Si “Tokyo Revengers” a su captiver les lecteurs grâce à son habile mélange de furyo et de voyages dans le temps, une autre œuvre exploitant cette mécanique attire également l’attention ces derniers temps. “Nine Peaks” reprend cette alchimie où le fantastique et le réalisme se côtoient harmonieusement, tout en adoptant une esthétique plus proche des furyo classiques.


À seulement 16 ans, Gaku possède déjà une réputation de dur à cuire qui attire les délinquants du coin, et les bagarres s’enchaînent, malgré les remontrances de son père Harumi… Le lycéen n’a que peu de respect pour ce gérant bougon d’un restaurant sans avenir. Pourtant, quand l’homme meurt d’un accident, c’est toute une foule qui débarque à son enterrement, pleurant la perte d’un héros qui aurait autrefois uni les gangs locaux En guise de dernier hommage, Gaku part à la pêche, le passe-temps favori de son père, mais finit à l’eau ! Remonté de justesse par un garçon de son âge au look de racaille, il n’a pas le temps de souffler qu’une bande vient attaquer son sauveur… qui n’est autre que son père, plus jeune de 22 ans ! L’adolescent a fait un bond dans le passé, à une époque où couve une guerre sans pitié pour prendre la tête des bad boys de la ville. Mais cette fois, il compte bien prêter main-forte à son paternel ! Mon père, ce héros… de la baston ! Le voyage dans le temps de Gaku lui permet de renouer avec sa famille, mais aussi d’affronter des adversaires plus tenaces que jamais… Face au duo Harumi-Gaku, les gangs du coin n’ont qu’à bien se tenir !

Nine Peaks est édité chez Ki-oon et est vendu au prix de 6,95€.

Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.


L’intrigue de Nine Peaks suit Gaku, un lycéen de 16 ans au tempérament bagarreur projeté 22 ans dans le passé suite à un accident. Là, il rencontre son père, Harumi, alors jeune et intrépide, bien loin de l’image sage et tranquille qu’il avait de lui. Ce retour dans le passé offre à Gaku l’opportunité de découvrir la véritable nature de son père et de comprendre les raisons de son respect dans le quartier, tout en unifiant les lycées locaux, autrefois gangrenés par la violence. Au fil des chapitres, Gaku découvre les rivalités entre les différents gangs scolaires et les alliances complexes qui se forment et se défont. Il doit naviguer dans ce monde dangereux tout en essayant de ne pas altérer le cours du temps de manière irréversible. Chaque décision, chaque action s’en retrouve dès lors cruciale car pouvant avoir des répercussions irrémédiables sur son propre futur.

Hirakawa maîtrise parfaitement les codes du genre furyo et nous offre des scènes de combat aussi réalistes que joliment chorégraphiées. Les dessins sont dynamiques et percutants, avec un trait vif qui arrive à capturer l’intensité des affrontements. Les décors, souvent urbains et sombres, renforcent l’ambiance oppressante et violente du récit tandis que les personnages, certes relativement stéréotypés, sont attachants et bénéficient d’un développement psychologique intéressant. Mention spéciale à la relation père-fils qui apporte une dimension émotionnelle forte à l’intrigue. Les interactions entre Gaku et Harumi sont particulièrement poignantes, révélant des facettes inattendues de leurs personnalités respectives.

Si Nine Peaks rappelle inévitablement Tokyo Revengers de par son utilisation du voyage temporel et des conflits de gangs, il parvient toutefois à se démarquer par une approche plus intimiste et une exploration plus profonde des liens familiaux. Après un premier chapitre plantant longuement un cadre assez intimiste, le début d’aventure poursuit dans cette lignée en explorant la perception des événements par le héros qui redécouvre sa famille sous un jour nouveau. La thématique familiale est clairement au cœur de ce que veut raconter Tetsuhiro Hirakawa. Celui-ci narre un début de fable touchant, parfois même très drôle, et se sert de la dimension furyo pour créer un cadre supplémentaire et développer un terrain où une empathie pourra se forger entre Gaku et Harumi.

Moins sensationnaliste que Tokyo Revengers, ce premier tome de Nine Peaks ne fait pas des bonds dans le temps un élément de premier plan ni même un moteur à séquences larmoyantes. Pour autant, l’auteur ne délaisse pas la mécanique une fois utilisée pour lancer le récit, puisqu’il la développe déjà avec quelques idées intrigantes.

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Nine Peaks
8/10

Excellent

Furyo diablement efficace portant un récit intimiste à l’aide de quelques ressorts fantastiques habilement utilisés, ce premier tome de Nine Peaks est une superbe entrée en matière qui ne donne qu’une envie : découvrir la suite.