Alors que Shin Megami Tensei V n’en fini plus de se faire attendre, Atlus a décidé de sortir de sa besace le troisième épisode de la série sous la forme – surprise – d’un remaster HD. Renommé pour l’occasion Shin Megami Tensei III Nocturne HD Remaster, ce jeu réputé pour sa difficulté saura-t-il toucher le cœur des joueurs à une époque où tout le monde ne jure plus que par Persona, sa série dérivée ?
Ce test de Shin Megami Tensei III Nocturne HD Remaster a été réalisé sur une version PlayStation 4 fournie par l’éditeur.
Véritable arlésienne de la Switch, Shin Megami Tensei V n’en fini pas de se faire attendre. Annoncé en janvier 2017 lors du reveal de la Nintendo Switch, le jeu est pas la suite tombé dans un silence quasi-total avant de redonner des nouvelles l’été dernier avec un trailer et une date de sortie désormais prévue pour 2021, sans plus de précision. Une attente difficilement supportable pour les amoureux de la série de J-RPG signée Atlus quand on sait que le dernier opus fête cette année ses huit ans. Telle une mise en bouche destinée à préparer le terrain, Sega et Atlus ont décidé de ressortir de leurs placards Shin Megami Tensei III, légendaire RPG hardcore sorti à l’origine sur PlayStation 2 il y a près de 20 ans. Le tout accompagné d’un lifting HD.

Un remaster dans sa plus simple expression
Renommé pour l’occasion Shin Megami Tensei III Nocturne HD Remaster, le jeu n’a pas véritablement bénéficié des nombreuses années qui se sont écoulées depuis sa sortie d’origine pour se faire une beauté. Malgré quelques textures retravaillées, le jeu donne l’impression de voir le jeu PlayStation 2 tourner sur un émulateur tout ce qu’il y a de plus basique. Visuellement pauvre avec ses décors assez grossiers, ayant gardé ses cinématiques au format 4:3 avec la basse résolution d’antan, Shin Megami Tensei III Nocturne HD Remaster est finalement plus un simple lissage HD dont la finalité est de ne pas faire saigner nos yeux de 2021 plutôt qu’une véritablement amélioration graphique justifiant la dénomination de « remaster ».
Au niveau du contenu, le travail réalisé par Atlus est également assez paresseux et ne comporte aucune option de confort comme il est désormais la norme pour les remaster de vieux J-RPG. Une option pour accélérer la vitesse du jeu aurait ainsi été extrêmement bien accueillie quand on connait la fréquence à laquelle les combats peuvent s’enchainer et, malgré sa grande difficulté, il n’est pas possible de « tricher » en augmentant ses HP/MP. Un DLC gratuit permet cependant de bénéficier d’un mode facile, mais ne vous attendez pas à un parcours de santé pour autant. Maigre consolation, la possibilité de sauvegarder à tout moment pour quitter le jeu. En graphismes datés et le peu d’effort pour le rendre plus accessible, difficile de voir le jeu toucher un public beaucoup plus large que sa fan-base d’origine.
Un monument de J-RPG
Si Shin Megami Tensei III Nocturne HD Remaster n’est pas à la hauteur de ce qu’on peut attendre d’un remaster en 2021, le jeu d’origine n’en reste pas moins une pépite. Avant sa direction artistique caractéristique de la série et son ambiance de fin du monde, le jeu possède incontestablement une identité qui lui est propre. On aime ou on n’aime pas, mais difficile de rester indifférent face à ce Tokyo post-apocalyptique où se mélange architecture urbaine délabrée et étendues de sables, offrant au joueur une impression de danger permanent. Enfin, parler d’impression serait un euphémisme. Avare en point de sauvegarde et en zone de repos mais généreux dans sa fréquence des combats et des murs de difficultés, le J-RPG d’Atlus ne laisse que très peu souffler le joueur, au point que des affrontements peuvent même se lancer bien que l’on reste immobile.
Au tour par tour, les combats sont dans la droite lignée de ce que propose la série depuis …. Shin Megami Tensei III avec son système de Turn Press qui permet de gratter des tours d’action à condition de toucher le point sensible de l’ennemi. Bien que simple sur le papier, ce système nécessite de ne pas se lancer à corps perdu et d’agir avec un minimum de stratégie sous peine de subir un Game Over impitoyable, souvent synonyme de gros retour en arrière. Dès lors, le système de recrutement de de fusion de démons s’avère loin d’être accessoire, la maitrise de celui-ci étant la condition sine qua non pour mettre sur pied une équipe compétitive à même d’affronter toute sorte de situation.
Malgré la présence de doublages (japonais/anglais), nouveauté appréciable de cette version et de sous-titres en français facilitant l’immersion, Shin Megami Tensei III Nocturne HD Remaster reste cependant un titre peu accessible pour le commun des mortels. Les mécaniques de gameplay ne sont que peu explicités et c’est au joueur de tâtonner, d’apprendre sur le tas pour les comprendre. Pas évident à une époque où on est pris par la main, qui plus est quand le jeu ne caresse pas le joueur dans le sens du poil. Les fans, en terrain connus, ne s’en rendront pas compte. Mais les néophytes risquent de se sentir perdu dans ce monument du J-RPG aussi joussif qu’anachronique.