Avec 100,000 exemplaires imprimés pour son lancement, The Promised Neverland est sans conteste la plus grosse sortie manga de cette première moitié d’année 2018. Et une fois achevé la lecture de ce premier tome, on comprend aisément les ambitions placées dans ce titre par les éditions Kaze Manga.
Un orphelinat où les enfants coulent des jours heureux sous l’œil bienveillant d’une « mère » mais coupé du monde et cachant un terrible secret. Pour ceux suivant l’actualité des dramas japonais, le synopsis de The Promised Neverland fait immédiatement penser à une série diffusée début 2016 sur TBS, à peine quelques mois avant la prépublication du manga dans les colonnes de Weekly Shônen Jump. Si la proximité des dates de sorties fait qu’il soit peu probable que le manga tire son inspiration de Watashi wo Hanasanaide, il est toutefois bien plus probable que Kaiu Shirai (le scénariste du manga, accompagné de Posuka Demizu au dessin) ait été influencé par Never Let Me Go, roman de Kazuo Ishiguro publié en 2005 et dont le drama est tiré.
Sauf que contrairement au récit imaginé par l’auteur anglais, il n’est point question d’un élevage d’enfants destinés à finir éparpillés « façon puzzle » pour servir d’organes de rechanges à de riches donateurs. Dans The Promised Neverland, les orphelins sont livrés à de mystérieux démons comme festin alors qu’ils pensent enfin quitter l’institut pour se faire adopter. Telle est en tout cas la découverte que vont faire Emma, Norman et Ray quand une de leur camarade va les quitter pour « rejoindre sa nouvelle famille ». Les murs tout autour de la résidence, les mystérieux tests passés chaques jours, l’attitude parfois étrange de « Maman »… Tout prend subitement sens une fois cette vérité mise au grand jour en à peine une vingtaine de pages. Dès lors, les bambins n’ont plus qu’une idée en tête : quitter l’orphelinat et sauver en même temps tous ses occupants.
Le récit bascule alors dans une ambiance lourde, pesante, où les enfants se sachent épiés par leur tutrice sans que celle-ci ne dévoile son jeu au grand jour. Ses deux facettes, aussi douce que souriante au quotidien et d’une froideur extrême quand elle traque les enfants, renforce cette sensation de malaise et rend ce jeu de dupe particulièrement excitant à suivre. Si le récit est passionnant à suivre, c’est également en raison du trio composé de Emma, Norman et Ray. Si la première nommée remplie la fonction de « personnage principal » de The Promised Neverland, elle n’est cependant pas grand chose sans la présence de ses deux acolytes. Dotées de personnalités et de compétences qui leurs sont propres, les trois enfants sont complémentaires et c’est uniquement la mise en synergie de leurs talents qui permet au groupe d’avancer dans leur quête de liberté.
Bien que publié dans les colonnes du très consensuel Weekly Shônen Jump, The Promised Neverland tranche ainsi fortement avec les autres titres du magazine, un peu à l’image de Death Note, également paru dans la publication de la Shueisha entre 2003 et 2006. Oubliez les ambiances légères et les beaux récits à base de dépassement de soi. Dans The Promised Neverland, tout n’est que malice, mensonge, et la bataille psychologie entre « Maman » et les enfants est aussi stressante que palpitante à suivre. Un pari qui s’est avéré gagnant pour la Shueisha quand on voit les chiffres de ventes en constante augmentation à chaque nouvelle sortie de volume et que Kaze Manga va espérer reproduire en France, la maison d’édition ayant récupéré au nez et à la barbe de tous ses concurrents les droits pour publier le manga dans nos contrées.
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Synopsis
Emma, Norman et Ray coulent des jours heureux à l’orphelinat Grace Field House. Entourés de leurs petits frères et sœurs, ils s’épanouissent sous l’attention pleine de tendresse de “Maman”, qu’ils considèrent comme leur véritable mère. Mais tout bascule le soir où ils découvrent l’abominable réalité qui se cache derrière la façade de leur vie paisible ! Ils doivent s’échapper, c’est une question de vie ou de mort !
The Promised Neverland est édité chez Kaze et est vendu au prix de 6,79€.