Après un Valkyria Revolution des plus médiocres, Sega revient aux fondements qui avaient fait le succès de la série avec Valkyria Chronicles 4. Un opus qui se devait d’être à la hauteur sous peine de voir le futur de la licence s’inscrire en pointillés.

Ce test Valkyria Chronicles 4 a été réalisé sur une version Playstation 4 fournie par l’éditeur.

valkyria chronicles 4Il y a tout juste 10 ans, Sega nous proposait sa propre relecture de la Seconde Guerre Mondiale avec Valkyria Chronicles. Exclusivité Playstation 3, avant de connaître une version Remaster sur Playstation 4 en 2016, le titre développé par Sega Wow était à l’époque une véritable bouffée d’air frais dans le monde du Tactical-RPG en mélangeant astucieusement stratégie et action en temps réel. Salué par la critique, Valkyria Chronicles avait également séduit par son ambiance typiquement japonaise où une adolescente en soubrette enchaînant les headshots n’a rien d’incongru. Après s’être cassé les dents sur le terrain de beat’em all au parfum de Musô avec le spin-off Valkyria Revolution, la série a mis de côté ses envies de grand chambardement avec un nouvel opus canonique, le premier depuis Valkyria Chronicles 3 en 2011, qui reprend tout ce qui avait fait le charme de la première itération sortie en 2008. Alors certes, l’innovation et la prise de risque ne sont pas vraiment les maîtres-mots de ce Valkyria Chronicles 4. Mais il faut croire que la licence ne s’épanouit jamais aussi bien que quand elle reste dans sa zone de confort.

La guerre façon shônen

Nous voilà donc plongé une nouvelle fois dans la Seconde Guerre d’Europa, ce conflit faisant s’affronter l’Alliance Impériale et la Fédération Atlantique depuis les débuts de la série. Subissant une percée de l’Empire dans ses terres, la Fédération va mettre sur pied l’opération « Croix du Nord », un plan aussi audacieux que dangereux visant à traverser la moitié du continent pour attaquer la capitale ennemie et mettre un terme à la guerre. Une mission qui a été confiée à Claude Wallace, jeune commandant propulsé à la tête d’un Escadron E rempli de combattants hauts en couleurs. Shônen jusqu’au bout des ongles, Valkyria Chronicles 4 nous livre en effet une palette de personnages représentant tout le spectre des clichés existant dans l’imaginaire nippon.

valkyria chronicles 4 combatsLe commandant inexpérimenté mais rempli de bonnes intentions, la tsundere qui n’ose pas montrer ses sentiments, le rebelle au grand cœur, tous les stéréotypes du genre sont présent comme si Sega avait rempli un cahier des charges venus des locaux de Shônen Jump. Les amateurs de mangas seront immédiatement en terrain connu et trouveront rapidement leur personnage fétiche, bien aidés par un character-design de grande qualité. Sans surprise, le scénario subit également les même poncifs avec des rebondissements prévisibles à des kilomètres pour n’importe quel œil un minimum avisé et un ton général assez doux avec des méchants finalement « pas si méchants ». Assumant son aspect shônen jusqu’au bout, Valkyria Chronicles 4 bénéficie également d’une esthétique assez maboule avec son aspect bande-dessinée où les onomatopées à l’écran sont légion. Résultat, le jeu arrive quand même à flatter la rétine grâce bien que tournant sur un moteur dont les 10 ans de bons et loyaux services commencent à se faire sentir.

In the Navy

Entre l’omniprésence de tutoriaux popant à l’écran et la surabondance de dialogues racontant au final pas grand chose, les premiers chapitres de Valkyria Chronicles 4 pourront être légèrement frustrant pour qui connaît la formule et souhaite aller directement se friter sur le champ de bataille. Fragmentée en plusieurs vignettes, la narration est terriblement hachée et il s’avère rapidement agaçant de devoir enchaîner cinq ou six scénettes d’affilée avant de pouvoir enfin passer aux choses sérieuses. Le titre aurait réellement gagné en fluidité si les passages narratifs avaient été proposés en un bloc au lieu de les diviser en micro-chapitres sans véritable justification.

valkyria chronicles 4 carte

Une fois tout le blabla passé, il est enfin temps de se préparer convenablement au combat. Avec six classes de soldats à votre disposition et un nombre d’unités limitées sur le champ de bataille, la composition de votre équipe est d’une importance capitale si vous souhaitez mener votre mission (généralement prendre la base ennemie ou arriver à un endroit donné) à bien. Pas question, par exemple, de composer votre escouade d’une majorité de fantassins si le briefing a fait état d’une forte présence d’unités blindés dans les rangs ennemis. A vous, donc, de trouver le bon équilibre entre l’éclaireur capable de courir sur de longue de distance mais faible en attaque, le soldat certes moins mobile mais bien plus puissant, l’ingénieur capable de rafistoler les véhicules, le lancier capable de détruire les chars ennemis, le sniper ou encore le grenadier. Histoire de rajouter un peu de piment aux combats, chaque personnage possède des caractéristiques se lançant aléatoirement en fonction de l’environnement ou des personnages l’entourant. Il sera donc important de bien vérifier les préférences de chacun de vos membres au moment de monter votre équipe sous peine de voir par exemple votre sniper perdre en précision, la proximité avec son amoureux sur le champ de bataille lui faisant perdre tous ses moyens.

valkyria chronicles 4 grenadiers

Nouveauté de cet épisode, le grenadier apporte une nouvelle dimension aux affrontements en permettant d’atteindre des ennemis cachés par des éléments du décor et/ou à longue distance. Revers de la médaille, il faut également redoubler de vigilance durant nos déplacements pour ne pas se prendre sur la figure un obus ennemi venu d’une position jusqu’à présent inconnue. Car passer dans le champ visuel d’un ennemi est inévitablement le déclencheur d’une contre-attaque qui pourra s’avérer rapidement dramatique pour votre soldat. Dans ce cas, vous aurez trois tours pour lui venir en aide sous peine de le voir disparaître purement et simplement de votre partie.

En plus des personnages principaux, il existe une multitude de personnages secondaires pouvant composer votre équipe et il ne sera pas rare de voir des nouveaux venus intégrer vos rangs au fil de l’aventure. Une idée qui aurait pu avoir du sens si ceux-ci se révélaient réellement différents. Mais on a finalement bien plus l’impression de voir une multitude de clones dont seule l’apparence visuelle changerait véritablement. Il est certes possible d’approfondir leur personnalité via des passages au Quartier Général, mais difficile de s’attacher à des individus qui n’apparaissent finalement jamais dans la trame principale. Résultat, on se contente de tourner plus ou moins avec les même combattants, les réservistes se contentant d’apparitions ponctuelles en cas de grosse déroute sur le front de l’attaque.

Une fois tout ce beau monde placé sur la carte, l’action peut enfin commencer. Chaque tour alloue au joueur un nombre d’actions limités qu’il aura à répartir de façon judicieuse entre toutes ses unités, sachant qu’il n’est possible de lancer qu’une seule et unique attaque par action consommée. Rien n’empêche certes d’utiliser deux fois le même combattant durant le même tour, mais la jauge de ce dernier réduira à chaque fois afin d’empêcher toute velléité de raide solitaire en direction de la base ennemie. Le travail en équipe est donc la clé du succès dans Valkyria Chronicles 4 et on prend un pied énorme à élaborer sa stratégie tout en formant un groupe de combattants assez hétéroclites capables d’affronter les nombreux retournements de situations que proposent les combats. Il n’est ainsi pas rare de voir votre objectif évoluer en cours de partie avec en cadeau l’apparition de nouvelles unités ennemies impliquant une flexibilité tactique. Assez mauvais pour la tension nerveuse, ces plot-twists obligent le joueur à rester constamment sur le qui-vive voir à remodeler grandement la composition de son escouade en plein affrontement. Avec une difficulté croissante au fil de ses 18 chapitres, Valkyria Chronicles 4 propose ainsi une durée de vie conséquente avoisinant la cinquantaine d’heures.

valkyria chronicles 4 customisation

Une fois l’affrontement terminé, il est enfin temps de mettre à profit l’argent et les points d’expérience durement récupérés. Les amateurs d’arbres à compétences seront ravis de se creuser les neurones durant de longues minutes pour déterminer comment améliorer leur équipement le plus efficacement possible. Outre le chemin classique permettant d’augmenter les caractéristiques de manière uniforme, des embranchements offrent la possibilité de développer les attributs beaucoup plus tranchés. Précision contre puissance, portée de tir contre taille du chargeur, les possibilités sont nombreuses et permettent de mettre sur pied une armée capable de s’adapter à toutes les situations.

valkyria chronicles 4
Valkyria Chronicles 4
Note des lecteurs0 Note0
Les plus
L'esthétique générale...
Une formule toujours aussi prenante
Système de combat en béton
Très bon challenge
Belle durée de vie
Le système de customisation
Character design réussi
Les moins
... qui couvre une technique dépassée
Début un peu poussif
Scénario oubliable
Trop de blabla pour rien
Narration bien trop hachée
Trop de personnages inutiles
8
Excellent
En deux mots
Oubliez l'affront Valkyria Revolution. Avec Valkyria Chronicles 4, Sega revient aux fondements de la série et prouve que la recette initiée il y a déjà 10 ans n'a pas pris une ride. Alliant parfaitement stratégie et action, le titre pèche cependant par une narration fastidieuse rendant les phases entre les combats passablement rébarbatives. Le seul véritable point noir de ce Tactical-RPG tout simplement excellent.