Développé par une équipe composée en partie d’anciens ayant travaillés sur la série Shin Megami Tensei, Monark avait attisé la curiosité lors de son annonce en raison de ce lien officieux avec la célèbre série de J-RPG d’Atlus. Prometteur sur le papier, le titre de Furuyu Corporation s’avère-t-il convainquant une fois manette en main ?

Ce test de Monark a été réalisé sur une version Switch fournie par l’éditeur.

Quand on est dans une époque où Atlus brille de mille feux sur la scène du J-RPG grâce à Shin Megami Tensei et son spin-off Persona, difficile de rester insensible quand on est face à un jeu développé par des vétérans ayant œuvré sur cette licence. Car derrière Monark se cache FuRyu Corporation, un studio peu connu chez nous mais qui compte dans ses rangs des noms comme Ryutaro Ito ou Fuyuki Hayashi qui ont travaillé sur plusieurs Shin Megami Tensei quand ils étaient encore chez Atlus. Compositeur des jeux SMT durant les années 90, Ryutaro Ito répond également présent, lui qui a récemment produit la bande-son de The Caligula Effect. Avec de tels noms dans son staff, impossible pour Monark d’éviter la difficile comparaison avec ses illustres cousins éloignés, même si les ambitions ne sont de toute évidence pas les mêmes. Malheureusement, serait-on tenté de dire.

Un jeu d’une autre époque

Dès les premières secondes, le manque de moyens dont souffre Monark saute immédiatement aux yeux, qui plus est sur Switch. Sans exagérer, le jeu semble comme tour droit issu de la PlayStation 2 avec un simple un filtre HD en bonus afin de le rendre acceptable pour nos grands écrans de 2022. Décors vides et redondants, personnages aux animations rigides, PNJ et ennemis génériques, effets sonores rudimentaires ou encore temps de chargements entre chaque pièces, l’impression est grande d’avoir manette en main un jeu qui serait venu tout droit de la première moitié des années 2000. Déjà présents sur grand écran, l’aliasing et les chutes de framerate sont encore plus marqués en mode nomade ce qui, cumulé à une résolution réduite, contribue à rendre l’expérience peu agréable une fois la console sortie de son dock. Même si cela ne concerne pas la technique, l’absence de traduction en français n’aide pas non plus Monark à se rendre sexy afin d’attirer un public de curieux.

Techniquement compliqué, le titre de FuRyu Corporation ne bénéficie pas non plus d’une esthétique qui permettrait au joueur de fermer les yeux sur ces lacunes. Malgré une inspiration flagrante de l’univers Persona, la direction artistique est globalement sans saveur. Génériques et sans âme, les décors se répètent inlassablement et tous les lieux traversés se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Alors oui, tout se passe au sein d’un établissement scolaire. Mais un peu de diversité aurait grandement aidé à immerger le joueur qui, en l’état actuel, se retrouve la plupart du temps à déambuler dans des couloirs sans vie où le peu de PNJ est en plus statique. Un comble, malgré le contexte scolaire. Au final, seule la bande-son arrive à tirer son épingle du jeu du côté artistique même si ce serait mentir de dire que les compositions sont réellement mémorables.

Un jeu porté par son système de combat

Défaillait sur la forme, Monark est également loin d’être irréprochable sur le fond. Avec sa structure narrative convenue à base de huis-clos au sein d’une école coupée du monde où une brume rend fou les étudiants, le jeu manque de personnalité et donne l’impression d’être un ersatz de ces J-RPG à faible budget qui foisonnent ces dernières années. Un sentiment décuplé par un cruel manque de mise en scène et d’émotions transmises par les personnages. Heureusement, le jeu arrive un peu à tirer son épingle du jeu grâce aux thématiques qu’il aborde. Inceste, suicide, mal-être des lycéens, ces sujets sont en effet abordés sans complexes et contribuent à offrir au titre une ambiance sombre et lugubre. Une ambition narrative louable même si la forme manque quand même de saveur.

En fait, il faut véritablement se tourner du côté du système de combat pour trouver un véritable point de satisfaction. Car ce ne sont pas non plus les phases d’explorations qui vont procurer un sentiment d’excitation au joueur, celles-ci se résumant à courir un peu partout dans des couloirs clonés pour récupérer quelques informations et se soigner avant de repartir au combat. Prenant la forme d’un Tactical faisant penser à Xcom, les affrontements se déroulent dans une sorte de tour par tour où les personnages sont libres de se déplacer dans un périmètre défini. Pierre angulaire de ces combats, la science du placement placement et la maitrise des compétences en fonction de l’environnement offrent à Monark une dimension tactique rafraichissante bien que pas forcément d’une grande originalité. Plutôt longs, parfois trop, ils sont cependant d’une difficulté mal dosée qui peuvent aléatoirement se transformer en véritablement guet-apens aboutissant inexorablement vers un Game Over des plus frustrants.

Monark Switch
Monark
Note des lecteurs0 Note0
Les plus
Un système de combat plutôt sympa
Bande-son plutôt sympathique
Les moins
Techniquement très compliqué, notamment sur Switch
Un univers qui manque d'identité et de saveur
Personnages peu attachants
La gestion de la difficulté
Un jeu au rythme poussif
4
Insuffisant
En deux mots
Défaillant techniquement, assez fade esthétiquement et narrativement, Monark n'est clairement pas un J-RPG qui se donne les moyens de charmer le plus grand nombre. Ses quelques bonnes idées (système de combat, thématiques abordées) pourront éventuellement lui permettre de toucher un public en manque de J-RPG aux combats stratégiques.