Le Dungeon RPG est un genre qui présente dernièrement une certaine vivacité, notamment sur la scène indépendante avec des titres comme Legend of Grimrock ou Wizardry. Du côté du Japon, le succès monolithique de la saga Etrian Odyssey n’empêche pas des studios comme Experience Inc. de faire vivre ces labyrinthes tortueux. Ce sont aujourd’hui deux de ses anciens jeux qui reviennent sur Nintendo Switch : Saviors of Sapphire Wings et Strangers of Sword City. Les deux expériences présentent-elles encore des singularités à même de les différencier de la concurrence ?

Ce test de Saviors of Sapphire Wings/Stranger of Sword City Revisited a été réalisé sur une version fournie par l’éditeur.

Le retour des chevaliers de la table ronde

Student of the Round a parcouru un long chemin avant d’arriver jusqu’ici. D’abord sorti en 2010 sur PC (puis sur PSP et Xbox 360), le jeu a fait son retour sous le nom de Blue-Winged Chevalier en 2019 avec de nouvelles illustrations et cinématiques. Deux ans plus tard, il revient sur PC, et pour la première fois sur Nintendo Switch, sous le nom de Saviors of Sapphire Wings. Le jeu raconte l’histoire des chevaliers de la table ronde dans leur combat contre Ol=Ohma et ses sbires. Alors que les champions de la lumière sont balayés d’un revers de main, le monde sombre dans le chaos. Un siècle plus tard, le héros Xeth se réincarne sous de nouveaux traits. Il ou elle tente alors de réunir de nouveaux écuyers, et de créer un lien indéfectible avec eux pour libérer le monde de cette emprise maléfique.

Il est toujours question de pouvoir personnaliser l’ensemble de ses coéquipiers, en choisissant entre autre le nom, les caractéristiques et l’apparence. Cette version du jeu embarque à la fois les anciens et les nouveaux designs des personnages. Ces ajouts permettent de moderniser la direction artistique, qui présente par ailleurs de beaux atours dans ses rares cinématiques et ses arrières plans. Difficile d’en dire autant pour les compositions musicales qui restent cohérentes avec l’ambiance du jeu sans pour autant briller. Les décors constituent les éléments qui dénotent le plus avec le reste, avec des aplats très fades au sol et des textures murales particulièrement sommaires.

Saviors-of-Sapphire-Wings-et-Stranger-of-Sword-City-Revisited-1

Une recette qui a fait ses preuves

Saviors of Sapphire Wings applique à la lettre les préceptes du Dungeon RPG. Toute la phase de préparation et du choix de quête se déroule dans un vaisseau qui comprend notamment un cellier dans lequel le joueur stock ses objets et pratique l’alchimie. La chambre permet de discuter et de manger avec ses coéquipiers afin de faire grimper la jauge d’esprit. Le niveau d’esprit des personnages est une composante essentielle du jeu, influant sur le gain d’expérience et l’apprentissage de compétences de groupe.

Saviors-of-Sapphire-Wings-et-Stranger-of-Sword-City-Revisited-2

Une équipe comprend un maximum de 6 personnages, disposés sur deux rangées. La première ligne encaisse le gros des dégâts autant qu’elle en distribue au corps à corps. La deuxième ligne attaque à distance et dispense aussi bien des soins et buffs que des sorts d’attaque. L’escouade alors formée permet d’affronter les labyrinthes du jeu, comprenant de nombreux pièges et combats aléatoires. Chaque donjon est décomposé en cases parcourues une à une. Les points de chasse parsèment la carte, sur lesquels un appât peut être déposé pour attirer un groupe de monstres coriaces et obtenir des trésors.

La difficulté de Saviors of Sapphire Wings est parfois impitoyable. Mais les débutants seront rassurés de découvrir qu’elle peut être changée à la volée et que la sauvegarde est disponible à tout instant. Il est à noter cependant que le jeu n’est pas localisé en français.

Saviors-of-Sapphire-Wings-et-Stranger-of-Sword-City-Revisited-3

Un étrange crash d’avion

Saviors of Sapphire Wings ne vient pas seul. Il est accompagné d’une version améliorée de Stranger of Sword City, sorti initialement en 2014 sur PC, Xbox 360 et PS Vita. Derrière le qualificatif Revisited se cache plusieurs ajouts, notamment une personnalisation des coéquipiers plus poussée, ainsi que des quêtes et équipements supplémentaires.

Il est cette fois question d’incarner un malencontreux voyageur, qui se retrouve perdu dans le monde d’Escario après que son avion ait disparu dans un portail dimensionnel. Rapidement mis en défaut par la faune locale, le héros est sauvé par la guilde des étrangers. Il découvre alors rapidement qu’il possède un pouvoir particulier, à l’origine de toutes les convoitises à Sword City.

Saviors-of-Sapphire-Wings-et-Stranger-of-Sword-City-Revisited-4

Bien que l’univers soit différent de Saviors of Sapphire Wings, le déroulement du jeu reste très similaire, autant dans la construction de la feuille de personnage que dans le déroulement des combats. Strangers of Swords City va même jusqu’à recycler les assets sonores et des modélisations d’ennemis, de manière un peu trop visible. Les points de cache remplacent les points de chasse, la morale remplace les points d’esprit, mais les mécaniques sont quasi identiques. Heureusement, le design des personnages et la direction artistique générale permettent de générer une ambiance plus sombre et mature, créant une rupture appréciable.

Le jeu se démarque également sur quelques points comme les quêtes de lignée, apportant plus de récompenses si le niveau de l’équipe est bas. Les cristaux de sang alors récoltés permettent de progresser dans un arbre de compétence, avec des capacités très utiles pour survivre à la clé. La gestion de la mort est différente, nécessitant de choisir entre une récupération de la vie gratuite mais différée, ou payante mais instantanée. Les options d’accessibilité sont moins flexibles, tant sur le mode de sauvegarde que sur le paramétrage de la difficulté. En ce sens, Stranger of Sword City Revisited est probablement moins accueillant pour les débutants que son prédécesseur.

Saviors-of-Sapphire-Wings-et-Stranger-of-Sword-City-Revisited
Saviors of Sapphire Wings/Stranger of Sword City Revisited
Note des lecteurs0 Note0
Les plus
Du challenge, mais aussi de l’accessibilité
Un contenu doublement généreux
Des illustrations efficaces
Les moins
L’application scolaire d’une recette
Décors et musiques sommaires
Des redites évidentes d’un jeu à l’autre
7
Bon
En deux mots
La sortie de ces deux jeux du studio Experience constitue un effort certain de faire vivre le dungeon RPG. Généreuse, cette offre sait se montrer accessible et présente quelques qualités artistiques notables. Mais le résultat n’est pas parfait. La faute notamment à un recyclage à l’excès, une formule finalement très classique, et une localisation qui laissera à la porte de nombreux joueurs. Il reste alors une compilation efficace dans son domaine, qui saura occuper ceux ayant retourné dans tous les sens les Etrian Odyssey et assimilés.