Quelques mois après la fin de la publication de Black-Box en France, Pika Edition nous propose de nous plonger dans Jumbo Max, la dernière œuvre en date de Tsutomu Takahashi. Un manga comptant actuellement 8 tomes au Japon qui nous narre l’histoire de Tateo Sone, pharmacien tout ce qu’il y a de plus banal qui va se retrouver embarqué bien malgré lui dans une histoire mêlant troubles de l’érection et trafic de drogue.
Tateo Sone est un banal pharmacien qui a une vie heureuse avec sa belle-fille et sa femme. Cette dernière vient d’ailleurs de tomber enceinte… Mais ça ne colle pas : son mari est impuissant depuis toujours ! Déboussolé, Tateo rencontre alors Sumaoka, un homme pas très net qui lui propose une pilule illégale pour lutter contre son problème. C’est la révélation ! Notre pharmacien décide à tout prix de reproduire ce médicament. Sumaoka et Tateo entreprennent alors d’étudier le précieux remède dans un laboratoire. Mais se lancer dans un tel trafic va faire basculer leurs vies dans un quotidien ponctué de multiples dangers…
Jumbo Max est édité chez nobi nobi ! et est vendu au prix de 10,90€.
Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.
Un anti-héros impuissant, enrobé, peu sûr de soi et possiblement cocu. Tel est le portrait de Tateo Sone, banal pharmacien qui pensait rester célibataire ad vitam eternam avant de se marier avec une mère de famille divorcée dont le poids des années ne semble avoir aucune incidence sur sa beauté. Un mariage qui fait jaser, notamment auprès de son ex-époux, et qui fait penser aux gens qu’il s’agit surtout d’une union motivée par l’intérêt financier. Après tout, comme un homme comme lui aurait pu avoir une si belle épouse ? Sauf que le hasard va amener Tateo à découvrir un comprimé miracle soignant ses soucis d’impuissance. Un comprimé qui pourrait lui changer sa vie, mais qui n’existe qu’en quantité limitée et ne lui laissant qu’une solution. Celle de le produire lui-même, quitte à devenir un baron de la drogue.
De par les sujets qu’il aborde, la nature même de son héros, ou encore en raison de l’écart avec ce que propose généralement le mangaka, il est fort à parier que Jumbo Max divisera fortement. Pour votre serviteur, c’est pourtant un grand oui, franc et ne souffrant d’aucune hésitation. Si Tateo pourra en énerver certains avec son air pataud et naïf à outrance, c’est justement ce trait de sa personnalité qui donne tout son sens au manga. Présenté comme un looser impuissant, Tateo va au fil des pages s’affirmer et gagner en confiance, et ce aussi bien sur le plan personnel que « professionnel » avec sa production clandestine de médicaments.
Un peu à la manière d’un Breaking Bad, sauf que l’on troque ici le cancer pour un problème d’érection, notre anti-héros va ainsi passer du stade de raté, moqué par les gens et soupçonnant sa femme d’adultère, à celui d’homme confiant en lui et impliqué dans des activités de contrebande sans véritables remords. Le récit, cohérent et évitant de tomber dans l’improbable à outre mesure, bénéficie également du dessin de Tsutomu Takahashi, mêlant subtilement réalisme et passages plus caricaturaux. Il est également intéressant de noter que l’histoire « secondaire » traitant de la vie de couple de Tateo est aussi passionnante que la principale, l’auteur sachant manipuler habilement le lecteur en jouant sur les préjugés et les aprioris.
Original, joliment dessiné et faisant passer par toutes les émotions, ce premier tome de Jumbo Max est une belle réussite et on a hâte de découvrir ce que Tsutomu Takahashi nous réserve dans les prochains chapitres. Histoire de compléter ce tableau déjà très flatteur, l’édition est également à la hauteur avec des matériaux de qualité supérieurs à ceux utilisés généralement. Le papier est épais et surtout la couverture abandonne le plastifié pour du papier rugueux avec le titre bénéficiant d’un effet verni.
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