Quelques mois avant la sortie de Disgaea 1 Complete et de Labyrinth of Refrain : Coven of Dusk, Sohei Niikawa était venu rendre visite au public français à l’occasion de Japan Expo. Habitué des rencontres avec les fans étrangers depuis ses années en tant que président chez NIS America, l’actuelle président de Nippon Ichi Software ne s’était pour autant jamais rendu en personne sur le célèbre salon parisien. L’occasion de passer quelques instants en sa compagnie et d’échanger au sujet de cette société aussi atypique qu’attachante.
Un grand merci à Koch Media pour l’organisation de cet entretien.
Interview de Sohei Niikawa (Président de Nippon Ichi Software
Nippon Ichi Software est une petite structure basée à Gifu et ayant la particularité de faire des jeux typiquement japonais. Dans le même temps, la société fait beaucoup d’efforts pour sortir ses jeux à l’international et a d’ailleurs rapidement créé NIS America dans cet objectif. Qu’est-ce qui explique cette volonté d’aller à l’international alors qu’on pourrait penser que ce serait une société entièrement consacrée au marché japonais ?
Sohei Niikawa : Chez Nippon Ichi Software, nous avons la volonté de permettre aux joueurs étrangers, et pas uniquement japonais, de jouer aux jeux que nous avons créés. J’ai eu par le passé l’opportunité d’être président de NIS America et cette expérience m’a permis de rencontrer directement les fans étrangers et de discuter avec eux à de nombreuses fois en me rendant sur des salons. Je me suis ainsi rendu compte que les fans japonais et étrangers sont au final identiques. Leur point commun est que ce sont de vrais amoureux du jeu vidéo japonais. C’est pour ces personnes, quelle que soit leur nationalité, que nous poursuivons cet effort de localisation de nos jeux dans le monde entier.
Quelle part représente actuellement les ventes à l’international chez Nippon Ichi Software ?
Sohei Niikawa : La part des bénéfices venant de l’international est en constante augmentation. Elle représente désormais plus de la moitié de notre chiffre d’affaires.
Cette part importante du chiffre d’affaires venant de l’étranger a-t-elle un impact sur l’aspect créatif de vos jeux ? On voit actuellement beaucoup d’éditeurs japonais s’occidentaliser pour répondre aux goûts internationaux.
Sohei Niikawa : Notre position est qu’il ne faut pas adapter nos jeux en fonction des goûts des occidentaux, tout simplement parce que ce n’est pas ce que les gens attendent de nous. Ce que notre public souhaite et apprécie, ce sont des jeux faits par des artisans japonais et à destination du marché japonais. Faire autre chose ne correspondrait tout simplement à l’image de Nippon ichi Software. Malgré son importance, le marché étranger n’a ainsi aucune influence sur le processus créatif de nos jeux. En revanche, nous prenons en considération la plateforme sur laquelle nous sortons nos jeux en fonction des pays.
Justement, en parlant de vos jeux, Disgaea est une licence qui a toujours été très liée aux consoles Sony, avec des jeux sortant en duo sur PS2/PSP puis sur PS4/Vita. Pourquoi avoir décidé de passer sur Nintendo Switch ? Est-ce parce que vous la considérez comme le successeur de la Vita pour le marché portable ?
Sohei Niikawa : Nous avons en effet fait nos débuts sur la toute première Playstation. C’est grâce aux machines Sony que nous avons pu mettre un pied dans le milieu et bien se positionner sur ce marché. Jusqu’à aujourd’hui, nous avons ainsi utilisé toutes les plateformes issues de chez Sony. Mais après l’abandon de la PS Vita, notamment en Europe, il était devenu difficile de poursuivre nos affaires sur cette console. C’est à ce moment qu’est apparue la Switch et nous avons considéré que c’était développer dessus était une évolution naturelle pour nos jeux destinés au marché des consoles portables. L’avenir du jeu portable se trouve dessus.
La série Disgaea fête ses 15 ans cette année. Quel regard portez vous sur ce qu’est devenu la série et pensiez-vous, quand vous l’avez lancé, qu’elle aurait un jour autant de succès ?
Sohei Niikawa : Disgaea est un véritable condensé de l’esprit Nippon Ichi Software. Pas seulement pour son ambiance mais également pour l’esprit qui s’en dégage. Un point important est le « service spirit », soit le fait de vouloir faire plaisir à nos clients. Nous cherchons ainsi à faire plaisir aux joueurs en mettant en place des systèmes originaux et en intégrant dans nos jeux beaucoup d’idées. Il y a également le « challenge spirit », soit celui de progresser face à la concurrence. Comme vous l’avez relevé, nous sommes une petite société basée dans la campagne japonaise et nous avons besoin de redoubler d’efforts pour prendre le dessus sur nos gros concurrents.
Beaucoup de personnes ont découvert Nippon Ichi Software en Occident grâce à Disgaea. Comment leur présenteriez-vous Labyrinth of Refrain : Coven of Dusk, votre nouveau titre, pour leur donner envie d’y jouer ?
Sohei Niikawa : Labyrinth of Refrain est un peu le successeur ou l’héritier spirituel de Disgaea en tant que future grosse licence de Nippon Ichi Software. Tout le monde connaît Disgaea et nous souhaitons apporter la même notoriété à ce titre dans le futur, en faire un de nos fers de lance. Nous avons ainsi traduit le jeu en français pour prouver la confiance et le sérieux que nous lui accordons.
Retrouvez notre test complet de Disgaea 1 Complete.