Après Criminelles Fiançailles l’année dernière, Pika Edition commercialise chez nous Saisons Maudites, un manga sorti chronologiquement deux ans plus tôt au Japon et qui marquait alors les débuts de la carrière de son autrice, Asuka Konishi. Un titre où l’on retrouve déjà certaines thématiques fétiches à la mangaka et une dimension émotionnelle forte.


Fiancée de manière arrangée à Tôgo Hiiragi, héritier d’une riche et puissante famille, Haru était pourtant folle amoureuse de ce jeune homme avant de décéder d’un cancer, à seulement 19 ans. Natsumi, l’aînée de Haru, supporte mal cette disparition et cherche désespérément à se raccrocher au souvenir de sa petite sœur, qui représentait tout pour elle. Alors, pour sauver ces fiançailles convenues entre leurs deux familles, Natsumi accepte de remplacer Haru et de sortir avec Tôgo à une condition : qu’il l’emmène uniquement aux endroits où il s’est rendu avec sa sœur. Mais au fil des saisons, le souvenir de Haru va prendre la forme d’une malédiction pour ce couple qui n’aurait pas dû exister…

Saisons maudites est édité chez Pika Edition et est vendu au prix de 7,95€.

Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.


Bien que le public français ai fait la connaissance d’Asuka Konishi en janvier 2022 avec Criminelles Fiançailles, un manga sorti en 2017 au Japon, l’autrice n’en était pas à son coup d’essai et avait auparavant publié deux ans auparavant Haru no Noroi, courte histoire tenant en deux volumes et désormais commercialisée chez nous par Pika Edition sous le nom de Saisons Maudites. Deux ans avant de nous plonger dans une comédie romantique déjantée prenant place dans la pègre japonaise, la mangaka s’était déjà essayé au registre de la romance avec le manga dont il est question aujourd’hui, avec toutefois un registre beaucoup plus sombre. Fini l’alliance forcée destinée à unir deux clans yakuza, et place cette fois à un récit beaucoup plus sombre où le deuil est l’occasion de voir éclore une relation amoureuse que tout semblait devoir rendre tabou.

Rien ne prédisposait en effet Natsumi et Togo à sortir ensemble. Si les deux familles avaient certes bien conclu un mariage arrangé entre leurs progénitures, c’est Haru, la grande sœur de Natsumi, qui avait été désignée pour s’unir avec l’héritier de la famille Hiiragi. Mais son décès prématuré des suites d’un cancer foudroyant a rebattu les cartes et c’est désormais son aînée qui se retrouve à nouer une relation sentimentale avec Togo, prétendument afin de sauver les fiançailles convenues entre les deux familles. Sauf que derrière ce prétexte de façade, les deux semblaient éprouver des sentiments réciproques depuis déjà longtemps, bien avant même le décès d’Haru.

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L’expérience du deuil, son acceptation, la culpabilité que l’on peut ressentir vis à vis de la personne décédée à l’idée de continuer sa vie au point de lui « voler » ce à quoi elle tenait le plus, Saisons maudites aborde en deux petits tomes des thèmes profond, à la fois touchant et difficile à aborder. Torrent d’émotions en flux continue tout au long des huit chapitres qui le composent, le manga fait se questionner sur la mort mais surtout sur l’après, et comment reprendre une vie en acceptant ses sentiments même si ceux-ci vont à l’encontre de ce qu’aurait souhaité la personne défunte mais également les proches qui nous entourent. Un déluge d’émotion que le dessin filiforme d’Asuka Konishi, que l’on aime de plus en plus au fil du temps, emphase avec beaucoup de réussite grâce notamment à des expressions faciales assez impactantes.

Malgré sa thématique lourde, Saisons maudites ne sombre pour autant pas dans le drame outre-mesure et sait garder un subtil équilibre l’évitant de devenir un pur concentré de pathos. La fin évite d’ailleurs de basculer dans le happy-end ou dans le bad-endind et nous livre un épilogue tout en délicatesse qui convient parfaitement à ce duo auquel on s’est rapidement attaché malgré le peu de temps que l’on a finalement passé en leur compagnie.

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