Série anime du studio Bones réalisée par Shinichiro Watanabe, Carole & Tuesday a connu une adaptation en manga dont le troisième et ultime tome est sorti au Japon en juillet 2020. Désormais disponible en France par l’intermédiaire de nobi nobi !, cette déclinaison au format papier s’avère-t-elle aussi convaincante que l’œuvre d’origine malgré l’aspect central qu’y tiens la musique ?
Dans un monde futuriste où la population a émigré vers la planète Mars, la culture est en grande partie créée par des intelligences artificielles dont la population est friande. C’est dans ce contexte policé que deux jeunes filles rêvant de devenir de vraies musiciennes se rencontrent : Carole, la débrouillarde vivant de petits boulots et Tuesday, l’héritière d’une famille aisée. Le parcours pour percer dans le monde de la musique sera long et compliqué, mais elles vont bouleverser le genre en y apportant beaucoup d’humanité.
Carole & Tuesday est édité chez nobi nobi ! et est vendu au prix de 7,20€.
Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.
Diffusé en 2019 au Japon sur Fuji TV puis quelques mois plus tard à l’international sur Netflix, Carole & Tuesday avait fait pas mal parler à l’époque en raison de sa qualité mais également comme étant la nouvelle série de Shinichirô Watanabe, connu pour avoir réalisé dans le passé des merveilles comme Cowboy Bebop ou encore Samurai Champloo. D’une durée de 24 épisode, l’anime nous plongeait quelques dizaines d’années dans le futur, à une époque où l’Homme a colonisé Mars, et nous faisait suivre le destin de deux jeunes filles ayant le même rêve, celui de faire une carrière dans la musique. Un chemin loin d’être une partie de plaisir dans un monde où la est aseptisée et dont les succès sont uniquement le fruit de l’intelligence artificielle.
Si les adaptations de mangas en séries animes sont l’occasion de donner de la vie à l’œuvre d’origine en lui conférant du mouvement, de la parole ou encore des couleurs, le chemin inverse est plus complexe à aborder, qui plus est quand le matériel de base est une belle réussite en terme d’animation et/ou de mise en scène. Le risque est en effet de grand de voir le manga comme un simple « produit dérivé » ou un « sous produit » en raison des nombreuses pertes engendrées par le passage au format papier. Une sensation qu’il est difficile de ne pas ressentir à la lecture de Carole & Tuesday, la musique ayant une place prépondérante dans le scénario et la série anime bénéficiant de très belles compositions. Difficile en effet de ressentir les même émotions quand des chansons remplies d’émotions se voient simplement retranscrites par des plans fixes où même les paroles ne sont pas retranscrites.
Pour autant, Morito Yamataka réussi à retranscrire beaucoup de fidélité l’univers de la série, que ce soit aussi bien visuellement qu’au niveau des émotions qui se dégagent de l’œuvre (hormis, donc, les passages purement musicaux). Le duo improbable formé par ces deux jeunes filles que tout semble opposer mais qui se complètent finalement à la perfection est parfaitement retranscrit et on se prend à suivre avec beaucoup d’affection leurs débuts à tâtons dans le monde cruel de la musique. A tâtons mais à un rythme cependant effréné, le manga avançant à la vitesse grand V et condensant environ la moitié de la première saison (soit grosso modo 12 épisodes) en seulement trois petites tomes. Résultat, tout semble beaucoup trop facile pour les deux jeunes femmes et le cadre du récit, pourtant original, n’est pas développé et fait que l’on ne se rend jamais vraiment compte que l’on est à des millions de kilomètres de la Terre, réduisant quasiment à néant tout l’aspect SF du titre. De quoi peut-être décevoir les amateurs de la série anime, mais les nouveaux venus découvrant le manga avec un œil neuf ne devraient y voir (presque) que du feu.