qu’il y a plusieurs personnages à l’écran en même temps faisant que, par exemple, parcourir le hub s’avère particulièrement déplaisant et ce même en mode docké. Seule solution, se rendre dans le menu Options afin de choisir entre les trois modes d’affichages disponibles : « Performance » (le mode de base), « Balancé » et « Jouabilité ». Si le second permet de voir le jeu tourner autour des 30fps au prix d’une chute, certes tolérable mais notable, de la qualité visuelle, le dernier s’apparente à une bouillie de pixels indéchiffrables rendant le tout injouable bien que d’une fluidité parfaite (encore heureux !).

Outre son impact négatif sur les performances globales, ce changement de moteur n’apporte in fine rien de bénéfique. Certes, il est possible de bouger la caméra dans tous les sens pour regarder les alentours en pressant un bouton, mais le jeu se déroule fondamentalement comme les précédents avec une caméra qu’il n’est possible de changer que par à-coups. Les problèmes de visibilité inhérents à la série depuis des années sont ainsi toujours présent avec des angles qui ne permettent pas toujours de voir où se trouve notre curseur voir carrément nos personnages. Ce passage à la 3D s’avère ainsi particulièrement rageant, car dans l’absolu ce Disgaea 6: Defiance of Destiny bénéficie d’une direction artistique aux petites oignons, et ce que ce soit concernant l’esthétique visuelle ou sonore. Comme quoi, progrès et nouveautés ne sont pas toujours synonymes d’amélioration.

Du Disgaea comme on l’aime

Comme pour chaque nouvel opus numéroté, Disgaea 6: Defiance of Destiny met en scène un tout nouveau panel de personnages au sommet duquel se trouve Zed, un zombie prétendant avoir vaincu le redouté Death-tructor et capable de ressusciter à volonté. Cette capacité du nom d’Ultra-Réincarnation permet au joueur de revenir au niveau 1 en cours de jeu pour bénéficier de caractéristique de départ boostées. Une possibilité déjà existante dans le passée mais cette fois poussée à son extrême, la facilité avec laquelle elle est utilisable faisant que les personnages peuvent obtenir une force phénoménale. Un côté « too much » à qui colle bien à l’univers totalement loufoque du jeu surtout que les statistiques sont de manière générale totalement invraisemblables. Un combat gagné ? Ce sont des dizaines, voir centaines de niveaux gagnés d’un coup. Un niveau qui augmente ? Les statistiques augmentent de plusieurs milliers d’unité. Bien que contribuant à l’ambiance, cet aspect pénalise cependant la compréhension générale des forces en présence et ce surtout au début du jeu. Difficile en effet de vraiment comprendre les forces et faiblesses de chacun quand dès le premier combat les protagonistes ont des caractéristiques à quatre chiffres. Alors certes, on s’y habitue. Mais on aurait préféré des nombres plus faciles à comprendre au premier coup d’œil que cet amas assez imbuvable.

Disgaea-6-Defiance-of-Destiny-1

Tout comme ses ainés, Disgaea 6: Defiance of Destiny est un jeu au gameplay d’une grande richesse avec une multitude de mécanismes à maitriser. Outre les affrontements eux-mêmes, avec leurs système de combo ou de géo-panels, le jeu offre une multitude de possibilités pour renforcer son équipe. On pense notamment à l’Assemblée Infernale, indispensable pour débloquer de nouveaux équipements ou créer de nouveaux personnages, ou bien le Monde des Objets où le joueur doit enchainer les combats pour augmenter les propriétés de ses items. A noter qu’il existe même un « comptoir de la triche » permettant d’ajuster les propriétés du jeu comme par exemple de favoriser le gain d’XP au détriment de l’argent.

Il sera ainsi facile de se perdre des dizaines d’heures durant, cherchant à optimiser au maximum son roaster et à parcourir le Monde des Objets dans tous les sens pour devenir quasiment invincible. Mais pour qui souhaiterait faire Disgaea 6: Defiance of Destiny en ligne droite tout en se permettant quelques à côtés, il faudra compter une trentaine d’heures avant de voir le jeu rendre son épilogue. Une trentaine d’heures de plaisir, qui plus est intégralement en français.

Disgaea 6 Defiance of Destiny
Disgaea 6: Defiance of Destiny
Note des lecteurs0 Note0
Les plus
Un univers toujours aussi loufoque qu'attachant
La direction artistique générale
Un gameplay d'une grande richesse
Intégralement en français
Les moins
Un passage à la 3D pas vraiment heureux
Des problèmes de visibilité
Ergonomie perfectible
Des statistiques grossies qui pénalisent la compréhension
7
Bon
En deux mots
Toujours aussi loufoque avec son ambiance unique, la série des Disgaea accouche d'un sixième opus très solide bien que pas vraiment innovant. Seule petite révolution, le passage à la 3D s'avère cependant plutôt compliqué techniquement sans pour autant apporter de plus-value en terme d'esthétique ou de gameplay. Dommage, même si cela ne remet pas en question le plaisir que nous a fourni le jeu.