Porte-étendard d’une époque où Squaresoft régnait en maître sur le monde du J-RPG, Chrono Cross n’avait jusqu’à présent jamais bénéficié d’une localisation européenne au grand malheur de ceux qui durent passer par la très couteuse case de l’import à l’époque. Un peu plus de vingt ans plus tard, le mal est désormais réparé avec Chrono Cross : The Radical Dreamers Edition, remaster de ce titre culte de la PS One. Un jeu en forme d’hommage mais qui souffre de quelques tares difficilement excusables.
Ce test de Chrono Cross : The Radical Dreamers Edition a été réalisé sur une version PS4 fournie par l’éditeur et une version Switch achetée dans le commerce.
La sortie de Chrono Cross chez nous a beau se faire sous forme de simple remaster au format numérique, celle-ci n’en reste pas moins un évènement dans le microcosme des amoureux de J-RPG. Il y a une vingtaine d’année, le genre connaissait en effet un âge d’or porté à bout de bras par un Squaresoft dans une forme légendaire. Entre 1997 et 2000, l’éditeur a enchainé les titres de renom comme Final Fantasy VII (1997), Final Fantasy Tactics (1997), SaGa Frontier (1997), Xenogears (1998), Final Fantasy VIII (1999), Front Mission 3 (1999), Vagrant Story (2000), ou bien Final Fantasy IX (2000). Et encore, la liste est loin, très loin d’être complète. A l’époque, nombre de ces jeux ne virent jamais le jour chez nous, laissant aux fans la seule possibilité de les importer à un coût prohibitif. Pour les joueurs européens, jouer à ces jeux de rôle relevait alors la plupart du temps du fantasme, contribuant à forger leur légende de jeux cultes inaccessibles. Sorti en 1999, Chrono Cross faisait partie de ces jeux. Le voir arriver chez nous officiellement, qui plus est intégralement traduit en français, est ainsi un véritable évènement pour ceux qui, il y a 20 ans, bavaient devant les tests imports et leurs minuscules, mais ô combien fantasmagoriques, screenshots.
Un J-RPG culte enfin disponible chez nous
Se déroulant dans le même univers que Chrono Trigger, autre J-RPG culte de Squaresoft sorti sur Super Famicom, Chrono Cross nous narre l’histoire de Serge, adolescent d’un petit village de pêcheur qui va mystérieusement s’évanouir alors qu’il passait tranquillement du bon temps au bord de la mer avec son amie. A son amie, il se retrouve seul et plus personne dans la bourgade ne semble le reconnaitre. Pire, il semblerait même qu’il soit mort depuis de nombreuses années comme l’en atteste sa sépulture au bord de la falaise. Téléporté dans une dimension parallèle, notre héros va ainsi partir à la recherche de la vérité afin de comprendre ce qu’il lui est arrivé.
Passé cette introduction, le joueur obtient rapidement une grande liberté de mouvement. Entre la possibilité de se déplacer librement entre les dimensions et celle de se rendre un peu partout sans trop de restrictions, Chrono Cross offre au joueur une relative liberté dans sa progression (même si la narration est tout de même linéaire). Suivant vos actions ou vos choix, les personnages que vous recruterez (il y en a une quarantaine au total) ne seront pas le même et le New Game + permet de débloquer une dizaine de fins supplémentaires. De quoi assurer une belle replay value à un titre à la durée de vie déjà très correcte.
Petite douceur incluse dans cette édition, Radical Dreamers – Le Trésor Interdit est un visual novel sorti en 1996 au Japon sur Satellaview, un périphérique de la SNES exclusif à l’archipel, qui s’apparente à un brouillon de Chrono Cross dont il partage certains éléments et à une séquelle de Chrono Trigger. Également disponible chez nous pour la première fois et en français, cette aventure textuelle que l’on peut boucler en 3/4 heures est un petit morceau d’histoire qu’on prend un grand plaisir à découvrir après tant d’années.
Un remaster à la technique défaillante
A sa sortie en 1999 au Japon, Chrono Cross était le symbole de la toute-puissance de Squaresoft sur le plan technique. Maitrisant sur le bout des doigts la PS One, l’éditeur avait fait de Chrono Cross une prouesse technique qui, cumulée à une direction artistique de génie, avait fait baver nombres de lecteurs de Player One et autres Joypad lors des tests en import. Malheureusement, cette Radical Dreamers Edition n’est pas vraiment à la hauteur de son modèle et si on retrouve quelques options de confort (possibilité d’accélérer le jeu, de booster les personnages, d’attaquer automatiquement), ce remaster s’avère bien paresseux, un peu à la manière de ce que Square-Enix a réalisé auparavant sur Final Fantasy VIII Remastered.
Le lissage des textures est certes plus agréable à l’œil que les arrière-plans pixélisés de la première PlayStation, mais celui-ci s’avère être relativement basique et donne un peu l’impression de baver comme si le jeu avait été placé dans un émulateur sans qu’aucune optimisation n’ai été réalisée. Les puristes pourront d’ailleurs choisir de jouer dans les conditions de l’époque, un choix qui implique de faire une croix sur les nouveaux artworks des personnages créés pour l’occasion. Côté sonore, le résultat s’avère beaucoup plus discret avec une simple, mais appréciable, remasterisation des musiques. Pour les nouvelles orchestrations largement mises en avant durant la promotion du jeu, la seule manière d’en profiter est de faire tourner en boucle l’écran-titre… ou d’acheter la bande-originale. Frustrant.
Plus grave, malheureusement, Chrono Cross : The Radical Dreamers Edition souffre d’énormes problèmes d’animation et ce quel que soit le support. Qu’il tourne sur Switch, PS4 ou PS5, le jeu rame quasiment constamment et connait même de brutales chutes de framerate lors des combats ou des zones un poil chargées visuellement. Qu’on soit bien clair, il ne s’agit pas d’une chute ponctuelle de quelques images par secondes mais bien d’une tare lourde qui impacte fortement le plaisir de jeu et donne même une sensation de lag durant les combats. Si les amoureux du titre sauront passer outre par nostalgie, on était en droit d’espérer mieux pour un titre de cette qualité.
Pour aller plus loin : Test de Chrono Cross : The Radical Dreamers Edition sur Actua