Il est toujours compliqué de se pencher sur un OVNI tel que Tokyo Tattoo Girls. Destiné à une niche de joueurs, ce genre de jeux a toujours tendance à cliver ceux mettant les mains dessus, certains accrochant totalement au concept, d’autres criant au jeu honteux. Évaluons le donc pour ce qu’il est, à savoir un titre destiné à une frange de joueurs un tant soit peu ouvert à ces jeux improbables venus du Japon. Souffrant de nombreuses tares, le jeu de Sushi Typhoon Games mérite-t-il cependant un peu de votre temps ?

Ce test de Tokyo Tattoo Girls a été réalisé sur une version fournie par l’éditeur.

Ne vous laissez pas avoir par le titre un peu trompeur et par les visuels mis en avant dans la communication de NIS America. Car sous ses apparences de dating-sim à tendance moe, il se cache bel et bien derrière Tokyo Tattoo Girls un (semblant de) jeu de stratégie. Plongé dans un Tokyo isolé du reste du monde où chacun des 23 arrondissements est contrôlé par autant de Kumi, vous allez devoir reprendre un à un le contrôle des quartiers de la capitale afin de pouvoir vous en évader. Voilà ce qu’il en est pour ce qu’on hésitera à qualifier de scénario tant celui-ci se révèle inexistant une fois votre partie lancée. N’espérez pas d’informations sur le background ou de développement scénaristique, tout cela n’est que prétexte au jeu pour dérouler son gameplay.

Tattoo à conquérir

Une fois sélectionné un des cinq personnages mis à votre disposition, chacun ayant des caractéristiques lui étant propres, votre tâche va simplement consister à accumuler le plus de soutiens possible au sein d’un territoire en recrutant des punks ainsi que les soutiens du maître des lieux. Un processus qui se fait de base automatiquement mais qui peut être boosté en échange de PM. Véritable pierre angulaire du jeu, ces derniers sont indispensables à toute action et servent également de monnaie d’échange contre les tatouages (on y revient plus bas).

Plus vos alliés sont en nombre sur un territoire et plus les forces locales voient rouges, et pas que de façon imagée, pouvant faire apparaître des états de crises. Au départ simple avertissement, il conviendra d’utiliser quelques un de ses précieux PM afin de réduire temporairement la tension dans le quartier sous peine de voir sa jauge de réputation diminuer. Une fois celle-ci à zéro, c’est le Game Over assuré et retour à la case départ. Un concept simple, certains diront simplistes, mais qui peut rapidement devenir compliqué à gérer si vous vous êtes mis en tête d’attaquer de front les 23 arrondissements en même temps. A vous donc de bien gérer votre stock et d’alterner entre augmentation du nombre de vos troupes, gestion de la tension et également de votre honneur.

Une fois délaissé par tous ses soutiens, le boss du quartier fait enfin son apparition pour un combat épique faisant appel à la stratégie et à la dextérité. Enfin, c’est ce que l’on espère lors de la première partie car l’affrontement se résume à un simple dialogue de quelques lignes où votre seule action consistera à choisir entre trois raisons pour expliquer votre invasion. Digne d’un jeu de David Cage, votre choix n’aura aucune incidence sur la finalité du duel, celui-ci étant déjà remporté d’avance. Maigre butin, quelques PM et un petit gain de réputation vous serons accordés en fonction de votre réponse. Chaque personnage ayant une personnalité basée sur le quartier de Tokyo qu’il représente, ceux connaissant un minimum la capitale japonaise pourront tomber plus ou moins juste même en passant outre les dialogues qui précèdent le choix. On a connu plus excitant. Un mini-jeu de hasard est également accessible de temps à autre histoire de gagner un peu de PM et d’apporter un peu de variété au gameplay. Mais son côté purement aléatoire et totalement facultatif ne motive pas vraiment à s’y aventurer outre mesure. Pris dans son ensemble, la partie « stratégie » du jeu reste paradoxalement agréable à jouer pour qui cherche un jeu facile à prendre en main et « pas prise de tête ». Le mérite revenant essentiellement à un rythme laissant peu de temps morts et à un enrobage visuel et sonore de qualité qui plaira aux japanophiles que nous sommes.

Vous l’aurez sûrement compris à la lecture de ces lignes, il n’est pas question de déplacements dans Tokyo Tattoo Girls et votre unique action durant l’heure que dure environ une partie consistera donc à cliquer sur une carte de Tokyo et des menus à l’ergonomie pas forcément optimale. Les fausses manipulations dans le feu de l’action sont légion et la fonction tactile de la Vita (optionnelle) a une fâcheuse tendance à viser à côté quand il faut par exemple cliquer sur les bonus de PM qui apparaissent aléatoirement. Dommage pour un jeu dont le concept est parfaitement calibré pour le jeu tactile.

Tattoo simplifié

Pourtant largement mis en avant dans la communication du jeu au point de figurer dans le titre même, le côté tatouage de Tokyo Tattoo Girls est paradoxalement relativement secondaire par rapport à ce que l’on aurait imaginé. En échange de quelques PM durement obtenus, vous pourrez agrémenter le dos de votre avatar de tatouages lui augmentant ses facultés. Facilité à recruter des soutiens ou encore moindre perte de points de réputation, il vous sera indispensable de faire un saut chez le tatoueur pour arriver à contrôler l’ensemble des quartiers de Tokyo, notamment dans les modes de difficultés les plus élevés. Attention toutefois à la gestion de portefeuille et aux parties du corps que vous allez choisir. N’augmentez pas votre faculté à envahir un quartier riche si vous êtes focalisé sur des quartiers populaires. De même, certains tatouages feront en contrepartie augmenter votre jauge de crise plus facilement. Des choix qui pourront s’avérer cruciaux en début de partie quand les PM manquent rapidement. Intéressant sur le papier, le concept aurait gagné à être développé pour gagner en profondeur et ne pas se limiter à une sorte de sphérier de compétences simplifié à l’extrême. Une fois la machine lancée et l’argent arrivant régulièrement, le tout se résumera à une augmentation de chaque partie du corps sans vraiment de stratégie.

Tokyo Tattoo Girls tatouage

Tattoo fini en une heure

Atteignant facilement l’heure de jeu, chaque partie se déroule donc à un rythme soutenu, surtout si vous décidez d’attaquer de front plusieurs arrondissements. Une option permet également d’accélérer ou d’arrêter le temps, idéal pour passer rapidement passages à vide ou réfléchir tête posée à sa stratégie. On ne s’ennuie donc pas vraiment, même si les nombreux temps de chargements – assez inexplicables quand on voit la technique du jeu – viennent casser le rythme à chaque changement d’écran. En fait, la lassitude apparaît après coup tant on fait vite fait le tour d’un gameplay manquant cruellement de profondeur. Le jeu se résume alors rapidement à une sorte de gymnastique où l’on répète plus ou moins la même stratégie à l’infini. Le manque de récompense n’incite pas non plus à prolonger l’aventure avec Tokyo Tattoo Girls, quand bien même on ne passe pas un moment désagréable en sa compagnie.