Pour fêter les 15 ans de sa série phare, Nippon Ichi Software a ressorti une nouvelle fois de ses cartons Disgaea: Hour of Darkness, Tactical-RPG ayant fait le bonheur de la Playstation 2 avant d’être porté quelques années plus tard sur consoles portables puis sur PC. Renommé Disgaea 1 Complete pour l’occasion, le titre bénéficie d’une mise à jour graphique ainsi que d’une localisation française en bonne et dû forme. Un jeu de choix pour la Switch et la Playstation 4 même si quelques imperfections auraient méritées d’être corrigées, tant qu’à faire.

Ce test Disgaea 1 Complete a été réalisé sur une version Switch fournie par l’éditeur.

Voyage en terre connue

Il aura donc fallu 15 ans pour voir Disgaea: Hour of Darkness atteindre le stade ultime de son évolution. Après plusieurs portages ayant apporté du contenu supplémentaire (PSP, 2007), une traduction française (Nintendo DS, 2009) et la possibilité de jouer avec les voix japonaises (PC, 2016), le premier opus de la série emblématique de Nippon Ichi Software nous revient dans une version « Complete » réunissant le meilleur de chacun des portages sortis jusqu’à présent. Fort heureusement pour nous, il ne s’agit donc pas d’un simple copier/coller de Disgaea PC, une version critiquée pour ses textures baveuses résultant d’un simple étirage en 1080p de la version PSP et dont la traduction française avait mystérieusement disparu. Outre le retour des sous-titres dans la langue de Molière, Disgaea 1 Complete est également allé piquer les assets de Disgaea 5 pour bénéficier enfin d’un aspect visuel qui soit digne des standards actuels.

disgaea 1 complete dialoguesNous voilà donc une nouvelle fois plongé dans les aventures de Laharl, fils du roi des enfers, qui va découvrir après une petite sieste de deux années que son paternel est décédé et qu’il a hérité de ce fait du titre d’Overlord. Un statut que beaucoup auraient aimé récupérer et qui va amener le jeune roi à affronter de multiples prétendants pour gagner la légitimité qui lui fait défaut. N’allez cependant pas croire à la lecture de ce rapide synopsis que Disgaea 1 Complete soit un titre sombre et à l’ambiance lourde. Dans un style typiquement « Nippon Ichi », le jeu est en effet profondément drôle et ne se prend jamais au sérieux, allant jusqu’à faire mourir le père de Laharl à l’aide un bretzel mal dégluti. On a connu des morts plus éblouissantes pour un personnage censé incarner le mal absolu. S’étirant sur 14 chapitres, chacun étant composé généralement de quatre combats, le scénario ne se révèle de toute façon que purement anecdotique et permet de se détendre l’esprit assez efficacement entre deux affrontements. Ce qui est déjà une belle chose en soi.

Un jeu complètement de niche

Derrière cette façade bon enfant se cache cependant un véritable jeu de niche avec des mécaniques de gameplay aussi riches que pouvant effrayer le néophyte. Il faut dire qu’à part de rapides explications en début de partie, Disgaea 1 Complete lâche complètement le joueur et ce sera à ce dernier de chercher, de tester, et de s’aventurer dans les nombreux menus pour découvrir l’existence ou le fonctionnement de tel ou tel mécanisme. Passé les premiers chapitres, relativement faciles et ouverts à des attaques frontales sans véritable stratégie ni préparation, il sera de toute façon indispensable de passer de longs moments dans l’Assemblée Infernale et le Monde des Objets sous peine de se confronter à un mur de difficulté insurmontable.

disgaea 1 complete 3 création personnagesHub central du jeu, le château des Overlords sera le point de départ et d’arrivée de chacune de vos expéditions. C’est surtout là que vous trouverez les boutiques, pour faire vos achats, l’hôpital, pour soigner vos combattants, et surtout les deux éléments mentionnés plus haut. L’Assemblée Infernale, tout d’abord, peut être résumée grossièrement comme étant une usine à combattants allant de leur création à l’augmentation de leurs attributs (déplacement, riposte, etc…) moyennant des points de Mana durement obtenus en combat. Grosse subtilité, et elle n’est pas des moindres, chacun de vos choix devra être soumis au vote de ladite assemblée et il sera de bon ton de corrompre les participants pour voir leur vote pencher en votre faveur. Les plus courageux oseront peut-être tenter la méthode de force en cas de refus, l’Assemblée se transformant alors en un classique terrain de combat. Mais cette option sera à éviter tant les votants bénéficient d’un niveau prohibant toute volonté de révolte.

S’il est possible de perdre un temps fou dans l’Assemblée Infernale afin de mettre sur pied la meilleure équipe possible, cela n’est rien comparé au Monde des Objets. Concrètement, ce menu vous permet d’accroître les caractéristiques de vos items en y pénétrant pour y enchaîner des affrontements contre des ennemis de plus en plus coriaces. A l’intérieur, il sera également possible d’y croiser des Innocents, soit des créatures particulières qui augmenteront certaines caractéristiques de votre objet une fois éliminés. A vous de les terrasser en premier, les autres monstres cherchant à les mettre à mort avant vous, pour pouvoir bénéficier de ses points bonus. A noter que ces Innocents pourront être transférés d’un objet à l’autre, permettant de créer des équipements d’une puissance redoutable. Un passage obligatoire passé le premier tiers du jeu qui décuple une durée de vie déjà bien coquette si l’on ne prend en compte que les combats imposés par le scénario.

On en voit de toutes les couleurs

Prenant la forme d’un Tactical-RPG somme toute assez classique, les combats sont agrémentés de plusieurs subtilités permettant tout aussi bien d’enchaîner des combos dévastateurs que de se faire cruellement détruire son équipe en cas d’inattention. A chaque tour, le joueur aura deux actions à sa disposition : se déplacer, et une autre à choisir entre attaquer, se défendre, utiliser un objet et soulever/lancer ce qui lui tombe sous la main. Si le déplacement se fait immédiatement, il conviendra de valider l’exécution de sa seconde action afin que celle-ci soit effectivement déclenchée. Cette liberté accorde ainsi au joueur la possibilité de faire converger toutes ses attaques vers le même ennemi au même moment, une stratégie permettant d’engranger des combos, sources de points bonus en fonction de la longueur de l’enchaînement réalisé. Une fois le tour du personnage écoulé, plus question de revenir en arrière. Il faudra donc faire fortement attention à la case sur laquelle vous avez disposé votre combattant, celle-ci pouvant être sujette à des caractéristiques aussi bien positives que négatives en fonction de sa couleur.

disgaea 1 complete 2 combats

Les Geo Panels, autrement dit les cases, ne se voient pas attribuer une propriété de manière aléatoire ni définitive. En posant un Geo Symbole sur un Geo Panel d’une couleur définie, c’est toute la zone de la carte couverte par la même couleur qui sera affectée, pour le meilleur comme pour le pire. A vous donc de les déplacer ou de les détruire pour modifier les propriétés du sol à votre guise et éviter d’avoir à subir des attaques d’un monstres aux capacités multipliées par 6. Attention toutefois si vous prend l’envie de réduire en pièce ces petites pyramides colorées. S’il est posé sur un Geo Panel d’un couleur différente, le Geo Symbole détruit entraînera une explosion une explosion en chaîne sur toutes les cases de la zone et changera par la même occasion la couleur de ceux-ci. Si un autre Geo Symbole se trouve détruit dans l’opération, un autre cycle de destruction s’enclencha, et ainsi de suite. Idéal pour nettoyer la carte ou atteindre des zones autrement inaccessibles, mais attention à ne pas décimer votre équipe en l’espace d’un petit tour.

Une ergonomie d’un autre temps

Mis bout à bout, tous ces éléments rendent les combats de Disgaea 1 Complete délicieusement excitants et passionnants. Il faudra toutefois faire avec une caméra aux angles pas toujours judicieux et à la lisibilité bien trop imparfaite dans les cartes au dénivelé bien trop marqué, obligeant régulièrement à avancer à l’aveuglette en espérant tomber du premier coup sur la case désirée. On regrettera grandement que Nippon Ichi Software n’ai pas inclus la possibilité de déplacer librement la caméra aussi bien verticalement qu’horizontalement, ce qui aurait amélioré grandement l’expérience de jeu durant les combats. Le friendly-fire étant de mise, on aurait également apprécié que nos combattants choisissent en priorité un ennemi au moment de la sélection de la cible de notre attaque. Si l’on comprend aisément que nos compagnons puissent subir les dégâts des attaques spéciales, celles-ci ayant une zone d’impact plus ou moins large, on peine à comprendre la possibilité laissée au joueur de voir Laharl découper un de ses compères dans le cas d’une attaque basique ne touchant qu’une seule case. Alors quand en plus c’est vers celui-ci que se dirige par défaut notre attaque, il faudra redoubler d’attention une fois dans le feu de l’action sous peine de fausse manipulation pouvant être fatale…

disgaea 1 complete menusDans le même registre, on n’aurait pas été contre une refonte des menus pour les rendre bien plus ergonomiques, ceux-ci rendant par exemple l’achat d’équipement d’une galère sans nom. Concrètement, même si un code couleur vous indique si qu’une caractéristique va être impactée positivement ou négativement, il n’est aucunement précisé si celle-ci augmentera (ou diminuera) de 2, 5, 10 ou 50 points. A moins de connaître les statistiques de ses combattants par cœur, cela implique donc de quitter le magasin pour les vérifier dans un autre menu avant de retourner finaliser son emplette. Un travers d’autant plus incompréhensible que lors de l’équipement de l’objet, donc après achat, il est aisé de comparer les statistiques avant/après équipement. De même, il est uniquement possible de se rendre dans le Monde des Objets pour les items se trouvant dans votre sacoche, celle-ci ayant par ailleurs une capacité de stockage relativement limitée. Tout ce qui se trouve au dépôt et sur vos combattants ne sera ainsi pas accessible dans ce mode, obligeant à de fastidieuses sessions d’échanges dans les menus.

disgaea 1 complete
Disgaea 1 Complete
Note des lecteurs0 Note0
Les plus
Un univers totalement loufoque
Une jolie refonte graphique
Les combats prenants
Belle durée de vie
Intégralement en français
Les moins
Les angles de caméra
Maniabilité capricieuse
Ergonomie des menus à revoir
Ça manque d'explications
7
Bon
En deux mots
Bien que n'apportant rien de véritablement neuf hormis un lifting graphique réutilisant les assets de Disgaea 5, Disgaea 1 Complete s'impose logiquement comme la version la plus aboutie de Disgaea: Hour of Darkness en intégrant toutes les améliorations apparues au fil des différents portages. Terriblement grisant durant ses combats, le titre pourra cependant effrayer les néophytes tant la difficulté devient rapidement impitoyable pour qui n'aura pas creusé en profondeur les différents mécaniques du jeu. Un titre que l'on recommande chaudement à un public averti et n'ayant pas peur de naviguer longuement dans des menus d'une ergonomie d'un autre âge.