Lancée à l’automne 2021, la collection Kazoku de Michel Lafon bénéficie depuis ses débuts d’une montée en puissance progressive en proposant des titres à la fois variés et qualitatifs. Avec Demons Star, l’éditeur se lance cette fois dans le manga humoristique tendance humour absurde, le tout enrobée d’une ambiance furyo. Et une nouvelle fois, c’est une réussite.
Yusuke Kokubo, quinze ans, est le plus gros poissard du Japon. Même son rêve de devenir avocat ne résiste pas à la malchance qui lui fait rater tous les concours d’entrée au lycée. Il est alors obligé d’intégrer l’établissement Miyato, où seule compte la loi du plus fort – et les coups de poings dans la tête ! Pour survivre face aux pires délinquants, il va devoir se fondre dans la masse. Mais le destin lui réserve un sort bien différent…
Demons Star est édité chez Michel Lafon et est vendu au prix de 7,95€.
Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.
Les mangas comiques n’ont pas la vie facile en dehors des frontières japonaises. Si les goûts et les couleurs existent dans chaque registre, l’humour a cela de particulier qu’il fait également profondément appel à des éléments culturels propres à chaque pays. Exporter une comédie d’un pays à un autre n’est pas une chose aisée, ce qui fait se tordre de rire un public pouvant en laisser totalement de marbre un autre en raison de codes culturels radicalement différents. Régulièrement sujets au flop, les titres du genre ont pendant longtemps été snobés par la majorité des éditeurs même si récemment des maisons d’édition comme Meian proposent dans leur catalogue des perles comme Grand Blue ou Hinamatsuri. Aujourd’hui, c’est Michel Lafon, via son label Kazoku, qui se lance sur ce créneau avec Demons Star, manga court en 4 tomes prépublié l’année dernière dans le Young Magazine des éditions Kodansha.
Demons Star n’est pas vraiment un manga d’une extrême originalité. Reprenant le concept aussi classique qu’efficace du héros malgré lui, cette série signée Shuji Abe (scénario) et Shin Mikuni (dessin) nous fais suivre les péripéties de Yusuke Kokubo, jeune lycéen poissard qui va devenir, sans le vouloir, un des caïds les plus respectés de son établissement pourtant rempli de malfrats suite à une rocambolesque succession de malentendu et de coups du sort. Tout le sel de Demons Star se trouve ainsi dans cette succession d’évènements improbables qui vont amener cet éternel perdant rongé par la malchance à gravir les échelons pour s’installer tout en haut de la pyramide des caïds de son établissement, sans jamais l’avoir désiré un seul instant. S’il existe une légère dimension fantastique au récit, Yusuke mettant la main sur un carnet lui dévoilant son futur et notamment sa mort trois mois plus tard, cet aspect reste globalement accessoire au récit. Demons Star est avant tout un titre humoristique, reprenant habilement les codes du genre furyo, et dont les quelques éléments de surnaturel ne sont finalement là que pour lancer l’intrigue.
Une histoire a beau être à se tordre de rire sur le papier, le dessin se doit d’être à la hauteur sous peine de faire du manga un pétard mouillé tristement frustrant. Et c’est une franche réussite de ce côté-là, Shin Mikuni ayant réalisé un très gros travail sur les expressions faciales avec des visages débordants d’émotions, par moments tordus dans tous les sens, remplis de larmes, ou bien victimes d’explosions de sang sous l’effet de la surprise. Un soin tout particulier qui a comme contrepartie un travail sur les second-plan beaucoup plus léger, ces derniers se résumant le plus souvent à un blanc immaculé ou à des motifs représentant les émotions ou un mouvement plus qu’à des décors.
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