Prépublié au Japon entre janvier 2015 et février 2019 dans le Shônen Magazine R de Kodansha, Yoku-Oni décline à sa manière l’une des thématiques les plus appréciées des auteurs japonais, à savoir les démons, ou « oni » en japonais. Mais là où d’habitude nous avons à faire à des personnes décédées transformées en démon, ou en des créatures matérialisant les plus grandes peurs des humains, le manga de Mitabi Irohara propose de manière originale une voie intermédiaire. Suffisant pour lui permettre de tirer son épingle du jeu ?

Le monde est infesté de démons qui se matérialisent selon les désirs des gens. Ainsi, si quelqu’un désire la destruction, lui sera accordé un pouvoir dévastateur lui permettant de laisser libre cours à ses pulsions. Ces êtres sont appelés les Yoku-oni. Un de ces monstres serait responsable de l’horrible mort de la mère et la soeur du jeune Satoshi. Afin de débusquer le coupable, il fait appel à Masato Jitsunashi, un puissant Yoku-oni habité par un profond désir de justice. Muni de son colossal marteau de juge, il expie le mal avec fracas. Aidé de sa petite soeur Nina, Masato s’est donné comme mission d’abattre tous les Yoku-oni dangereux ayant perdu le contrôle de leurs désirs.
Yoku-Oni est édité chez Pika Edition et est vendu au prix de 7,70€.
Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.
Débutée en 2015 et ayant pris fin en 2019, Yoku-Oni est la première œuvre de son auteur, Mitabi Irohara, si l’on met de côté une poignée d’histoires courtes en un seul chapitre. Première œuvre, mais également dernière en date, le mangaka n’ayant rien créé depuis hormis une illustration pour le chapitre 54 de Bakemonogatari. Pourtant Yoku-Oni est loin d’avoir été un échec avec 9 tomes au compteur, et avec superbe coup de crayon loin d’être avare en détails, on aurait facilement imaginé revoir l’auteur plus souvent depuis la fin du manga. Et comme souvent, c’est Pika Edition qui a repéré cette série, la maison d’édition ayant souvent le né creux pour dénicher des formats courts fantastiques/SF.
A première vue, Yoku-Oni pourrait être une énième histoire de démons, peut-être agréable à lire mais fondamentalement assez classique dans sa forme. Mais le manga arrive à tirer son épingle du jeu grâce à un concept où les humains se transforment en démons appelés « Yoku-Oni » quand leurs désirs les rongent trop fort au point de se matérialiser. Cette notion de désir (« yoku », en japonais) est centrale dans le récit, et celle-ci pouvant être déclinée de diverses manière, il est ainsi possible pour quelqu’un de se transformer en Yoku-Oni habité par le désir de justice, où son seul souhait sera de rendre justice sans se poser de question morale, ou par un désir de destruction. Ni bons ni mauvais par nature, les Yoku-Oni se contentent d’assouvir leurs pulsions et même un démon animé par un sentiment positif comme la justice pourra commettre des actes considérés comme immoraux.
Les démons de Yoku-Oni étant basés sur le concept de désir, les possibilités sont en théories infinies pour offrir un panel de démons riche et varié. Difficile de voir en un unique tome comment l’histoire va se développer dans les prochains chapitres, mais ce que l’on a pu en voir en réellement enthousiasmant et donne l’eau à la bouche concernant les futurs rencontre de notre héros. Visuellement superbe avec des planches parsemées de détails, Yoku-Oni est également un délice pour les yeux et on est assez admiratif du travail réalisé par Mitabi Irohara qui signait là sa première véritable création.
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