Parmi toutes les créations originales Ki-oon sorties cette année, Beyond the Clouds est probablement celle ayant été mise le plus en avant par son éditeur. Sorti en pleine Japan Expo, le manga a bénéficié d’une jolie exposition durant le salon et sa dessinatrice a même fait spécialement le déplacement depuis le Japon pour cette occasion. En collaboration avec les sites Just Focus, Asiascope.fr, Radioanime et Journal du Japon, nous avons eu la chance de pouvoir poser à Nicke quelques questions sur la genèse de son oeuvre.

Un grand merci aux éditions Ki-oon pour l’organisation de cette interview.

Interview de Nicke (Beyond the Clouds)

Beyonds the Clouds est votre premier manga et vous voilà déjà invitée à Japan Expo, un des plus gros salons manga au monde avec des affiches de votre titre dans le métro de Paris. Quel est votre ressenti ?

Nicke : Au début je pensais que ce serait une convention comme le Comiket japonais mais en fait il y a beaucoup d’attraction, les gens s’amusent et il y a une atmosphère vraiment différente.

C’est une sensation étrange parce que d’habitude, je dessine toute seule dans ma chambre en train de faire mes planches et je n’ai aucun retour. C’est la première fois que je rencontre mes lecteurs, qui me disent des choses très gentilles, qui me félicitent pour mon histoire, mes dessins… C’est vraiment formidable et très nouveau pour moi.

Comment s’est déroulée votre rencontre avec les éditions Ki-oon ?

Nicke : Je vendais mes magazines amateurs sur une convention amateure qui s’appelle le COMITIA, un événement réservé aux créations originales. C’est là que j’ai rencontré Kim, qui éditrice pour Ki-oon, et qui a acheté mon titre « La Ville Jaune », qui est à la base de Beyond The Clouds. Elle m’a proposé de monter un projet ensemble, mais j’étais assez méfiante au début car je ne connaissais pas Ki-oon et pensais que c’était une arnaque (rires). Mais tout s’est très bien passé ensuite.

Beyond The Clouds est un récit d’aventure… Quels sont vos références en shônen d’aventure ?

Nicke : (Elle hésite quelques instants)

Il y en a beaucoup (rires). En fait, j’ai beaucoup lu les manga shônen de mes grands frères comme Jojo’s Bizarre Adventures et de Fly.

beyond the clouds illustration

Le récit bascule également dans le conte dans ce premier tome. Quels contes ont influencé particulièrement votre imaginaire ?

Nicke : Mon grand-père me racontait souvent des récits issus de la mythologie grecque mais on ne peut pas vraiment dire que j’ai puisé mon imagination dans les récits traditionnels. Ce sont surtout les univers développés dans des œuvres comme Harry Potter ou le Seigneur des Anneaux qui m’ont le plus marqués.

Et graphiquement, quels sont les auteurs qui vous inspirent ?

Nicke : Il y a une artiste en particulier qui m’inspire, une illustratrice pour enfants qui s’appelle Akiko IKEDA, qui a créé le personnage de Dayan le chat qui est assez connu au Japon. J’aime beaucoup son utilisation des couleurs pastelles et le monde qu’elle a créé. Je copiais souvent ces dessins quand j’étais petite. Ça m’a probablement aussi influencé dans ma façon de dessiner les chats.

beyond the clouds illustrationPourquoi avoir fait de Théo, le personnage principal, un amoureux des livres ?

Nicke : J’imagine souvent mes histoires à partir de phrases qui me viennent à l’esprit. Dans le cas de Beyond the Clouds, il s’agit de celle qui est inscrite sur la première page du manga : “Depuis que je suis tout petit, j’adore lire…“. C’est pour cela que j’ai fait de Théo un rat de bibliothèque.

On peut justement remarquer qu’avec les années Théo s’est éloigné de ses rêves d’enfants en prenant de la distance avec les livres pour affronter la réalité. Est-ce que c’est un reflet de vous-même ?

Nicke : J’ai effectivement connu un peu la même situation. Quand j’étais à l’école primaire, mon rêve était de devenir mangaka et je me rappelle même l’avoir écrit au tableau quand la maitresse nous avait demandé ce que l’on voulait faire plus tard. Mais en grandissant, je me suis persuadée que c’était trop difficile et que je n’y arriverai jamais. Quand je faisais mes magazines pour les vendre au COMITIA, c’était vraiment pour mon plaisir personnel et jamais je n’aurais imaginé que je serais contacté par un éditeur.

Plusieurs changements ont eu lieu entre le moment où est né Beyond The Clouds et sa sortie en tome relié. J’ai par exemple cru comprendre que Théo devait mourir dans le premier volume. Est-ce qu’il y a d’autres changements entre l’œuvre imaginée au départ et le résultat final ?

Nicke : J’ai imaginé l’histoire en écoutant le morceau A Fleeting Dream issu de Final Fantasy X. Cette musique est très triste et en l’écoutant je voyais le héros se faire tuer par balle à la fin. C’est comme ça que je le voyais au départ. Il m’arrive très souvent d’imaginer mes récits lorsque j’écoute de la musique ou que je fais du vélo, il y a des phrases qui me viennent en tête, mais c’est généralement beaucoup moins triste que ce que j’avais imaginé quand je me mets à dessiner. C’est pareil pour « La Ville Jaune ». Quand je me suis mis à travailler dessus, je me suis dis que je n’avais pas envie de le voir mourir.

A quel public se destine Beyond the Clouds ? Le design fait certes assez enfantin mais certaines scènes, comme quand Théo se fait tirer dessus ou que l’héroïne s’énerve, peuvent se révéler finalement assez dures.

Nicke : Je dessine vraiment ce dont j’ai envie sans vraiment me soucier d’une éventuelle cible. C’était particulièrement le cas quand j’écrivais « La Ville Jaune » dans mon magazine amateur. Après, il est vrai que j’ai dû intégrer certains éléments de suspens ainsi que des scènes d’action pour accrocher le lecteur.

Comment avez-vous vécu le fait que le studio Gonzo réalise un trailer animé de Beyond the Clouds ?

Nicke : J’étais un peu étonnée et inquiète car c’était ma première œuvre et que je n’avais jamais sorti de manga. Mais c’était vraiment très intéressants quand on m’envoyait les premiers croquis des personnages ou le story-board. Le résultat était vraiment impressionnant.