Déjà connu chez nous grâce à son adaptation en série anime diffusée sur Netflix, Kotaro en Solo, édité en France par Panini Manga, est une invitation à suivre le quotidien hors du commun de Kotaro, un garçonnet de quatre ans vivant seul et faisant preuve d’une débrouillardise étonnante pour son âge.
À 4 ans, Kotaro vit seul en ville, dans un modeste appartement. Où sont ses parents ? Comment s’en sort-il au quotidien ? D’où vient l’argent qui lui permet de vivre ? En tout cas, il peut compter sur ses voisins pour ne pas s’ennuyer ! Il y a Shin Karino, un mangaka un peu fainéant qui peine à rencontrer le succès. Pas très loin, une femme travaille la nuit dans un club privé. Quant à l’homme qui habite à l’étage du dessous et qui est toujours en costume, il est le parfait cliché d’un yakuza. En dépit de sa situation saugrenue, et même s’il parle comme un seigneur féodal, Kotaro semble parfois moins bizarre que ses voisins !
Kotaro en solo est édité chez Panini et est vendu au prix de 8,29€.
Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.
Kotaro en Solo se distingue par son protagoniste unique : Kotaro, un enfant de quatre ans, vit par ses propres moyens, sans la présence de ses parents. Malgré une réalité techniquement impossible (quel enfant vivrait livré à lui-même à son âge sans que les services sociaux n’agissent en urgence ?), le récit arrive à passer outre cet aspect pour nous faire vivre le quotidien de ce petit garçon vivant comme un adulte malgré sa vision du monde encore enfantine.
Comédie douce-amère au ton décalé qui fait autant rire que pleurer, Kotaro en Solo arrive à la la fois à être feel-good et un peu cruel, offrant une tranche de vie avec une délicieuse touche de mélancolie. Sachant à la fois offrir des moments de tendresse que dépeindre la face sombre de la société japonaise sans verser dans le pathos à outrance, Mami Tsumura nous livre ici une œuvre qui permet aux adultes de (re)découvrir la réalité du monde à travers les yeux d’un enfant, les touchant par la sincérité d’un Kotaro à la fois innocent et très lucide sur tout ce qui l’entoure.
En abordant des questions sociétales profondes, comme l’absence de famille et l’indépendance précoce, et ce par le prisme de la comédie et du regard d’un jeune enfant, Kotaro en Solo offre une perspective désarmante de logique et d’évidence à travers les yeux d’un enfant balancé bien trop précocement dans la dure réalité des adultes, rappelant au passage à ces derniers les choses essentielles de la vie. Une approche qui contribue à créer une ambiance douce-amère offrant à la fois divertissement et réflexion, qui peut être appréciée par les lecteurs de tous âges.
Sur le plan visuel, le style graphique adopté par Mami Tsumura est remarquablement efficace et contribue à l’impact émotionnel de l’histoire. Si le grands yeux de Kotaro pourront ne pas plair à certain, le style adopté n’a cependant pas pour vocation à capturer la beauté physique des personnages mais à saisir l’âme d’un moment, chose qu’il réussit à la perfection.