Après une annonce tout en confidentialité lors du Nintendo Direct de février dernier, le jeu ayant été dévoilé uniquement durant la version japonaise de l’évènement, Paranormasight: The Seven Mysteries of Honjo réalise ce mois-ci une sortie tout aussi discrète sur Nintendo Switch et PC. Et c’est particulièrement dommage, tant ce Visual Novel aussi passionnant qu’ingénieux aurait mérité d’être mis bien plus en avant par Square-Enix.

Ce test de PARANORMASIGHT: The Seven Mysteries of Honjo a été réalisé sur une version Switch fournie par l’éditeur. 

C’est peu de dire que PARANORMASIGHT: The Seven Mysteries of Honjo est passé loin des radars. Annoncé lors du Nintendo Direct de février dernier mais uniquement au Japon, le jeu a souffert d’une communication plus que limitée en Europe, Square-Enix ayant déjà l’esprit bien occupé par des sorties plus médiatiques comme Octopath Travelers II ou Theatrhythm Final Bar Line. Et le goût très limité de votre serviteur pour les Visual Novel, tout du moins jusqu’à récemment, n’a pas aidé à se pencher véritablement sur le cas de ce jeu. Mais le hasard fait bien les choses et le destin a visiblement voulu que le jeu finisse entre ses mains. Et après avoir lancé une partie, le constat est arrivé quasi-immédiatement comme une évidence, avant de se trouver confirmé et renforcé au fil des heures de jeu. Oui, nous sommes bien face à un titre qui aurait mérité bien plus de lumière.

Un Visual Novel qui joue habilement avec le joueur

PARANORMASIGHT: The Seven Mysteries of Honjo nous plonge dans le Japon de la fin de l’ère Showa, à l’époque où le FAX était le summum de la technologie et où le Super Famicom n’était encore qu’un fantasme. Nous y faisons la connaissance de Shogo Okiie, banal employé de bureau qui va servir d’avatar au joueur, tout du moins dans un premier temps. Accompagné Yoko Fukunaga, une amie portée sur l’ésotérisme, il se retrouve à enquêter sur les Sept mystères de Honjo, une histoire de fantômes visiblement liée à un rituel de résurrection. Par la suite, Shogo va rapidement devenir le propriétaire d’un mystérieux artefact permettant de tuer n’importe qui selon des conditions spécifiques, condition sine qua non afin de pouvoir activer le rite de résurrection. Sauf qu’il n’est pas le seul à posséder un tel pouvoir, et que tout le monde ne semble pas si bien intentionné que lui.

Une fois l’histoire lancée, on avance de manière globalement classique pour un Visual Novel, rencontrant au fur et à mesures d’autres protagonistes aux intentions plus ou moins hostiles. Puis, alors qu’on ne se pose plus trop de question, le premier twist apparait. Une timeline, permettant de suivre désormais l’histoire du point de vue des personnes que l’on a croisé jusqu’à présent, et faisant que celui qu’on pensait être le « héros » n’est finalement qu’un personnage comme un autre, si ce n’est encore moins. Un procédé malin qui permet, en variant les angles, de développer profondément des personnages au background déjà fort chargé. De manière générale, le jeu est très riche en informations avec des dossiers détaillant les profils de chacun mais également les malédictions et de nombreux éléments du lore. Des informations qu’il faudra par ailleurs régulièrement consulter afin de mettre la main sur des indices nécessaires à la progression du récit.

Jouant malicieusement avec le joueur, PARANORMASIGHT: The Seven Mysteries of Honjo brise régulièrement le 4ème mur en lui parlant directement ou en lui permettant d’influer directement sur le destin des protagonistes qui ne comprennent pas eux même pourquoi ils réalisent telle ou telle action. Un petit côté meta assez jouissif où, tel un Metal Gear Solid en son temps, les actions du joueur dépassent le simple cadre scénaristique.

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Bien que les interactions soient limitées, Visual Novel oblige, PARANORMASIGHT: The Seven Mysteries of Honjo n’est pas pour autant dénué de tout reproches en termes d’ergonomie. Il n’est par exemple pas possible d’accéder à la Timeline sans quitter le chapitre en cours et les menus sont pas des plus agréables à parcourir en raison d’une certaine latence rendant l’interface un peu lourde. De manière plus générale, on a globalement l’impression de jouer à un jeu PC porté sur Switch mais sans aucune modification de son interface pour l’adapter à la transportable de Nintendo. Une sensation renforcée par la présence ininterrompue d’un curseur de souris et de menus cliquables. On est par exemple loin de l’ergonomie d’un AI: The Somnium Files dont on sent qu’il a été optimisé de A à Z pour le jeu à la manette.

Une direction artistique à la hauteur

Au niveau de l’enrobage, c’est également un quasi-sans-faute. Avec ses décors basés sur des prises de vues réelles faites à 360°, mais totalement redessinées et ses personnages dessinés en 2D, PARANORMASIGHT: The Seven Mysteries of Honjo bénéficie d’une direction artistique vraiment spécifique avec son léger filtre vintage rappelant les écrans cathodiques et renforçant l’immersion dans cette histoire se déroulant à la fin du siècle dernier. Dessinés par Gen Kobayashi, déjà à l’œuvre sur The World Ends with You, les différents protagonistes ont tous un cachet qui leur est propre et le soin apporté à leurs expressions faciales, notamment lorsqu’ils expriment de la peur ou de la colère, contribuent à accentuer l’impact de ces moments mine de rien récurrents dans ce titre riche en rebondissements.

Concernant la partie sonore, les musiques de Iwasaki Hidenori (Front Mission 5 ~Scars of the War~, Final Fantasy Crystal Chronicles: The Crystal Bearers) accompagnent parfaitement l’histoire en alternant brillamment les compositions mélancoliques et d’autres teintées de mystères. De manière générale, c’est toute la partie sonore dont la qualité du travail est à souligner, les bruitages et le sound design étant particulièrement soignés, source de quelques jumpscare qui ne manqueront pas de vous mettre en émoi le palpitant.

Avec toutes ces qualités, quel dommage que PARANORMASIGHT: The Seven Mysteries of Honjo ne puisse finalement pas s’ouvrir à un public relativement large en raison de sa localisation. Traduit uniquement en anglais – pour des raisons économiques qu’on peut certes comprendre – le jeu de Square-Enix ne se livrera pleinement qu’à ceux ayant un niveau un minimum élevé dans la langue de Shakespeare. Sans même avoir à être bilingue, une certaine aisance en anglais est en effet nécessaire pour comprendre les tenants et aboutissants du scénario sans avoir à passer son temps sur Google Translate pour comprendre chaque point du lore. Mais à 20€ le jeu, au format numérique uniquement, on ne va pas faire la fine bouche outre-mesure vu la quantité de dialogue qu’il aurait fallu traduire dans notre langue.