Quand un anime où le héros remonte le temps chaque fois qu’il meurt se voit adapté en jeu vidéo, les espoirs les plus fous sont possibles à l’idée de voir débarquer un titre non-linéaire et aux embranchements scénaristiques multiples. Prenant place dans une réalité alternative à celle de la série anime, Re:ZERO -Starting Life in Another World- The Prophecy of the Throne, sans pour autant être mauvais, n’est cependant pas à la hauteur des attentes qu’on pouvait placer en lui.

Ce test de Re:ZERO -Starting Life in Another World- The Prophecy of the Throne a été réalisé sur une version Switch fournie par l’éditeur.

Série de light-novels écrite depuis près de 10 ans par Tappei Nagatsuki, Re:ZERO -Starting Life in Another World nous fait suivre les aventures de Subaru Natsuki, un lycéen lambda qui se retrouve subitement transporté dans un monde fantasy alors qu’il sortait de la supérette de son quartier. Un monde où, sans qu’il sache pourquoi, chacune de ses morts le ramène en arrière afin de pouvoir changer le cours des événements et permettre, à lui comme à ses proches, d’échapper à un funeste destin. Après une première adaptation en anime en 2016 par le studio White Fox, une suite à la série est actuellement en cours de diffusion depuis juillet dernier sur les plateformes ADN et Crunchyroll. Mais alors que la seconde saison bat actuellement son plein, voilà que débarque Re:ZERO -Starting Life in Another World- The Prophecy of the Throne, visuel novel édité par Spike Chunsoft prenant place en plein milieu de la première saison lors de l’arc de la sélection royale. A la petite nuance près que le jeu va s’inscrire dans une réalité alternative, reprenant les événements de l’arc tout en apportant des modifications substantielles.

Au lieu d’intégrer harmonieusement une histoire originale dans la timeline originelle ou de faire revivre simplement les événements de la série, Re:ZERO -Starting Life in Another World- The Prophecy of the Throne opère en effet le choix plus batard de réécrire un arc existant. Alors que l’œuvre d’origine voit Emilia être convoquée à la capitale pour participer à la sélection royale et y affronter quatre autres candidates, le jeu intègre une nouvelle participante pour faire passer le nombre de prétendantes à six. Un choix scénaristique difficilement compréhensible, les fans de la série risquant d’être très frustré de voir se dérouler un scénario absolument pas canon, sachant qu’en plus l’intrigue consistant à découvrir l’identité de la sixième et fausse candidate est détruite dès le départ quand on a lu le light novel ou suivi la série anime. Soit la cible du jeu dont il est question.

Pour qui passerait outre ce parti pris scénaristique, Re:ZERO -Starting Life in Another World- The Prophecy of the Throne reste cependant un visual novel agréable à parcourir. L’implication dans le scénario de Tappei Nagatsuki, le romancier derrière les light-novels, permet à celui-ci de rester globalement qualitatif et le jeu est assez rythmé pour ne pas souffrir de véritable temps mort. Afin d’apporter un peu de fraicheur à l’avalanche de textes, il est possible de se déplacer par moments lors de phases d’explorations mais également de quelques missions où des objectifs seront à remplir. Mais alors que les phases purement scénaristiques bénéficient d’un bel enrobage en 2D faisant honneur à la série anime, celles où l’on dirige Subaru sont bien moins flatteuses à la rétine avec leur 3D déformée et minimaliste. Par ailleurs, les missions que le joueur est amené à remplir ponctuellement sont d’un intérêt ludique frôlant le néant, Subaru se contentant de se déplacer dans un périmètre limité, interagir avec le décors et de donner des consignes à ses camarades afin de remplir l’objectif fixé en un nombre de tours donnés.

Mais plus que son parti pris scénaristique, plus que ses missions à l’intérêt bancal, le plus gros travers de Re:ZERO -Starting Life in Another World- The Prophecy of the Throne se trouve là où on l’attendait le plus : dans sa narration. Avec une histoire mettant en scène un héros remontant le temps à chacune de ses morts pour tenter de changer le cours du destin, on était en effet en droit d’attendre un système narratif à la 428 : Shibuya Scramble où on aurait pu avancer en tâtonnant dans un système à embranchements, découvrant de multiples réalités alternatives en fonction de nos échecs. On se retrouve cependant face à une narration totalement linéaire qui n’utilise aucunement les capacités offertes par le pouvoir de Subaru. Même si le jeu devrait réussir à satisfaire une partie des fans grâce à son enrobage (le jeu étant par ailleurs intégralement doublé en japonais avec les acteurs de la série), on est quand même loin de ce qu’on était en droit d’espérer.