Série vieille de trente ans et composée d’une nébuleuse d’arcs et de sous-séries, The Legend of Heroes a pendant longtemps été méconnue hors du Japon. Encore plus que celle des Ys, dont la côte de popularité a flambé hors du Japon depuis le début des années 2010 et qui a connu une vrai consécration avec la sortie de Ys VIII sur PlayStation 4. Entamée en 2013, la sous-série Trails of Cold Steel a enfin vu son troisième opus sortir en Occident, le tout premier développé pour la console de salon de Sony après deux portages venus directement de la PS Vita. Intégralement en français, cet opus permettra-t-il enfin à la série de sortir de son carcan de jeu de niche ?
Ce test de The Legend of Heroes: Trails of Cold Steel III a été réalisé sur une version fournie par l’éditeur.
Pour le nouveau venu, se plonger dans l’historique de The Legend of Heroes et en comprendre les ramifications à de quoi donner le tournis. Prenant ses origines sur ordinateur en 1989, The Legend of Heroes est une immense saga de J-RPG développée par Nihon Falcom et dont les deux premiers opus constituent également les 6ème et 8ème épisodes de la série des Dragon Slayer. Ayant pris son indépendance en 1994 pour voler de ses propres ailes, la série a accouché de trois jeux connus comme étant la trilogie Gagharv avant de débuter en 2004 la grande saga des « Trails », un ensemble composé d’arcs narratifs distincts mais étant tous reliés entre eux, avec la trilogie de jeux Trails in the Sky. Par la suite, deux autres sous-séries ont fait leur apparitions, toutes appartenant à la saga des « Trails », avec Zero no Kiseki et Ao no Kiseki (deux titres formant l’arc Crossbell) et enfin Trails of Cold Steel. Cette dernière, débutée en 2013, a pris fin au Japon l’année dernière avec la sortie du quatrième épisode mais c’est son troisième volet qui a fait récemment son apparition en France.

Accessible à plus d’un titre
Se plonger dans Trails of Cold Steel III, c’est donc accepter de sauter à pieds joint en plein milieu d’une saga vieille de 15 ans et d’une sous-série débutée il y a 7 ans. Bonne nouvelle, il n’est pas indispensable d’avoir joué à l’intégralité des Trails ni même aux deux précédents Trails of Cold Steel, le scénario marquant une rupture aussi bien temporelle qu’en terme d’arc narratif avec les deux précédents épisodes, pour profiter de l’aventure. Mais si on n’ira pas jusqu’à conseiller de jouer à Zero ni Kiseki et Ao ni Kiseki, jamais localisés chez nous, un détour dans les menus du jeu pour jeter un œil aux résumés des deux précédents opus sera pas de superflu pour mieux comprendre le contexte, d’une grande richesse, du jeu qui nous intéresse aujourd’hui.
Si les jeux de la saga Trails n’ont jamais connu de localisation en français jusqu’à présent, y compris les portages PlayStation 4 des deux premiers Trails of Cold Steel sortis quelques mois plus tôt, NIS America nous a gratifié pour la première fois d’une traduction intégrale dans notre belle langue. Un traitement dans la droite lignée de celui qu’avait connu Ys VIII en 2017 et qui montre les efforts de l’éditeur pour démocratiser le jeu de Nihon Falcom et lui faire passer dans une nouvelle dimension. Globalement réussi, cet effort pour rendre le jeu compréhensible au plus grand nombre pèche seulement par quelques soucis de lisibilité. Mais concernant le fond, on a fait un énorme bond en avant comparé à la traduction ratée qu’avait subie Ys VIII en son temps.
Un J-RPG pur jus
A l’image d’autres « petits » acteurs comme Nippon Ichi Software, Nihon Falcom fait partie de ces développeurs japonais dont le principal objectif est de développer des jeux pour le marché japonais. Et ce même si le marché international est de plus en plus pris en compte pour ajuster certains éléments de gameplay. Trails of Cold Steel III propose cette recette tellement nippone qui fait le sel des J-RPG, mais qui le coupe paradoxalement également d’une partie du grand public.

Très bavard, voir même légèrement trop, le jeu déroule ainsi son aventure dans une grande linéarité et sans vraiment laisser la possibilité au joueur de liberté dans ses déplacements. Les amateurs d’open-world et d’exploration sans contrainte seront prévenus, mais les baroudeurs du RPG japonais ne seront pas déboussolés de retrouver cette structure permettant de mettre l’histoire au premier plan et d’en gérer avec précision, enfin théoriquement, le rythme narratif. Théoriquement car, à l’image de ses prédécesseurs, Trails of Cold Steel III souffre de réguliers passages à vide qui, cumulés à la répétition à l’infini des même structures de gameplay, pourra faire tomber le jeu des mains des moins patients. Heureusement, la présence d’une option « Turbo », accessible d’un clic, permet de remédier en partie à ce problème en faisant passer ces temps morts à grande vitesse.
Typiquement nippon, le jeu l’est également dans son enrobage. L’histoire, bien que sérieuse et ayant ses passages dramatiques, baigne dans une sorte de légèreté et de naïveté typique des jeux du genre et le design très « anime » auquel se conjugue une dose de fan-service dont le Japon a le secret. Une direction artistique qui permet au passage de fermer les yeux plus facilement sur la technique générale du jeu qui a fait certes un bon en avant car n’étant pas développé à la base pour la PS Vita mais qui donne tout de même l’impression d’un jeu PS3 de fin de génération.
Petit mot enfin sur le système de combat. Véritable point fort de la série, celui-ci reste une nouvelle fois dans le haut du panier avec un système de tour par tout où la gestion des déplacements dans une air fermée revêt toujours une importance cruciale. Bien rythmés, plus stratégiques qu’il n’y parait grâce au système de lien entre les personnages, les affrontements n’ont certes fondamentalement pas changés même si certaines nouveautés permettent d’y apporter un peu de fraîcheur. Seule petite ombre au tableau, la nouvelle interface apparaît moins lisible que lors de deux premiers volets même si plus agréable à l’œil. Pas de quoi toutefois pénaliser le plaisir de se mettre sur la figure.