Disponible dans la collection Pika Graphic de Pika Edition, Rude Boy est une œuvre marquante de Jirô Taniguchi, en collaboration avec le scénariste Caribu Marley. Initialement prépublié en 1984 au Japon dans le magazine Play Comic, ce classique du manga nous plonge dans les ruelles sombres du Tokyo des années 80, à travers les yeux d’un homme marginal du nom de Minakata.

Elle s’appelle Yoshiko. Séparée de son mari, elle quitte sa luxueuse villa pour entamer une nouvelle vie en solo dans une résidence de standing. Lui dit s’appeler Minakata. Vivant à la rue pour une raison inconnue, il se débrouille pour vivre au quotidien en se servant de son éloquence, de sa force et parfois de ses poings. À peine a-t-il aperçu Yoshiko que c’est le coup de foudre, mais elle ignore tout de ce jeune vagabond…

Rude Boy est édité chez Pika Edition et est vendu au prix de 16,00€.

Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.

Né en 1947 à Tottori, Jirô Taniguchi est une figure emblématique du manga seinen et du gekiga. Connu pour son style graphique épuré et influencé par la bande dessinée européenne, il a su captiver un large public avec des œuvres telles que Quartier lointain, Le Sommet des dieux et L’Homme qui marche. A travers ses œuvres, Taniguchi a souvent exploré les thèmes de la nature humaine, des relations interpersonnelles et de la quête de soi, des éléments que l’on retrouve également dans Rude Boy. Sa collaboration avec Caribu Marley, également connu sous le nom de Garon Tsuchiya, a donné naissance à plusieurs œuvres marquantes, dont Rude Boy est un des exemples les plus notables.

Rude Boy se distingue par son réalisme brut et son exploration des marges de la société japonaise. Minakata y incarne le “rude boy” jamaïcain, un jeune homme des rues, débrouillard et souvent violent. Fait de rencontres fortuites et de petits boulots, son quotidien va basculer lorsqu’il va croiser la route de Yoshiko, une ancienne actrice récemment divorcée. Désormais séparée de son mari, cette dernière quitte sa luxueuse villa pour entamer une nouvelle vie en solo dans une résidence de standing, tandis que Minakata vit dans la rue pour des raisons obscures, se débrouillant pour survivre grâce à son éloquence et la force de ses poings. Leur relation évolue dans un contexte de mystère et de danger, chaque personnage cachant des secrets qui se dévoilent progressivement. Leur histoire d’amour naissante, bien que prévisible, est traitée avec une sensibilité particulièrement touchante.

Si Rude Boy séduit par son ambiance et son réalisme, le scénario ne prends pas vraiment de risques et reste globalement assez classique. Les origines de Minakata, révélées en cours de récit, n’apportent pas de surprise majeure, et la conclusion pourra paraitre rapide et facile. Cependant, la force de du manga réside dans sa capacité à captiver par les détails de la vie quotidienne et les interactions humaines, plutôt que par des rebondissements spectaculaires de son scénario.

Reconnu pour son style graphique épuré et détaillé, Jirô Taniguchi a été fortement influencé par la bande dessinée européenne, notamment la ligne claire. Son dessin se caractérise par une grande précision et une attention minutieuse aux détails, que ce soit dans les décors urbains ou les expressions faciales des personnages. Dans Rude Boy, cette approche se traduit par des scènes de rue vivantes et authentiques. Les jeux d’ombre et de lumière, ainsi que les perspectives soigneusement travaillées, renforcent l’immersion du lecteur dans ce Tokyo venu tout droit des années 80. La qualité de la collection Pika Graphic, avec son grand format et son papier épais, permet d’apprécier à sa juste valeur ce travail visuel.

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Rude Boy
8/10

Excellent

Malgré une trame narrative prévisible, la profondeur de ses personnages et sa qualité graphique, mise en valeur par le grand format de la collection Pika Graphic, font de Rude Boy une lecture incontournable pour les amateurs de Jirô Taniguchi et ceux appréciant les récits ancrés dans la réalité sociale.