Œuvre majeure de la littérature de science-fiction publiée en 1898, La Guerre des Mondes a connu au fil des décennies de multiples déclinaisons au cinéma, en série TV ou bien encore en un drame radiophonique rentré dans l’Histoire en 1938. Rien d’étonnant donc à la voir connaitre une adaptation en manga, désormais disponible chez nous grâce à Ki-oon.


La-Guerre-des-mondes

En 1901, le quotidien de la petite ville anglaise de Maybury est bouleversé par un événement incroyable : un énorme cylindre métallique s’est écrasé à proximité… Or, quelques jours plus tôt, une lueur inhabituelle avait été observée sur Mars. Pas de doute, l’objet vient de la planète rouge ! La population se précipite pour l’examiner et attend avec impatience l’ouverture de ce qui semble être un vaisseau spatial. Une créature tentaculaire apparaît au sommet… et s’attaque à la foule en détruisant tout sur son passage ! Le jour suivant, d’autres Martiens atterrissent et se lancent à l’assaut de la campagne du haut d’immenses robots tripodes. Les armes humaines ne font pas le poids face à l’envahisseur… Il ne reste qu’un moyen de survivre : la fuite !

La Guerre des mondes est édité chez Ki-oon et est vendu au prix de 13,90€.

Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.


Parmi la multitude qu’il existe en France, les éditions Ki-oon font partis de ces quelques éditeurs de mangas qui transpirent la passion du livre et de la littérature. Un amour qui se ressent dans la qualité d’édition de ses ouvrages, bénéficiant de matériaux de qualités et à l’esthétique travaillée, mais également de la ligne éditoriale. C’est ainsi chez Ki-oon que l’on retrouve depuis 2018 la superbe collection Les chefs-d’œuvre de Lovecraft, recueil de mangas adaptant les récits d’un des plus grand auteurs de récits d’horreur du XXe siècle. Deux ans et demi plus tard, l’éditeur récidive en publiant une nouvelle fois un classique de la littérature fantastique : La Guerre des Mondes. Tenant en trois tomes, le manga fût d’ailleurs prépublié dans Comic Beam, la même revue qui a accueillie en son sein les talentueuses adaptation de Lovecraft par Gô Tanabe. Un gage de qualité, même si l’approche s’avère légèrement différente.

La-Guerre-des-mondes-extrait

Tout comme pour les récits de Lovecraft, Ki-oon n’a pas lésiné sur les moyens pour offrir au titre de Hitotsu Yokoshima (dessin) et Sai Ihara (scénario) une qualité d’édition à la hauteur de l’œuvre d’origine. Format plus grand qu’à l’habitude (A5, soit 15*21cm), couverture ride et papier épais noir, nous sommes une nouvelle fois face à un bel objet même si moins clinquant que les adaptations en mangas des romans de Lovecraft qui bénéficient elles de couvertures en simili-cuir. Pour autant, cette esthétique plus sobre s’avère pertinente en raison du style beaucoup plus « manga » de La Guerre des mondes. Sans remettre en question la qualité du dessin, au demeurant plutôt joli de manière générale, celui-ci ne bénéficie pas d’autant de détails que celui de Gou Tanabe, que ce soit concernant les décors ou les personnages, et les traits de ces derniers ainsi que leurs expressions faciales ne jouent clairement pas la carte du réalisme. Le lectorat visé n’est ainsi pas vraiment le même, La Guerre des Mondes étant beaucoup plus facile à aborder pour un jeune lectorat alors que, par exemple, L’Appel de Cthulhu ou Dans l’abîme du temps cherchent clairement à toucher un public adulte, peut-être plus élitiste, et pas forcément lecteur de manga.

Concernant le récit, celui-ci propose une lecture nouvelle de l’œuvre d’origine tout en cherchant à retranscrire le plus fidèlement possible les émotions que cherchait à faire passer H. G. Wells il y a plus de 100 ans. A travers les yeux d’un photographe, nous suivons ainsi cette arrivée extraterrestre et les efforts tous plus vains les uns que les autres pour parvenir à la contrer. Le résultat est globalement réussi, la menace apparaissant comme véritablement effrayante et les massacres s’enchainent quelle que soit l’opposition en face, même quand les troupes d’élite de l’armée sont appelées à la rescousse. Un sentiment d’impuissance renforcé par l’époque à laquelle se déroule La Guerre des Mondes qui fait rapidement comprendre au lecteur que la bataille est perdu d’avance. Bien rythmé, ponctué de scènes de massacres, ce premier tome se laisse lire d’une traite mais pèche cependant à offrir des scènes pleinement percutantes. La faute probablement à un dessin bien trop sage, sans effusions de sang et avec des corps déchiquetés bien trop « proprement », empêchant le récit de pleinement prendre le lecteur au tripes.