Publié depuis l’année dernière dans Monthly Comic Ryū, Soul Guardians fait enfin son arrivée en France grâce à l’éditeur Komikku. On s’est plongé dans le premier tome de ce manga signé Icori Ando et comptant actuellement deux volumes reliés au Japon.
Ne feignons pas un savoir absolu grâce à quelques judicieuses recherches Google, c’est avec Soul Guardians que votre serviteur a fait la connaissance de Icori Ando. A sa décharge, le mangaka n’est pas non plus ce que l’on appelle un modèle de célébrité et ne possède même pas de page à sa gloire dans le Wikipedia japonais. Bref, c’est avec un regard libre de tout préjugés et une douce sensation d’excitation que l’on s’est lancé dans la lecture de ce manga tournant autour du personnage de Hyakushi Ono et de la « Soul Brigade », une entité spéciale chargée de recueillir les papillons s’échappant du corps des personnes décédées et comportant toutes les informations les concernant. Récupérées sous 50 jours, ces données pourront être conservées et permettre aux familles de communiquer avec le défunt sous forme d’hologramme. Ancien militaire, Ono est un personnage marginal au sein de la brigade et éveillant la curiosité de ses collègues de par son ardeur effrénée au travail. Il faut dire qu’il porte un lourd passé. Sa famille a perdu tragiquement la vie il y a 14 ans dans un accident d’avion et sa sœur vit depuis ce jour dans un état végétatif suite au vol de son papillon par un mystérieux individu. Déterminé à retrouver l’esprit de sa sœur, Ono a décidé de rejoindre la Soul Brigade et de combattre par la même occasion le trafic illégal de papillons.
Une unité spéciale, une dose de fantastique, du suspens, le rapport à l’esprit, le background de Soul Guardians fait immédiatement penser à Psycho-Pass et il suffit de regarder certains des croquis présentant l’équipe pour avoir l’étrange impression de lire un spin-off du manga de Hikaru Miyoshi. Oui, l’inspiration semble flagrante. Mais c’est rapidement oublié une fois plongé dans cette histoire au récit rondement mené et s’inspirant de la croyance bouddhiste comme quoi l’âme d’un défunt reste sur terre pendant 49 jours avant d’accéder au Nirvana. Maîtrisant avec talent sa narration, Icori Ando arrive à retenir le lecteur en haleine en l’abreuvant de questions et d’éléments intriguant. Pourquoi le corps de la soeur d’Ono ne s’est pas encore décomposé alors que 50 jours se soient écoulés ? Quelle est cette entité secrète dérobant les papillons ? Et que veulent dire ces graffitis « A qui appartiennent les papillons ? » ? Autant d’éléments qui amènent le lecteur à vouloir découvrir la suite tout en se raccrochant aux quelques éléments de réponse distillés minutieusement.
On attendra d’en lire un peu plus pour se faire un avis plus tranché sur les personnages, mais ceux-ci laissent transparaître une profondeur inversement propositionnelle à leur design manquant d’inspiration. Parmi les protagonistes les plus intéressants, on pourra relever Araï, la chef du groupe dont le papillon de son mari a également été volé ou encore Tanaka, le cinquantenaire de l’unité se servant de l’hologramme d’un ami décédé comme indic’ pour ses enquêtes. Sagawa rempli quant à elle la case « atout charme » du cahier des charges avec pas mal de réussite, en laissant apparaître en filigrane un personnage bien plus complexe qu’il n’y parait au premier abord. Reste à voir le traitement qui leur sera infligé dans les prochains tomes et si tous seront traités avec le même soin.
(Soul Guardians est édité chez Komikku et est vendu au prix de 8,50€. Critique réalisée à partir de planches fourni par l’éditeur.)