Alors que Nihon Falcom et nous abreuvent de titres tirés de la licence The Legend of Heroes, l’éditeur japonais et NIS America viennent (enfin) de trouver le temps de localiser chez nous Ys X: Nordics. Une attente qui aura durée tout de même plus d’une année. Un nouvel épisode qui recentre l’action sur Adol, notre héros aux cheveux rouges, tout en introduisant une nouvelle héroïne formant avec lui un duo redoutable. L’attente en valait la peine, et il est temps de lever l’ancre pour cette nouvelle aventure.
Ce test de Ys X: Nordics a été réalisé sur une version Switch fournie par l’éditeur et une version PS5 achetée dans le commerce.
Depuis 37 ans, Falcom nous fait vivre les aventures d’Adol Christin à travers ses carnets de voyage, souvent présentés dans un ordre non chronologique. Alors qu’il avait 24 ans dans Ys IX: Monstrum Nox, Adol retrouve ses 17 ans dans Ys X: Nordics, soit l’âge qu’il avait juste après ses premières aventures dans Ys I & II. Accompagné de Dogi et du docteur Flair, Adol navigue vers Celcéta, mais leur voyage est interrompu par une attaque de guerriers Normans, un peuple inspiré des Vikings. Les Normans, dirigés par le Jarl Grimson, imposent leur loi dans le golfe d’Obélia, exigeant des tributs pour leur protection. Adol et ses compagnons se retrouvent à Carnac, une île sous la coupe des Normans, où ils doivent travailler pour gagner de l’argent et poursuivre leur voyage. Cependant, Carnac est envahie par des créatures mystiques, les Griegers, que seuls les utilisateurs de mana peuvent combattre. Adol obtient ce pouvoir en saisissant un coquillage mystérieux sur la plage. Lié par un étrange pouvoir de mana à Karja, la fille du chef des Normans, Adol doit faire face à une invasion de Griegers qui ravage Carnac. Ensemble, ils s’échappent à bord d’un navire en piteux état et rejoignent le camp des Normans pour rapporter les détails de l’invasion. Devenus compagnons d’armes, Adol et Karja voguent à travers les îles du golfe d’Obélia pour découvrir les mystères de cette région et lutter contre les Griegers, le tout sur fond de mythologie scandinave.
Ys X: Nordics conserve la formule ARPG en temps réel qui a fait le succès de la série, avec des combats dynamiques basés sur des attaques, des esquives, des blocages et des sauts. Contrairement aux épisodes les plus récents où l’on contrôlait plusieurs personnages, ce nouvel opus se concentre sur un duo : Adol et Karja. Liés par le mana, ils combattent de manière synchronisée, passant du mode solo au mode duo en un clic. Ce mode, accessible via la gâchette R2, permet de regrouper les deux personnages en position défensive et de lancer des compétences puissantes en tandem, ajoutant une nouvelle dimension stratégique aux combats.
Que ce soit en solo ou en duo, les compétences, qui s’élèvent à 70 en tout, utilisent une réserve de PC qui se recharge automatiquement au fil du combat. Les combats contre les boss nécessitent de briser leur armure avant de pouvoir infliger des dégâts significatifs, obligeant à alterner entre les personnages, chacun pouvant être « pimpé » en fonction de l’équipement pour, par exemple, miser sur la force brute ou sur la capacité à casser les armures. A l’instar des précédents opus, Ys X : Nordics propose un système de combat accessible mais profond, mettant avant tout l’accent sur le plaisir de jeu. Toutefois, le jeu met un petit moment à se lancer, la faute à des tutoriaux parsemés durant les premières heures afin de bien présenter toutes les fonctionnalités. Mais une fois lancé, l’histoire se lance à toute vitesse et on ne voit plus les heures passer.
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Dans ce nouvel opus, Nihon Falcom a fait le choix de nous plonger dans une aventure maritime à travers le golfe d’Obélia. Contrairement à Ys VIII : Lacrimosa of Dana qui se déroulait sur une île interconnectée, et Ys IX Monstrum Nox, centré autour de la ville de Balduq, Ys X : Nordics nous fait vivre la vie de pirate un peu à la Wind Waker. La carte maritime est fragmentée en différentes régions, et le Sandras, notre navire, ne peut pas les explorer immédiatement.
Les débuts sont laborieux, avec un bateau d’une lenteur extrême et maniable comme un semi-remorque tombé en panne. Cependant, à mesure que l’on améliore le navire, l’exploration et les combats deviennent plus agréables. De nouvelles zones et régions se débloquent au fur et à mesure de l’histoire, les îles accessibles étant restreintes au début avant que les possibilités s’agrandissent au fil de l’aventure. La baie d’Obélia offre de nombreux points d’accostage, permettant d’explorer des hameaux et des donjons, et fait que le navire joue un rôle central dans la progression de l’aventure. En mauvais état au départ, il nécessite des améliorations pour affronter les dangers de la mer. On peut renforcer son armure, sa défense ou encore ses capacités offensives en récupérant des composants en mer ou sur les épaves des navires coulés. Le gameplay en mer, bien que basique, permet de varier les plaisirs avec des combats navals et des abordages qui se résument à une succession de trois vagues d’ennemis à abattre.
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Les batailles navales ont d’ailleurs le mérite d’être rarement imposées. Pas de bataille aléatoire, tout est visible et chacun est libre d’aller se fritter ou non aux navires qui stationnent sur les flots. Car si les combats sont relativement divertissant au début, ils se révèlent sur le long terme plutôt monotones et les quelques armes secondaires que l’on peut greffer au navire n’apportent pas de profondeur à ces phases de gameplay. En fait, ces séquences sont un peu l’équivalent des des missions de défense de Ys VIII et de La Nuits de Grimwald de Ys IX, tout en ne s’intégrant pas aussi harmonieusement au déroulement du jeu.
Ys X : Nordics présente une direction artistique légèrement remaniée avec une touche de cel-shading qui apporte un vrai cachet au charadesign. Toutefois, si les animations et les cinématiques sont soignées, certains aspects comme les textures, les décors en arrière-plan et l’eau restent très en retrait. Au niveau des détails des décors, Ys VIII: Lacrimosa of Dana, pourtant sorti en 2017 sur PlayStation 4, est bien plus fouillé et le choix de la Switch comme plateforme principale pour le développement de Ys X : Nordics a eu comme conséquence de fortement brider la partie technique du jeu. Si sur la console de Nintendo le jeu est capé à 30 images par secondes et souffre d’un effet de flou, la versions PlayStation 5 offre quelque chose de propre et fluide, sans pour autant proposer quelque chose à la hauteur du 8ème opus dont la comparaison des environnement extérieur fait assez mal. Musicalement, Ys X : Nordics ne commet pas de fautes majeures, mais il ne se place pas non plus dans le haut du panier de la franchise. Comparé aux récents épisodes, et particulièrement Ys VIII: Lacrimosa of Dana, peu de thèmes restent en mémoire une fois la console éteinte. L’esprit de la série est toujours présent, mais il ne se dégage pas de cet opus la même folie que ses prédécesseurs.
Ys X: Nordics
Excellent
Bien que Ys X: Nordics puisse sembler moins ambitieux que ses récents prédécesseurs, Adol ne stagne pas pour autant et son association avec Karja revisite avec pertinence les mécanismes offensifs et défensifs de ce pionnier de l’action-RPG. La série continue de traverser les générations en portant dignement ses propres valeurs, sans se soucier des modes passagères. Malgré une technique qui soit loin des standards de 2024, et pour être honnête même décevant comparé aux précédents opus, Ys X: Nordics apporte suffisamment de nouveautés et de fraîcheur pour être un épisode diablement solide.