OVNI du Jump + tenant en quatre tomes, Shibatarian a fait récemment son apparition en librairie grâce à Panini Manga. Plongée dans une ode au cinéma d’horreur aussi enivrante que décalée.


Sato Hajime est collégien. Un jour, il découvre un corps semi-enterré sous un cerisier en fleurs. C’est celui de Shibata. Les deux adolescents vont rapidement sympathiser au point de devenir inséparables. Sato prend conscience que personne ne semble connaître ou même remarquer Shibata.

Shibatarian est édité chez Panini et est vendu au prix de 7,29€.

Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.


L’histoire commence avec Sato Hajime, un lycéen qui découvre la tête de Shibata émergeant du sol au pied d’un cerisier. On devine que Shibata a été victime de harcèlement. Les deux jeunes hommes deviennent amis et partagent leur passion pour le cinéma, rêvant de réaliser leur propre film. Cependant, personne ne s’intéresse à leur projet. Dépité, Sato imagine un scénario où tout le monde serait comme Shibata et où il se vengerait de ceux qui les ont méprisés. Cinq ans plus tard, Shibata, qui avait disparu, revient pour concrétiser ce projet de manière bien réelle.

Mais d’ailleurs, pourquoi personne d’autre ne voit Shibata ? Existe-t-il vraiment ou est-il un fantôme ? Dès les premières pages, le manga installe une atmosphère fantastique avant, au second chapitre, de basculer dans l’étrange, nous entraînant vers l’inconnu. Les interrogations se multiplient et l’inquiétude grandit. Le décalage entre le graphisme simple et le scénario angoissant crée un effet saisissant, comme si l’on racontait l’histoire de Jack l’Éventreur avec les dessins d’un manga tranche de vie.

Le personnage de Shibata, avec son apparence bienveillante et son graphisme épuré, ne fait intrinsèquement pas peur et c’est justement là toute la force du manga : raconter une histoire d’horreur comme si tout était normal, avec un personnage aussi effrayant que banal. Katsuya Iwamuro mélange styles et thèmes avec brio, rendant chaque rebondissement imprévisible. Shibatarian est un titre qui refuse de se conformer aux genres établis, surprenant constamment le lecteur, même s’il est parsemé d’hommages subtils aux classiques du cinéma d’horreur. Un genre dont Iwamuro est amoureux, et dont il n’hésite pas à intégrer habilement les meilleurs ressorts scénaristiques.

On retrouve chez Iwamuro des influences de maîtres de l’horreur nippon tels que Junji Ito, Hideshi Hino ou encore Kazuo Umezz. Le style old-school et tout en contraste de Shibatarian détonne dans le paysage actuel. L’imagerie gore, la multiplication des Shibata, l’aspect expérimental ainsi que les emprunts au surnaturel, font de cette lecture une expérience unique qui nous emporte dans cette paranoïa mystérieuse, enrobée d’une délicieux frisson de peur mêlé de plaisir.

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Shibatarian
9/10

Formidable

Vibrante déclaration d’amour aux cinéma (et manga) de frisson, Shibatarian fait parti de ces œuvres à la proposition tellement forte que « ça passe ou ça casse ». Dérangeant, passionnant, intriguant, ce premier tome a en tout cas totalement réussi sans mission ici et c’est avec une impatience difficile à contenir qu’on attend la sortie du prochain tome.