Anthologie d’histoires courtes horrifiques publiées au Japon entre 1976 et 1977 sous le titre Onryou Jyuusanya, Treize nuits de vengeance vient de faire son apparition en France dans la collection Big Kana de l’éditeur éponyme. Treize histoires réparties en deux tomes signées Kazuo Kamimura, auteur considéré comme un des maîtres du gekiga.


treize nuits de vengeance tome 1

Méfiez-vous de l’âme vengeresse qui sommeille en chaque femme ! À travers des récits prenant place à l’époque d’Edo, le maître reprend le folklore japonais pour parler d’amour, de désirs charnels, de jalousie et de haine. Treize histoires horrifiques où les hommes sont punis pour avoir susciter la rancoeur du coeur des femmes. Découvrez, dans une édition en deux volumes, ces treize histoires courtes inédites de Kamimura.

Treize nuits de vengeance est édité chez Kana et est vendu au prix de 18,50€.

Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.


Dans cette anthologie en deux tomes venue tout droit des années 70, Kazuo Kamimura nous offre treize récits, tous indépendants des uns des autres, pour autant de destins de femmes victimes des hommes et dont la vengeance sera aussi froide que sanglante. S’il prend certes l’apparence d’un récit horrifique, genre dont Kamimura fait appel à des figures classiques comme les fantômes ou les pactes avec des entités surnaturelles, les histoires dépeintes dans Treize nuits de vengeance sont avant tout des drames humains.

Avec son ambiance sombre et froide, le manga, tout du moins dans son premier tome, nous offre en effet des récits sans véritable lueurs d’espoir et dont l’issue est souvent sans rédemption pour les protagonistes. Destiné à un public mature, l’ouvrage multiplie les scènes de violence ou de sexe, quand ce ne sont pas les deux qui sont mélangées, sans pour autant tomber dans une forme de surenchère ou dans la vulgarité. Une forme d’élégance dans l’horreur à laquelle contribue pleinement le dessin de Kamimura, sublimé par le grand format adopté et dont les personnages, d’une grande finesse et aux émotions subtilement dessinées, contrastent avec la profonde noirceur des récits. Un décalage qui, cumulé aux jeux d’ombres, renforce ce sentiment de malaise et d’oppression qui ne nous lâche pas au fil des 475 pages constituant ce premier tome.

Si les différentes histoires prennent l’apparence de récits horrifiques, c’est donc bel et bien un ouvrage sur les sentiments et la nature humaine dont il est question. Sur l’amour, la trahison, la vengeance, et toute la dimension fantastique n’est finalement qu’accessoire et n’est là que pour enrober ces récits dénonçant la condition des femmes dans la société japonaise d’antan. Pour autant, Kamimura se garde bien de manichéisme et montre également les conséquences tragiques de ces vengeances, certes légitimes ou a minima compréhensibles.

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