Alors que Falcom enchaine les sorties des « Trails of » (Kiseki, au Japon) en occident à un rythme effréné depuis quelques années au point de frôler l’overdose, le spin-off Nayuta no Kiseki restait encore inédit chez nous plus de dix ans après sa sortie sur PSP au Japon. Et ce alors même que sont sortis sur l’archipel en juin 2021 puis en mai 2022 des portages sur PS4 et Nintendo Switch. Une anomalie désormais corrigée, NIS America ayant décidé de localiser ces deux versions, renommant au passage le jeu The Legend of Nayuta: Boundless Trails.

Ce test de The Legend of Nayuta: Boundless Trails a été réalisé sur une version PS4 fournie par l’éditeur.

Chez Nihon Falcom, le jeu vidéo s’organise grosso modo en deux grosses branches. Celle des A-RPG avec les Ys, et celle des J-RPG « pur jus » avec les The Legend of Heroes, grande série dont les origines remontent à la fin des années 1980 et dont les Trails of (Kiseki, au Japon) sont une subdivision. The Legend of Nayuta: Boundless Trails, c’est un peu le mélange entre ces deux mondes. S’inscrivant dans l’univers des Trails, il adopte cependant un format A-RPG totalement inédit dans la série. Une bascule motivée à l’époque par des commentaires de fans se plaignant de la longueur excessive des combats de la série. Pour opérer ce changement, Nihon Falcom a alors fait appel aux cadres derrière Zwei!!, série de A-RPG plus méconnue ayant eu deux itérations en 2001 et 2008. C’est ainsi que celui qui s’appelle Nayuta no Kiseki au Japon est sorti en 2012 sur PSP, sans toutefois connaitre les joies d’une distribution mondiale. Un spin-off qui garde finalement peu de lien avec sa licence d’origine, les lieux étant également différents et la chronologie connaissant quelques divergences. Autant de points ayant motivé Nihon Falcom à supprimer la mention à The Legend of Heroes dans titre.

Dur pur Nihon Falcom

Nul besoin donc d’avoir joué à un quelconque opus pour pouvoir apprécier The Legend of Nayuta: Boundless Trails. Le jeu peut s’apprécier totalement indépendamment et parlera même plus aux amateurs de Ys/Zwei!! de par la proximité de son gameplay avec ces deux séries. Rappelant celui de Ys Seven, le système de combat est d’une accessibilité diabolique en se gérant avec deux boutons d’attaque uniquement, sans avoir à sortir de manipulations complexes. Un coup pour attaquer avec Nayuta, un autre pour lancer des attaques magiques avec la fée Noi qui l’accompagne, et c’est tout. Il est possible de sauter et d’esquiver, mais les contrôles se résument basiquement à deux boutons, rendant le jeu d’une grande accessibilité et très dynamique à jouer. Simplicité ne veut pour autant pas dire manque de profondeur, le joueur débloquant au fur et à mesure de nouvelles attaques permettant de pimper son panel de coups à sa guide.

Avec son découpage en niveaux accessibles depuis la carte du monde, The Legend of Nayuta: Boundless Trails lorgne sur ce point beaucoup plus du côté de Zwei!!. L’exploration n’existe pour ainsi dire pas, et les différents stages se bouclent généralement en une poignée de minutes rendant la progression fluide et sans temps morts. En fait, The Legend of Nayuta: Boundless Trails n’oublie jamais qu’il n’est qu’un jeu vidéo sans aucune autre prétention que d’offrir une expérience ludique optimale. La présence de note en fin de stages ou la possibilité de changer les saisons en sont d’autres illustrations, le jeu invitant le joueur à les refaire plusieurs fois au mépris de toute question scénaristique.

Une pépite enfin disponible en occident

Plus de dix ans plus tard, le voilà donc disponible sur tous les supports « weeb » friendly, comprenez tout sauf la famille Xbox. Une attente qui fût longue, mais le poids des années ne se fait que peut ressentir tant le résultat est satisfaisant manette en main. Si on n’a pas à faire à un véritable remaster, et encore moins à un remake, la résolution adaptée aux écrans HD et la fluidité à toute épreuve du jeu en 60fps rend le jeu tout à fait convenable visuellement parlant, surtout pour qui est amateur de Nihon Falcom, le développeur n’étant pas réputé pour pousser les machines dans leurs derniers retranchements. La direction artistique, toujours excellente avec Nihon Falcom, en est une des raisons, le choix de couleurs très vives offrant au jeu un côté cartoon qui a le mérite de très bien vieillir comparé à des visuels plus réalistes ou ternes.

Si la structure du jeu, avec son découpage en niveaux assez courts, trahit le fait que le jeu soit né sur PSP, il permet également de maintenir un rythme effréné et la possibilité d’accélérer la vitesse (une nouveauté de ce portage) fait qu’on évite de souffler trop longtemps lors des quelques aller/retours un poil longuet qui peuvent survenir. En fait, seule la caméra un peu trop proche du personnage, un classique des jeux développés sur les anciennes consoles portables, pourra vraiment s’avérer gênant par moment en limitant le champ de vision outre mesure. Et encore, cela reste limité à quelques passages épisodiques.

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Bien que NISA avait offert à Trails of Cold Steel III une version française lors de sa localisation en Europe, l’éditeur avait par la suite fait marche arrière en ne proposant que des traductions en anglais lors de la sortie des opus suivants. Un choix que l’on comprend sans soucis du point de vue économie, les Trails étant très bavard, mais pour autant rageant après avoir joué dans sa langue, et The Legend of Nayuta: Boundless Trails s’inscrit dans cette logique avec uniquement une traduction en anglais. Pas forcément très grave, surtout quand on peut enfin mettre les mains dessus après tant d’années dans langue intelligible par beaucoup plus de monde et que scénario pas forcément très fouillé, pas lore étoffé comme les Trails.