Un peu moins de deux ans après le très bon Route End, Ki-oon revient avec The Killer Inside, un nouveau thriller dont l’intrigue tourne autour d’un serial killer. Et c’est de nouvelle fois une bonne pioche effectuée par l’éditeur.
À première vue, Eiji, discret et maladroit, ne se démarque pas de la foule des étudiants de sa fac… Pourtant, il tente depuis longtemps de faire oublier au monde que son défunt père n’était autre que le tueur en série LL, tristement célèbre pour les horribles tortures infligées aux jeunes femmes qu’il a assassinées. Après des années passées à fuir la presse, Eiji a enfin réussi à trouver sa place. Mieux, il se réveille un matin avec une des plus belles filles du campus à ses côtés ! Elle lui avoue être tombée amoureuse de lui lorsqu’il l’a sauvée des griffes d’une brute épaisse. Un vrai conte de fées… dont le jeune homme n’a aucun souvenir ! Les trois derniers jours sont un trou noir dans sa mémoire, comme si quelqu’un d’autre avait vécu dans son corps à son insu… Et, pendant son amnésie, un cadavre de femme mutilé a été retrouvé dans le quartier. Pour la police, ça ne fait aucun doute : c’est du LL tout craché…
The Killer Inside est édité chez Ki-oon et est vendu au prix de 7,90€.
Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.
Ambiance pesante, scénario bien ficelé et un criminel bien développé, la recette pour faire un thriller de qualité sur un serial killer est aussi simple sur le papier que délicate à mettre efficacement en oeuvre. Il y a deux ans, les éditions Ki-oon avait cependant réussi à dénicher une petite perle du genre avec Route End, un polar passionnant où un tueur en série mettait en scène ses exactions en découpant en morceaux ses victimes avant de les disposer afin de représenter le mot « END ». En ce début d’année, l’éditeur est de retour sur ce créneau avec The Killer Inside, un manga prépublié depuis 2018 au Japon dans Young Magazine sous le nom de Shinai Naru Boku e Satsui wo Momete et qui compte à l’heure actuelle 7 tomes.
Comme tout bon récit du genre, The Killer Inside nous livre une histoire sous forme de puzzle que le lecteur voit se mettre en place petit à petit sous ses yeux. Les premières pages semblent ainsi poser de bases simples où l’on apprend que Eiji, étudiant lambda, est en fait le fils d’un tueur en série du nom de « LL ». Puis les pages avancent et le doute se met en place, doucement. Des personnes sont assassinées de la même manière que le faisait LL mais surtout notre héros subit des pertes de mémoires et semble agir durant ces phases d’absence d’une manière totalement opposées à son véritable caractère. Des actes inconscient qui vont l’amener petit à petit dans des situations de plus en plus incroyables.
Parmi ses nombreuses qualité, la grande force de The Killer Inside réside probablement dans la structure de son récit. Le balisage régulier par les dates du calendrier permet ainsi au lecteur de partager avec Eiji cette sensation oppressante de temps qui s’évapore d’un coup et qui nous laisse dans l’inconnu de ce qu’il s’est passé durant ces fameux trous de mémoire. La montée en puissance se fait ainsi graduellement avec l’arrivée petit à petit d’informations permettant de combler les espaces vides. La différence d’attitude entre le Eiji « normal » et celui de ces trous de mémoire est également l’occasion pour l’auteur d’intégrer quelques petites doses d’humour, pas trop nombreuses mais bien ajustées, essentiellement basées sur les réactions du pauvre Eiji. Un garçon un peu simplet, pas vraiment courageux, sans charisme, et qui se retrouve dans des situations rocambolesques, comme à trainer avec des voyous ou à se retrouver en couple avec la plus jolie fille du lycée, à cause de son autre lui à la personnalité totalement opposée.
Au delà du récit, le dessin de Shota Ito est également à relever. D’excellente facture, celui-ci se révèle particulièrement efficace sur les visages et les expressions faciales, renforçant notamment la peur, la surprise ou l’excitation que peut ressentir le personnage principal. Enrobé, comme toujours avec Ki-oon, dans une édition dont la qualité se situe au dessus de la moyenne, The Killer Inside est un titre qui mérite clairement que vous lui donniez sa chance.