28 ans après sa sortie, Windjammers, un des classiques de l’arcade des années 90 mais également de la Neo Geo, a repris vie en ce début d’année grâce à une suite développée par Dotemu. Spécialisé dans le dépoussiérage des vieilles licences glorieuses d’antan, le studio français a-t-il réussi à faire de Windjammers 2 un titre à la hauteur de son modèle ?

Ce test de Windjammers 2 a été réalisé sur une version Switch fournie par l’éditeur.

Difficile tâche que de reprendre le flambeau d’un jeu considéré comme culte, qui plus est quand près de trois décennies se sont écoulées entre temps. Entre la nostalgie et la mémoire sélective qui fait que l’on occulte plus ou moins volontairement certaines tares, reprendre en main une gloire passée afin de lui offrir une suite est un exercice risqué en raison de l’accueil que pourront lui offrir les fans de l’époque. Certes aimé par une petite niche de joueur en raison de ses supports d’origine (arcade et Neo-Geo), Windjammers n’en reste pas moins un titre emblématique d’une époque désormais révolue où ce qui ressemblait le plus à des tournois compétitifs consistant en des soirées entre amis ou associatives au fond d’un garage. Explosif visuellement, Windjammers réussissait à rendre incroyablement sexy ce qu’on pourrait appeler un « Pong-like » en adaptant la formule du célèbre titre d’Atari en un jeu de frisbee compétitif survitaminé. A l’heure où la scène esport se développe à une vitesse folle, la pression qui pesait sur les épaules de Dotemu était donc forte pour faire de cette suite quelque chose d’à la fois respectueux de ses origines tout en étant en adéquation avec le monde de 2022.

La même recette, mais en mieux

Développé par les japonais de Data East, Windjammers premier du nom fût à l’époque une expérience extraordinaire. Basé sur une recette simple, le jeu se faisait affronter deux joueurs de part et d’autre de l’écran qui devaient envoyer un disque dans l’en-but derrière le joueur adverse pour marquer des points et gagner un set, deux sets gagnant faisant remporter le match. Hyper coloré, bénéficiant d’un gameplay à la fois facile à prendre en main mais également riche avec son maniement qui s’inspire directement des jeux de combats (peu étonnant quand on a pour éditeur SNK), le premier opus était un pur « jeu d’arcade » avec ses parties aussi courtes qu’endiablées qu’on enchaine avec comme seul frein la vue de son portemonnaie.

Fondamentalement, les frenchies de Dotemu ont repris le gameplay sans le dénaturer et les anciens retrouveront immédiatement leurs sensations d’antan une fois la manette en main. Toutefois, en plus de classiques coups droits, incurvés ou en cloche, et des murs qui font rebondir le frisbee, quelques nouveautés ont été intégrées au gameplay comme une barre de Super, la possibilité de sauter (idéal pour récupérer les tirs lobés) ainsi que de riposter. Cumulé aux trois personnages inédits ainsi qu’aux nouveaux stages offrant une multitude d’approche différentes des matchs, Windjammers 2 réussit avec pas de brio à faire la symbiose entre la tradition et la modernité.

Visuellement, Windjammers 2 fait mouche avec son style graphique qui sent l’amour des développeurs pour l’œuvre d’origine et le rétrogaming. Avec son affichage en 16/9 (comparé au 4/3 du premier opus), le jeu rend formidablement sur nos écrans HD de 2022 surtout que les animations sont également très léchées. Concernant la direction artistique, seule la bande-son parait un peu en retrait sans être pour autant foncièrement mauvaise.

Des modes de jeux rudimentaires

Faire un jeu au gameplay solide et au visuel aguicheur est bien, mais l’accompagner de modes de jeux solides est encore mieux. Sur ce point, difficile de ne pas pointer du doigt un cruel manque d’investissement de la part de Dotemu. Bien qu’aisé à prendre en main, Windjammers 2 nécessite un entrainement acharné si l’on souhaite survivre aux combats du mode online. Pourtant, bien que le compétitif soit au cœur du jeu, il n’existe véritablement aucun mode pour apprendre à maitriser le gameplay et un simple tutorial à base d’écran fixe est là pour nous apprendre les combinaisons. Même pas de mise en situation, pas de défis, rien. Débrouillez-vous avec ça. Le mode Arcade compense en partie cette lacune, mais cela ne remplacera jamais un bon mode « Training » à l’ancienne où l’on peut spammer encore et encore les même coups afin de les maitriser sur le bout des doigts.

Hormis le mode Arcade, le joueur solo n’aura rien d’autre à se mettre sous la dent. Un mode versus local permet certes de jouer contre un ami ou l’IA, mais il est tout simplement impossible de créer des tournois ou des championnats. Plus gênant encore, cette pauvreté se retrouve également dans le mode en ligne, celui-ci permettant uniquement de faire des matchs classés, des matchs non classés, ou bien d’affronter un ami. Pas de tournois, pas de possibilité de customisation, pas d’évènements, Windjammers 2 reste un jeu profondément ancré dans les années 90 en laissant les froufrous de côtés pour se concentrer uniquement sur l’essentiel : jouer. A noter enfin que si le crossplay est de mise entre Windows et Xbox, ainsi qu’entre PS4 et PS5, il est impossible de s’affronter entre machines de marque différente. Conséquence, les joueurs Switch se retrouvent enfermés dans une bulle où ils ne peuvent affronter personne d’autres, réduisant fortement le nombre potentiel d’adversaire. A l’heure d’écrire ce test, seuls trois joueurs étaient ainsi en ligne…

windjammer 2 switch
Windjammers 2
Note des lecteurs0 Note0
Les plus
Immédiatement fun
Les matchs rapides et dynamiques
On enchaine les matchs sans pouvoir s'arrêter
A la fois stratégique et aisé à prendre en main
La jolie refonte graphique
Les moins
Un mode online tristement simpliste
Un mode offline pas spécialement mieux garni
La blague du tutorial
Pas de crossplay
7
Bon
En deux mots
La pression était lourde sur les épaules de Dotemu, le développeur parisien ayant la lourde tâche de mettre sur pied une suite ne trahissant pas l'esprit de Windjammers tout en l'adaptant aux exigences que l'on attend d'un jeu en 2022. En reprenant le gameplay de son ainé tout en l'agrémentant de quelques ajouts et d'un nouvel enrobage, le pari est réussi et devrait permettre au titre d'avoir une belle vie sur la scène compétitive. Par contre, la faiblesse de ses modes de jeu risque d'en faire un jeu duquel le joueur solo et/ou occasionnel risque de décrocher.