Manga signé Aoi Mamoru, « L’enfant en moi » aborde le délicat sujet de la grossesse adolescente. Un sujet déjà compliqué dans nos contrées mais encore plus au Japon où tout ce qui concerne la sexualité des jeunes, prévention et contraception compris, est totalement tabou. Toujours en cours de publication au Japon avec actuellement 7 tomes au compteur, ce manga saura-t-il aborder la thématique avec la délicatesse qu’lle mérite ?
Sachi, en 2e année de lycée, sort avec Takara, un ami d’enfance du même âge qu’elle. Par un jour d’hiver, Sachi commence à se sentir mal. Nauséeuse, elle se rappelle brusquement un soir où, en pleins ébats amoureux, le préservatif de Takara a craqué. Elle décide d’aller acheter un test de grossesse dans une pharmacie loin de chez elle et se rend ensuite dans les toilettes d’un petit restaurant familial. Estomaquée, Sachi regarde les deux petits traits apparaître : le test est positif.
L’enfant en moi est édité chez Kana et est vendu au prix de 7,10€.
Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.
Il y a bientôt deux ans sortait chez Kana Lovely Friend(zone), un shôjo tout ce qu’il y a de plus classique abordant la question de l’amitié fille/garçon durant l’adolescence. Malgré une approche intéressante, le manga péchait par un manque flagrant d’originalité et peinait à bénéficier d’une identité propre à même de le démarquer de la multitude de titres similaires. Deux ans plus tard, c’est au tour d’un autre titre de Aoi Mamoru d’intégrer le catalogue de Kana avec L’enfant en moi. Mais comme quoi il ne faut jamais juger une œuvre simplement sur le nom de son auteur, nous sommes cette fois face à un récit abordant un sujet autrement plus profond, en mettant en scène l’histoire d’une adolescente tombant enceinte suite à un accident de préservatif, et qui plus est narré avec un doigté que l’on ne soupçonnait pas vraiment. Plus qu’une agréable surprise, on est vraiment pas loin du coup de foudre.
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Alors qu’un ressort habituel de ce genre de récit est de tomber dans le mélodrame, en amplifiant les émotions et les réactions, L’enfant en moi surprend par la délicatesse avec laquelle il aborde le sujet de la grossesse adolescente. Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’il faut attendre pas moins de 70 pages avant que le manga aborde véritablement le sujet, permettant d’installer calmement ses personnages et son contexte. Sans jamais porter de jugement moral, l’auteur nous fait partager les émotions, les doutes, les espoirs et les difficultés de Sachi et Takara, sans les juger ni a contrario les idéaliser. Il nous montre aussi les conséquences sociales et psychologiques de leur situation, ainsi que les différents points de vue des personnes qui les entourent. Le manga ne cache pas les aspects négatifs de la grossesse adolescente, comme le rejet ou la culpabilité, la peur, mais il met aussi en avant d’autres aspects plus positifs, comme le soutien des proches, la maturité ou la prise de responsabilité.
Côté visuel, le dessin de Aoi Mamoru est globalement dans la lignée de ce que proposent généralement les shôjo avec un trait simple et fin ainsi que des arrière-plans épurés (pour ne pas dire d’un blanc immaculé). Si le tout manque de cachet pour le différencier des autres œuvres du genre, l’atmosphère qui s’en dégage n’en reste pas moins d’une grande douceur et renforce l’empathie que l’on ressent envers Sachi et Takara. Profondément humains, avec des personnalités nuancées n’allant pas dans les extrêmes, les deux amoureux ont un comportement totalement crédible et l’on se sent quasiment immédiatement concernés par les épreuves qu’ils se retrouvent à affronter.
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