Après avoir démarré en fanfare avec deux opus fantastiques sur SNES et PlayStation puis un solide sur PlayStation 2, Star Ocean a depuis une grosse décennie perdu ses lettres de noblesses. Après avoir mal abordé le passage a la génération Xbox360/PS3 avec Star Ocean 4: The Last Hope, la série de Tri-Ace touché le fond en 2016 avec le très unanimement critiqué Star Ocean 5: Integrity and Faithlessness. Six ans plus tard, la série est de retour avec un opus qui tente de redorer son blason en rappelant son âge d’or aux fans.
Ce test de Star Ocean: The Divine Force a été réalisé sur une version PS5 achetée dans le commerce.
Cet automne est la saison des comebacks de licences plus ou moins oubliées et symbolisant l’âge d’or de feu-Enix. Laissée à l’abandon pendant plus d’une décennie sur console (et pendant 6 ans si on compte un anecdotique jeu smartphone), Valkyrie Profile, série née sur PS One en 1999, a ainsi fait son retour en septembre dernier avec Valkyrie Elysium. Un opus certes très accrocheur mais dont la réalisation trahissait l’intérêt tout relatif que lui avait accordé Square-Enix. Un mois plus tard, c’est au tour d’une autre licence liée à Tri-Ace qui fait son retour avec Star Ocean: The Divine Force, sixième itération d’une série qui a gagné ses lettres de noblesse sur Super Famicom et PS One, ainsi que dans une moindre mesure sur PS2. Bien que développés par deux sociétés différentes, Star Ocean étant resté dans le giron de Tri-ace tandis que c’est Soleil qui a hérité du développement du nouveau Valkyrie, les deux titres semblent avoir bénéficié (souffert ?) du même cahier des charges. A savoir un budget alloué trop restreint et bridant un gameplay pour le coup plutôt solide.
Des faux-airs de Star Ocean: The Second Story (et c’est bien)
Il y a un arrière-goût savoureux de Star Ocean 2 dans Divine Force. A l’instar du jeu sorti en 1998 (au Japon, 2000 en France), le dernier né de la série offre le choix entre deux personnages au moment de lancer sa partie. D’un côté Laeticia, jeune princesse d’un monde médiéval-fantastique, et de l’autre Raymond, marchand venu d’un monde « futuriste » qui s’est échoué sur la planète de la jeune femme. Si la trame scénaristique est globalement identique quel que soit le personnage choisi (il est possible de changer celui que l’on dirige à la volée), le choix opéré aura quelques incidences quand le groupe sera amené à se séparer ponctuellement, faisant que l’on suivra exclusivement ce qui se passe d’un seul point de vue. Des « trous » scénaristiques qui donnent un peu d’intérêt pour un second run, même si c’est tout de même bien peu pour justifier de tout refaire uniquement pour ça.
De manière générale, l’histoire de Star Ocean: The Divine Force est très sympa sans être pour autant extraordinaire et se dévoile véritablement dans sa seconde partie quand les enjeux dépassent clairement les frontières de la planète Aster IV pour s’étendre à l’espace intersidéral. Certains pourront trouver montée en puissance longue, mais votre serviteur a pour le coup plutôt apprécié les deux premiers tiers confinés sur la planète de Laeticia. Quant aux quêtes annexes, elles sont totalement dans le registre du « Fedex » sans intérêt et ne sont pas assez gratifiantes pour inciter le joueur à s’attarder dessus. Vous pouvez passer à côté sans trop de regrets.
Des faux-airs de jeu PS3 (et c’est pas bien)
Si le fond rappelle les grandes heures de la série sur PS One, la forme quant à elle lorgne malheureusement du côté des jeux PS3, particulièrement en ce qui concerne les personnages. Esthétiquement parlant, Star Ocean: The Divine Force est clairement au niveau. Tri-Ace nous gratifie en effet d’une direction artistique réussie et les environnements rappellent un peu ceux de Xenoblade Chronicles avec leur gigantisme et la grande liberté de mouvements qu’ils offrent. L’enrobage musical de Motoi Sakuraba, fidèle au poste, contribue à cette ambiance envoutante même si la bande-originale est moins impactante que celle des anciens opus ou de Valkyrie Elysium qu’il a également composé.
Malheureusement, le tout est desservi par une technique bien trop faiblarde pour un jeu sortant en 2022, qui plus est sur des consoles de dernière génération (PS5 et Xbox Series). Distance d’affichage limitée, popping, textures simplistes, ou encore chute de framerate ne mettent en effet pas du tout en valeur des environnements qui auraient mérité un meilleur sort. Même en mode performance, le résultat est loin d’être parfait avec des animations régulièrement saccadées.
Mais le véritable point noir est clairement les personnages. Si le chara-design d’Akiman n’est pas un monument d’originalité, il n’en reste pas moins efficace avec par exemple une Laetitia plutôt réussie. Mais le rendu in-game est réellement problématique. Les visages ont un rendu qui nous renvoi 15 as dans le passé et la synchronisation labiale, totalement aux fraises, donne une terrible sensation d’uncanny valley qu’on a du mal à occulter pendant un long moment. Les animations sont également d’un autre âge et les personnages sont d’une raideur folle qui donne l’impression de voir une planche de bois se déplacer dans les airs. Le mouvement des cheveux est également bizarre, ceux-ci bougeant aléatoirement quand bien même personne ne bouge à l’écran ou qu’il n’y a pas de vent. Tout cela pénalise lourdement le sentiment d’immersion durant les premières heures de jeu même si, bon an mal an, on fini par l’oublier petit à petit…
Des combats agréables mais à peaufiner
Du côté du gameplay, les combats gardent l’ADN de la série en étant en temps-réel tout en offrant la possibilité de mettre en pause pour naviguer dans les menus. Très dynamique, ceux-ci se jouent essentiellement avec trois touches, chacune pouvant lancer jusqu’à trois coups/sorts différents. Concrètement appuyer une fois sur carré lancera « Attaque A », deux fois « Attaque A » puis « Attaque B », trois fois « Attaque A » puis « Attaque B » puis « Attaque C », et ce pour chaque touche. Bien qu’agréables, les affrontements deviennent rapidement brouillons et il s’avère assez complexe de développer une véritable stratégie. Chaque coup ayant ses spécificités (portée longue/courte, ennemi qui est propulsé au loin ou non, etc…), et nécessitant que l’on se rappelle de leur ordre pour chaque touche, on se retrouve de facto surtout à taper sans véritablement réfléchir et en essayant surtout de gérer au mieux ses Points d’Attaque afin de ne pas se retrouver à attendre. En gros, nous sommes surtout face à un bordel, certes joyeux, mais à l’aspect stratégique limité.
Constat également mi-figue mi-raisin concernant les menus. Si ceux-ci offrent un large panel de customisation au joueur, avec notamment un sphérier rappelant celui de Final Fantasy X, leur grande lourdeur et leur manque d’ergonomie rendent la navigation en leur sein assez pénible. Mention spéciale pour les accessoires qui sont enlevés comme par magie de l’équipement de chaque personnage qui quitte ne serait-ce que 5 minutes le groupe. Avec comme conséquence l’obligation de parfois devoir réattribuer les accessoires (2 par protagonistes) de trois, quatre, voir cinq personnages suivant les aléas du récit.
Pour aller plus loin : Test de Star Ocean: The Divine Force sur Actua