Régulièrement pourvoyeur de récits d’intrigues au format court, Pika Edition nous propose avec Lethal Experiment de plonger dans un huis clos en huit tomes mêlant thriller psychologique et une touche de battle royal. Une série qui réalise une entrée en matière réussie en jouant habilement avec les conventions habituelles du genre.
Nezu est un jeune lycéen droit dans ses bottes qui garde un excellent souvenir de sa classe de 6e. Alors, quand sa petite amie et lui reçoivent une invitation à une réunion d’anciens élèves, il accepte sans réfléchir. Mais les retrouvailles tournent au cauchemar lorsque Mikio Yumesaki, son ancien meilleur ami, les séquestre dans le bâtiment pour mener une “expérience”. Son but ? Découvrir “jusqu’où l’on peut rester intègre dans une situation extrême”. 52 heures plus tard, la police intervient sur les lieux et découvre 12 cadavres…
Lethal Experiment est édité chez Pika Edition et est vendu au prix de 7,20€.
Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.
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Après Jusqu’à ce que nos os pourrissent, thriller tenant en sept tomes où cinq amis d’enfance sont en proie au harcèlement de celui qui a découvert le crime qu’ils ont commis quelques années plus tôt, Pika Edition nous propose de découvrir la nouvelle création de Yae Utsumi, Lethal Experiment. Publié en 2020/2021 au Japon pour un total de huit volumes, ce manga donne de nouveau dans le suspens en nous plongeant dans un huis-clos oppressant où 27 anciens élèves d’un lycée sont séquestrés au sein de leur ancien établissement afin de participer, évidemment contre leur gré, à une expérience bien singulière. Une expérience sur les réactions face à des conditions extrêmes et dont l’issue est dévoilée dès les premières pages : 12 morts dont l’organisateur de ce massacre qui se serait suicidé.
Contrairement aux conventions du genre qui laissent graduellement monter la pression avant de dévoiler ses principales révélations dans la dernière ligne droite, Lethal Experiment fait le choix de délivrer dès les premières pages la conclusion de ses 52 heures de séquestrations. La durée de cet enfermement, le nombre de victimes et la manière dont certaines sont mortes, l’identité du cerveau et de son suicide final, trois petites pages suffisent à connaitre ce qui en règle générale se découvre au travers de plusieurs chapitres. Un parti-pris qui pour le coup fonctionne parfaitement. Au lieu d’être perpétuellement en l’attente du twist révélant l’identité du meurtrier et des victimes, le lecteur voit sa curiosité aiguisée en cherchant à comprendre les causes du trépas de chacun, le cerveau de ce jeu macabre redoublant d’ingéniosité pour mettre en scène des « jeux » poussant à bout chacun des participants. En forçant ces derniers à tester leur amitié, il émane du manga un léger parfum de Battle Royale, dans le sens où il sera régulièrement l’occasion de se venger d’anciens camarades de classe en raison de traumatismes non résolus. Loin d’être un but à atteindre, l’épilogue sert ici de mise en bouche, donnant assez d’informations, mais pas trop, pour interpeller le lecteur et lui donner envie de comprendre comment tout ce beau monde en est arrivée là.
Voir ces amitiés (vraies ou fantasmées) se délier avant d’exploser a quelque chose d’assez excitant, le lecteur se demandant toujours qui sera la prochaine victime et comment va-t-elle le devenir. En tenant sur 8 tomes, Lethal Experiment devrait selon toutes vraisemblance bénéficier d’un rythme soutenu limitant les temps morts. Seul petit travers inhérent à ce parti-pris, l’introduction du récit est quelque peu expéditive, et il suffit d’à peine 30 pages pour que « l’expérience » soit lancée et le premier mort dévoilé. Une vitesse qui empêche au decorum de se poser pleinement et de ressentir pleinement de l’empathie pour les différents protagonistes.
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